B comme

BAPTÊME Le baptême équivaut à une mort rituelle de l’homme ancien suivie d’une nouvelle naissance. Sur le plan cosmique, il équivaut au déluge : abolition des contours, fusion de toutes les formes, régression dans l’amorphe .

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

BABYLONE Babylone était une Bâb-ilâni, une « porte des dieux », car c’est là que les dieux descendaient sur terre […]

Babylone avait une foule de noms, parmi lesquels « Maison de la Base du Ciel et de la Terre », « Lien entre le Ciel et la Terre ». Mais c’est toujours dans Babylone que se faisait la liaison entre la Terre et les régions inférieures, car la ville avait été bâtie sur bâb-apsî, la « Porte d’apsû » ; apsû désignant les eaux du Chaos d’avant la Création .

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

BAVARDAGE Le bavardage est la chaire sur laquelle la vaine gloire aime à se faire voir avec ostentation. C’est la marque de l’ignorance, la porte de la médisance, l’introducteur de la bouffonnerie, le serviteur du mensonge, la ruine de la componction, l’artisan et l’huissier de l’acédie, le précurseur du sommeil ; la dissipation du recueillement, l’anéantissement de la vigilance, le refroidissement de la ferveur et l’obscurcissement de la prière.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

BÉATITUDE Pour atteindre la béatitude dans la vie, Dieu doit prendre possession de notre esprit jusqu’à ce que celui-ci disparaisse comme tel et que Dieu seul subsiste.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

BÉATITUDES Les recettes d’art de vivre que l’on nous fourre dans la tête ici ou là sont cruellement décevantes et les refoulés du bonheur sont légion. Les grandes villes deviennent des réservoirs d’agressivité. Jamais l’homme n’a eu autant besoin du message des Béatitudes ; là réside le secret de la « qualité de la vie ».

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

BEAU L’éclair qui déchire l’obscurité de la nuit un soir d’orage est le symbole le plus net de cette conception plotinienne de la beauté : lumière, force, soudaineté de la manifestation, tels sont les traits de ce qui nous émeut dans la rencontre du beau […] Un homme beau n’est pas un homme au corps bien fait, athlétique, mais une personne humaine qui manifeste le mieux possible, par sa vertu et son intelligence, l’essence de l’homme, c’est-à-dire précisément la capacité à faire le bien et à penser l’intelligible : Socrate est beau en ce sens.

Jérôme Laurent (Présentation du Traité I,6 de Plotin)

BEAUTÉ Gens d’Orphalèse, la beauté est la vie quand la vie dévoile son visage saint. Mais vous êtes la vie et vous êtes le voile. La beauté est l’éternité se contemplant dans un miroir. Mais vous êtes l’éternité et le miroir.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

BÉBÉ Le bébé apporte une nouvelle façon d'expérimenter l'Être.

Karlfried Graf Dürckheim (« L’Esprit Guide »)

BÉNÉDICTION A l’extérieur, l’enfant n’a souvent aucune chance, pris dans un climat de malheur, de querelle, de brutalité, de chaos émotionnel. Mais l’ange qui l’accompagne crée une saine distance qui évite à l’enfant de recevoir tous les coups ; il le libère d’une implication trop étroite dans la réalité extérieure en le mettant en contact avec sa réalité intérieure, à laquelle le malheur n’a pas accès. Quand le réel extérieur est trop cruel, l’ange conduit l’enfant dans cet espace en lui où il reçoit la bénédiction, où il est vraiment lui-même, où nul ne peut le blesser. C’est ainsi que nous pouvons comprendre comment les enfants survivent souvent sans dommage à des expériences très cruelles.

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »

BÉNÉDICTION/MALÉDICTION

Pourquoi l’histoire de la création commence-t-elle par la lettre beth, non par un aleph, première lettre de l’alphabet ? Parce que beth est l’initiale de berakha (bénédiction) et aleph l’initiale d’arira (malédiction). Le Saint Unique (béni soit-il !) a dit : Je ne veux créer mon univers que par beth, pour que ceux qui viendront au monde ne disent pas : Comment le monde peut-il subsister, alors qu’il fut créé avec une lettre de mauvais présage ? Oui, je veux le créer avec une lettre de bon augure ; peut-être ainsi subsistera-t-il.

