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MACROCOSME, MICROCOSME

En vertu de la correspondance existant entre le macrocosme et le microcosme, l'homme ne saurait exercer d'action réellement bénéfique dans le monde sans se mettre lui-même en accord avec la source divine de tout bien et en accepter l'inspiration.

Roger Du Pasquier (« Découverte de l'Islam »)

MAHOMET Une lumière divine s’élève des déserts de sable de l’Arabie – la lumière même de Dieu. Aux temps où l’Arabie était en proie aux guerres intestines, alors que les peuples étaient plongés dans la superstition, et que les lamentations des pauvres et des abandonnés remplissent l’air, parut le grand prophète Mahomet.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

MAÏEUTIQUE La maïeutique par laquelle le maître "travaille" le disciple touche les couches les plus profondes de l'être.

Eric Geoffroy (« L'Instant Soufi »)
MAL Dieu n’aime point qu’on divulgue le mal, à moins qu’on ne soit victime de l’oppression. Dieu entend et sait tout.

Le Coran (Sourate IV, v. 147)

MAL Le mal n'est pas une réalité ayant sa propre essence, mais une résistance de la créature libre à l'Être principiel, à Dieu.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)

MAL Le mal n'existe pas dans la nature et personne n'est mauvais par nature. Car Dieu n'a rien créé de mauvais. Mais quand, par le désir du cœur, on donne forme à ce qui n'existe pas en réalité, alors le mal commence à exister comme le veut celui qui le fait.

Diadoque de Photicé (« La Perfection Spirituelle »)

MAL MÉTAPHYSIQUE

Si donc ce qu’on persiste à appeler « anorexie mentale » n’est pas une maladie psychosomatique mais révèle un mal métaphysique aigu, une approche spirituelle conviendra, qui s’occupe de nourrir et de développer cette part essentielle, ce trésor caché qu’est l’âme et que nos contemporains réduisent à la famine.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

MALADIES MENTALES

[…] comme dans bien des pays, et de tout temps, on ne pouvait s’empêcher de redouter les morts, et on leur imputait des méfaits bien attristants, douloureux ou désespérants – soit dit par parenthèse, en Mésopotamie, on attribuait plus volontiers à leur intervention un certain nombre de « maladies mentales ». Contre eux, contre toutes les créatures maléfiques […] on s’était donc traditionnellement gendarmé, en demandant rituellement aux dieux, par des « exorcismes » appropriés, de les repousser, aussi bien que les autres « forces mauvaises », censées apporter la punition des « péchés ».

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

MALADIES PSYCHIQUES

Les psychiatres les plus pénétrants saisissent derrière les maladies psychiques le désordre spirituel, l’absence de l’échelle des valeurs, l’incapacité de discerner et de faire le choix décisif.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MÂLE/FEMELLE Le mâle cherche la femelle extérieure parce qu’il ne la trouve pas en lui. Mais la potentialité de la femelle est en chaque homme, la potentialité du mâle en chaque femme.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

MALENTENDU Le problème du malentendu, dont le degré de gravité est évidemment variable, survient d’ordinaire à cause de notre tendance à isoler certains aspects d’un événement ou d’une expérience et à les percevoir comme s’ils constituaient sa totalité. Il en résulte une perspective tronquée et, partant, de fausses attentes. Mais quand nous considérons la réalité telle qu’elle est, nous prenons vite conscience de sa complexité infinie. Aussi la perception que nous en avons d’ordinaire est-elle souvent insuffisante. S’il n’en allait pas ainsi, nous ne nous tromperions jamais. Si les choses et les événements se déroulaient selon notre attente, l’idée même d’illusion ou de malentendu nous serait étrangère.