A. Cohen (« Le Talmud »)

BERGER Il n’y a pas en ce monde de métier plus méprisé que celui du berger, qui passe sa vie à circuler avec son bâton et sa besace, et cependant David appelle berger le Saint Unique (béni soit-il !).

Le Talmud

BESOINS Les vrais besoins varient selon les vocations et les professions, mais l'essentiel se trouve dans l’indépendance de l'esprit à l'égard de tout avoir, dans la capacité de les aimer comme don de Dieu.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l’Esprit »)

BESOINS Et avant de quitter le marché, regardez si personne n’est parti les mains vides. Car l’esprit maître de la terre ne dormira pas en paix sur le vent jusqu’à ce que les besoins du moindre d’entre vous ne soient satisfaits.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

BÊTISE HUMAINE Un des témoignages les plus accablants demeure le récit qu’écrivit, à l’âge de quinze ans, Valérie Valère sous le titre Le Pavillon des enfants fous. Très intelligente et extrêmement lucide, la jeune fille raconte les quatre mois d’internement forcé qu’elle dut subir, à treize ans, dans un hôpital pour cause d’anorexie mentale. Le récit est atroce parce qu’il déploie les divers sévices qu’une adolescente a encaissés, pour son bien évidemment, pour guérir ; mais en contrepoint on peut entendre, si on ne s’est pas totalement cuirassé, le chant de l’âme prisonnière qui bataille, qui résiste, qui en dépit de tout cherche à se libérer des ténèbres. On peur penser au prologue de l’Evangile de saint Jean : l’histoire douloureuse de la lumière aux prises avec l’ignorance et la bêtise humaine.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

BIBLE Je pense toujours que la Bible est une somme de richesses, une bibliothèque en soi, mais aussi un livre terrible où les intégristes et toutes les espèces d’illuminés peuvent trouver un miel qu’il changent en fiel.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)

BIBLE Même la Bible avec ses variantes et l'impossibilité d'avoir le texte original prouve le principe théandrique , divino-humain, de la Bible elle-même : l'infaillibilité du divin et le relatif de l'humain, les deux sont unis sans confusion mais aussi sans séparation.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l’Esprit »)

BIBLE La Bible dans sa totalité est une immense philosophie divine de la vie et une théologie de l’histoire, elle présuppose sa propre métaphysique largement ouverte sur la totalité, sur la dialectique des peuples, des cultures et des éons.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

BIBLE La Bible n'est pas un livre à lire, c'est une alliance scellée dans le sang du sacrifice.

Rachel Goettmann (« Le Chemin » n° 42)

BIBLE Comme l’amour, la Bible est pleine de sens. Plus qu’un livre, celle-ci est une manifestation de l’essence de la vie comme parole. Si bien que lire la Bible afin d’en comprendre le sens est un acte d’amour à l’égard de la vie qui est langage.

B. Vergely (« Les Philosophes du Moyen-Âge et de la Renaissance »)

BIEN Vous désirez le bien de ce monde, et Dieu veut vous donner ceux de l’autre.

Le Coran (Sourate VIII, v. 68)

BIEN

Tout art et toute investigation, et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque bien, à ce qu'il me semble. Aussi a-t-on déclaré avec raison que le Bien est ce à quoi toutes choses tendent.

Aristote, " Ethique à Nicomaque " 1094 a 1-3.

BIEN/MAL C’est le propre de Dieu de rendre le bien pour le mal.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

BIEN [DE L’ÂME] De même que le soleil éclaire en même temps les cèdres et chaque petite fleur comme si elle était seule sur la terre, de même Notre-Seigneur s’occupe aussi particulièrement de chaque âme que si elle n’avait pas de semblables ; et comme dans la nature toutes les saisons sont arrangées de manière à faire éclore au jour marqué la plus humble pâquerette, de même tout correspond au bien de chaque âme.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

BLASPHÈME Devant des pensées de blasphèmes, que nul ne pense qu’il en est la cause, car le Seigneur connaît le secret des cœurs, et il sait que ces paroles et ces idées ne viennent pas de nous, mais de nos ennemis.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

BLASPHÈME Le blasphème luciférien, c’est d’oser dire : « Je ne suis pas Dieu, je suis autre que Dieu, il y a Dieu et moi. » Monstrueuse affirmation d’indépendance et d’autonomie, prétention à posséder l’être en soi-même.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

BLESSER Dieu nous blesse car il veut faire de nous des pauvres.