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama (« Sagesse ancienne, monde moderne »)

MAMAN Je ne pourrais dire les larmes que je versai sur la tombe de maman, parce que j’avais oublié d’apporter un bouquet de bluets cueillis pour elle.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MANNE C’est une distinction entre ce qui pèse, attache, sédentarise et ce qui ouvre, libère, fait avancer. Si le peuple conduit par Moïse sort de l’exil (l’Égypte, le monde d’ici-bas) pour partir en exode (la traversée du désert, les épreuves de l’existence, la quête de la Terre promise), il doit nécessairement se détourner des nourritures matérielles pour aller vers d’autres sources de vie. La manne, qui ne pousse pas sur terre mais descend d’en haut, représente un aliment essentiel, non plus existentiel : elle nourrit l’homme intérieur […] La manne est aussi manifestation de la miséricorde divine, de la grâce : à qui tente l’aventure intérieure, en dépit de l’aridité inévitable et des difficultés de l’ascèse, la manne, la grâce ne sauraient faire défaut. Et chacun reçoit selon sa soif […] Aujourd’hui, plus de trois mille deux cents ans après l’aventure de Moïse dans le désert que relate l’Exode, les pays riches d’Occident se préoccupent d’alimentation « bio », parlent de transparence et de traçabilité, instaurent des labels de qualité et s’emportent contre la « malbouffe », mais ils ne lèvent que rarement les yeux vers le ciel, oublieux de la manne.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

MARDUK Peu avant 1100 [av. J.-C.], au moment où, mettant un terme à une longue période d’engourdissement et d’insignifiance politique, Babylone a retrouvé tout à coup, pour un temps, l’indépendance et la gloire, le clergé de cette capitale, dont le grandiose et fameux sanctuaire de Marduk, l’Esagil (du sumérien é-sag-íl « le Temple au sublime fronton ») était en quelque sorte devenu le haut lieu du pays entier, s’est décidé, devant la houle montante de la dévotion à son dieu, à promouvoir ce dernier « Souverain des dieux et du Monde », et successeur d’Enlil, comme celui-ci, dans la nuit des temps, devait avoir remplacé An(u) – à l’image de la séquence successorale des souverains d’ici-bas.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

MARIE Le vide, la solitude intérieure et la paix sans lesquels nous ne pouvons être remplis de Dieu ont été donnés à Marie afin qu’elle pût accueillir Dieu en ce monde et Lui offrir l’hospitalité d’un être parfaitement pur, silencieux, en repos, en paix, et totalement humble […] La gloire de Marie est purement et simplement la gloire de Dieu en elle et, comme tous les hommes, elle peut dire qu’elle n’a rien que Dieu ne lui ait donné par l’intermédiaire du Christ.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

MARTYR Nous avons tendance à considérer les martyrs comme des hommes différents de nous, des hommes d’un autre âge, élevés dans une autre atmosphère, plus forts et plus grands que nous. Mais il advient parfois qu’il nous faut affronter les mêmes épreuves, confesser le Christ et mourir pour lui. Dieu nous choisit, nous qui ne sommes pas des héros, pour partager le sort de Ses grands guerriers. Et un coup d’œil sur notre âme nous apprend qu’il ne s’y trouve rien qui appelle les combats des grands saints. Nous n’avons rien de puissant. Nous sommes pitoyables, et s’il nous faut mourir, nous mourrons pitoyablement. Nous n’avons aucune grandeur. Nous sommes nuls. Peut-être cependant sommes-nous déjà marqués pour le sacrifice – un sacrifice qui semblera peut-être, aux yeux du monde, terne, piteux et veule – et qui sera cependant notre plus grande gloire. Peut-être n’y en a-t-il pas de plus grande que d’être rendu insignifiant par un pouvoir temporel injuste et stupide, pour que Dieu triomphe du mal au moyen de notre impuissance.

Thomas Merton (« La Nuit Privée d’Étoiles »)

MARTYR Le martyr, en réalité, est le témoin le plus vrai de la vérité de l’existence. Il sait qu’il a trouvé dans la rencontre avec Jésus-Christ la vérité sur sa vie, et rien ni personne ne pourra jamais lui arracher cette certitude. Ni la souffrance ni la mort violente ne pourront le faire revenir sur l’adhésion à la vérité qu’il a découverte dans la
rencontre avec le Christ.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)

MARTYRE Je ne cours pas après le martyre… Mais je l’aurai mérité s’il se présente à moi comme l’ultime conséquence du témoignage qu’il faut parfois apporter pour défendre sa foi.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)

MARX, MARXISME C'est une idée du marxisme et du socialisme de penser que la foule a plus d'intelligence qu'une personne mûre. Mais si tous les marxistes avaient l'intelligence de Marx, le monde serait différent.