Père Philippe Maillard (« Panorama » n° 376)

BODHISATTVA La décadence progressive de l’homme est marquée dans la tradition bouddhiste par une diminution continue de la durée de la vie humaine. Ainsi, d’après Dîghanikâya II, 2-7, à l’époque du premier Bouddha, Vipassi, qui fit son apparition il y a 91 kappa , la durée de la vie humaine était de 80 000 ans ; à celle du second Bouddha, Sikhi (il y a 31 kappa), de 70 000 ans, et ainsi de suite. Le septième Bouddha, Gautama , fait son apparition lorsque la vie humaine n’est plus que de 100 ans, c’est-à-dire est réduite à sa limite extrême […] Pourtant, pour le bouddhisme, comme pour la spéculation indienne tout entière, le temps est illimité ; et le Bodhisattva s’incarnera afin d’annoncer la bonne nouvelle du salut à tous les êtres, in aeternum. La seule possibilité de sortir du temps, de briser le cercle de fer des existences, est l’abolition de la condition humaine et la conquête du Nirvâna.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

BON/MÉCHANT Là où nous voyons des êtres méchants ou bons, cruels ou généreux, le Sage, lui, ne voit que des « formes » cherchant à s’exprimer et à se libérer.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

BONHEUR La condition humaine, de quelque côté qu’on la prît, n’avait donc, par elle-même, rien d’exaltant et qui débouchât tout droit sur ce que tous les hommes n’ont, en somme, jamais cessé de rechercher : le Bonheur – non les petits bonheurs dont la vie n’est jamais trop avare, mais LE Bonheur, avec quelque plénitude. Et le système religieux ne facilitait pas les choses. Chacun se trouvait donc réduit à tenter, à sa mesure, de trouver le sien à son propre niveau, dans les petites ou grosses joies immédiates que lui pouvait fournir sa vie même. C’est ce que nous appelons l’hédonisme. Et c’est bien l’hédonisme que prônait à Gilgameš la mystérieuse Tavernière , après lui avoir rappelé combien n’était que chimère sa poursuite acharnée d’une inaccessible vie sans fin […]

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

BONHEUR […] la félicité authentique dépend de la mise en pratique des qualités spirituelles que sont l’amour et la compassion, la patience, la tolérance, le pardon, l’humilité, etc., car ce sont elles qui font notre bonheur aussi bien que celui des autres.

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama (« Sagesse ancienne, monde moderne »)

BONTÉ L'expérience de l'Être est celle d'une dimension où l'existence spatio-temporelle et ses épreuves sont dominées et dépassées. L'homme se perçoit en son Être essentiel et, par là même, dans une force surnaturelle et une puissance jamais imaginées, dans la clarté d'une sagesse qui place sur un autre plan le problème du sens et du non-sens du monde, dans une bonté enfin où n'intervient plus aucune condition de sympathie ou d'antipathie, de bon ou de mauvais.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Homme et sa Double Origine »)

BONTÉ […] lorsque nos intentions sont égoïstes, le fait que nos actes puissent paraître bons ne garantit pas qu’ils soient positifs ou éthiques. Au contraire, si notre intention est de tromper, par exemple, la bonté apparente perd tout sens en entrant dans le cadre d’une mauvaise action. Même si la force n’intervient pas, il s’agit alors d’un acte de violence, et cela non seulement dans la mesure où il est nuisible en dernière analyse, mais aussi parce qu’il blesse la confiance, l’attente légitime de la vérité.

Tenzin Gyatso (XIVe dalaï-lama), « Sagesse ancienne, monde moderne »

BONTÉ La bonté grandiose de la déité, sans origine ni terme, vient au secours des croyants. Le manteau et la barbe effleurent le crâne du premier visage : dans l’ensemble du plan de la prescience divine, le sommet de l’amour suprême voulut que le Fils de Dieu, en son humanité, ramenât l’homme perdu chez lui, au Royaume des cieux.