Karlfried Graf Dürckheim (« L’Esprit Guide »)

MATÉRIALISME Le matérialisme - en Orient comme en Occident - est désormais tellement caricatural qu'il nous est plus facile de pratiquer le détachement.

Eric Geoffroy (« L’Instant Soufi »)

MATÉRIALISME Le problème n’est pas le matérialisme en tant que tel, C’est plutôt l’hypothèse sous-jacente selon laquelle un parfait contentement pourrait naître de l’assouvissement des seuls sens.

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama (« Sagesse ancienne, monde moderne »)

MATÉRIALISTE (SOCIÉTÉ)

La société démocratique est en effet par son fonctionnement même matérialiste : elle est tout entière tournée vers la recherche du bien-être matériel de l’individu. Cette société se caractérise donc par la reproduction infinie du désir d’objets nouveaux et l’accumulation sans fin de petites satisfactions. Or cette reproduction et cette accumulation indéfinies ne sont pas susceptibles de donner un sens à leur propre dynamique, ni une finalité à l’homme démocratique. C’est pourquoi, celui-ci est un homme mélancolique qui ne peut trouver de sens à sa propre existence au milieu des biens (ou à plus forte raison de l’absence de biens) qui l’entourent et qu’il s’est épuisé à rechercher de manière parfois effrénée. On peut ainsi comprendre que le besoin de spiritualité et de religion, non seulement n’est pas contraire à la société démocratique, mais est au contraire engendré par elle, selon la modalité particulière que nous venons de voir. Le besoin de religion est ainsi lié à une recherche et de justification et de signification dans le cadre d’un système social et économique qui n’en a pas.

Yves Charles Zarka (« La démocratie et le besoin indifférencié de religion ») in Cités n°12/2002 (éditorial)

MATHÉMATIQUES On peut dire que, chez Platon, les mathématiques représentent dans le monde sensible la trace de l’intelligible. Pourquoi ? D’une part, parce que les mathématiques permettent de décrire ce qui ne change pas dans le devenir qui ne cesse de changer. Elles font apparaître la symétrie (conservation d’un rapport déterminé) comme une forme d’immuabilité au sein des choses sensibles. De plus, alors même qu’elles manifestent leur présence dans le sensible, les réalités mathématiques ne sont pas perçues par les sens, mais par l’intellect.

Luc Brisson et Jean-François Pradeau (« Le Vocabulaire de Platon »)

MATHÉMATIQUES

Et l’étude des mathématiques ne nous enseigne-t-elle pas que les vérités idéales qu’on y trouve subsistent malgré le temps qui passe, signe d’une vie de l’esprit malgré la corruption des choses ?

Bertrand Vergely (« Les Philosophes du Moyen-Âge et de la Renaissance »)

MATIÈRE/ESPRIT Un homme soumis à la modernité et au béton est démuni dans un tel monde, s’il ne se régénère pas aux deux niveaux essentiels qui le structurent verticalement et horizontalement : la Terre et le ciel. Le citadin n’est plus le fils de ces deux éléments nourriciers. Cette éternelle division entre Matière et Esprit doit cesser, comme cette idée trop répandue que le scientifique est le premier adepte de cette césure. La Matière est animée par l’Esprit.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)

MATURITÉ La vieillesse n'atteint pas l'homme intérieur, la maturité coïncide avec un achèvement et non avec une décrépitude.