Hildegarde de Bingen (« Le Livre des Œuvres Divines »)

BONTÉ DE DIEU De même que le corps est vêtu de tissu, et la chair de peau, et l'os de chair, et le cœur d'une poitrine, nous sommes, nous, corps et âme, vêtus de la bonté de Dieu et enclos en elle. Oui, et plus intimement encore. Car tout se désagrège et se dissout. La bonté de Dieu, elle, demeure toujours intacte et plus proche de nous, au-delà de toute comparaison.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

BOUC ÉMISSAIRE […] la cérémonie d’expulsion des démons, maladies et péchés se laisse ramener aux éléments suivants : jeûne, ablutions et purifications ; extinction du feu et sa ranimation rituelle dans une seconde partie du cérémonial ; expulsion des « démons » au moyen de bruits, de cris, de coups (à l’intérieur des habitations) suivie de leur poursuite à grand renfort de vacarme à travers le village ; cette expulsion peut se pratiquer sous la forme du renvoi rituel d’un animal (type « bouc émissaire ») ou d’un homme (type Mamurius Veturius) considérés comme le véhicule matériel grâce auquel les tares de la communauté tout entière sont transportées au-delà des limites du territoire habité (le « bouc émissaire » était chassé « dans le désert » par les Hébreux et les Babyloniens).

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

BOUDDHA Vers 538 av. J.-C., un jeune prince nommé Siddharta Gautama quitta lui aussi sa belle épouse, son fils, son luxueux palais de Kapilavastu, au nord de Bénarès, et devint un ascète mendiant. Il avait été bouleversé par le spectacle de la misère humaine et voulait trouver le moyen de mettre fin à toute la souffrance qui l’entourait. Pendant six ans, il écouta l’enseignement de divers gourous et se soumit à de dures pénitences, sans succès. Les doctrines des sages ne le touchaient guère, et ses mortifications ne le menaient qu’au désespoir. Ce n’est qu’après avoir complètement tourné le dos à ces méthodes qu’un jour, s’étant assis pour méditer sous un figuier, il reçut l’illumination. La légende nous dit que tout le cosmos s’en réjouit, la terre trembla, des fleurs tombèrent du ciel, des brises odorantes se mirent à souffler et les dieux dans leurs divers paradis furent remplis d’allégresse […] Le jeune prince venait d’entrevoir l’espoir de se libérer de la souffrance et d’atteindre le nirvana, état de félicité suprême. Gautama était devenu le Bouddha, « l’illuminé ».

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)

BOUDDHISME Le dalaï-lama met en garde les Occidentaux qui voudraient se convertir à la pratique ou à l’étude du bouddhisme car il leur faudrait consacrer pour commencer dix à quinze ans de leur vie à lire et étudier les écritures sacrées tibétaines – la plupart ne sont pas traduites… Il faut donc apprendre le sanskrit, le tibétain s’écrivant avec les caractères sanskrits, et passer dix à quinze ans dans des grimoires inintelligibles.

Ma doctrine, encore une fois, c’est la montagne unique que nous gravissons par des sentiers différents. Il vaut mieux ne pas trop lorgner vers le sentier du voisin.

Théodore Monod (« Révérence à la vie »)

BRAHMAN Brahman, c’est la nudité absolue.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

BREBIS As-tu perdu la mémoire au point de ne plus te souvenir du mystère du Seigneur ? Lui, il en a laissé dans les cieux quatre-vingt-dix-neuf, et pour une seule petite brebis qui était égarée, il est descendu sur la terre, il l'a trouvée, mise sur ses épaules et l'a remportée dans les cieux.

Origène (Homélie VII sur Josué)

BUISSON ARDENT

[Dieu] est [...] le noyau incandescent de tout ce qui est, buisson ardent partout présent, créateur au cœur de la créature, dans une extrême immanence, présent jusqu'au tissu de l'histoire dont il est le Mystère agissant, et qui dévoile son Nom au fur et à mesure où l'homme entre en dialogue avec Lui, dans un futur continuel.

Alphonse Goettmann (« Le Chemin » n° 50)

BUT [DE LA VIE] La réalisation de Dieu n’est pas un fétiche ; elle n’est pas l’asservissement à un culte ou à une doctrine, elle n’est pas le sous-produit d’une secte, d’une croyance, d’une Église ou d’une société. La réalisation de Dieu est la libération totale du principe divin inné dans chaque être, pour que la vie puisse être universalisée et amenée à comprendre et à sentir son identité avec la Vérité qui est connaissance, puissance et joie infinies – but et objet de toute vie.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)