Marie-Magdeleine Davy (« Initiation à la Symbolique Romane »)

MATURITÉ Accepter l'inacceptable, cela représente un état élevé de la maturité.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Esprit Guide »)

MATURITÉ/DÉCLIN […] à travers notre enfance, notre adolescence, notre maturité et notre déclin, nous demeurons vraiment le même homme, simplement enrichi, ou diminué…

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

MATURITÉ SPIRITUELLE Car la maturité spirituelle a peu à voir avec l’âge civil.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

MÉCHANCETÉ Mais attention, citoyens, il est moins difficile d’échapper à la mort qu’à la méchanceté. La méchanceté, en effet, court plus vite que la mort. Aussi maintenant, lent et vieux comme je suis, ai-je été rattrapé par le plus lent des deux maux, tandis que mes accusateurs, qui sont vigoureux et agiles, l’ont été par le plus rapide, la méchanceté. Ainsi, tout à l’heure, allons-nous nous séparer, moi qui serai condamné à mort par vous, et eux qui auront été reconnus par la vérité coupables de méchanceté et d’injustice. Je m’en tiens à la peine qui a été fixée pour moi, et eux doivent s’en tenir à celle qui a été fixée pour eux. Sans doute fallait-il qu’il en fût ainsi, et j’estime que les choses sont ce qu’elles doivent être.

Socrate (« Apologie de Socrate », Platon)

MÉDISANCE Si quelqu’un veut vaincre l’esprit de médisance, qu’il n’incrimine pas celui qui a commis la faute, mais le démon qui l’a suggérée. Personne, en effet, ne veut pécher contre Dieu, même si c’est sans y être contraints que tous nous péchons.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

MÉDITATION La méditation secrète est un miroir pour l'âme et une lumière pour la conscience ; elle détruit la convoitise, calme l'emportement, dissipe la colère, chasse l'amertume, fait fuir l'irritabilité et bannit l'injustice [...]. C'est d'elle que naît la tendresse qui réchauffe et adoucit l'âme. C'est par elle que la crainte de Dieu pénètre en nous et y demeure, nous touchant jusqu'aux larmes. C'est par la méditation secrète que le moine reçoit la véritable humilité d'esprit, une prière sans trouble, une veille pleine de tendresse et de chaleur.

Abba Isaïe (cité dans « L’Art de la Prière », higoumène Chariton)

MÉDITATION Si la méditation est l’effort pour prendre conscience de ce qui, en nous, ne change pas, c’est aussi l’effort pour prendre conscience de ce qui, en nous, peut subsister après la mort du corps physique, peut être « immortel ».

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

MENDIANT Je suis un pauvre mendiant. Pour tous biens terrestres, j’ai six rouets, quelques écuelles de prisonnier, un pot à lait de chèvre, six pagnes et des serviettes tissées à l’ashram, et enfin ma réputation qui ne saurait valoir grand-chose.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)

MÊNÔK/GÊTÎK Dans la cosmologie iranienne de tradition zervanite, « chaque phénomène terrestre, soit abstrait, soit concret, correspond à un terme céleste, transcendant, invisible, à une « idée » au sens platonicien. Chaque chose, chaque notion se présente sous un double aspect : celui de mênôk et celui de gêtik. Il y a un ciel visible : il y a donc aussi un ciel mênôk qui est invisible […] Notre terre correspond à une terre céleste. Chaque vertu pratiquée ici-bas, dans le gêtâh, possède une contrepartie céleste qui représente la vraie réalité… L’année, la prière,… enfin tout ce qui se manifeste dans le gêtâh, est en même temps mênôk. La création est simplement dédoublée. Au point de vue cosmogonique , le stade cosmique qualifié de mênôk est antérieur au stade gêtîk ».

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

MENTAL Le mental manifeste la situation affective de l’enfant conservée à l’âge mûr.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

MERCANTILISME Pourquoi Jésus jeta-t-il dehors ceux qui là achetaient et vendaient, et commanda-t-il à ceux qui là avaient des tourterelles de les enlever ? Il ne visait rien d’autre que le fait qu’il veuille avoir le temple vide, tout comme s’il disait : « J’ai un droit sur ce temple et veux y être seul et avoir seigneurie sur lui. » Qu’est-ce qui est dit par là ? Ce temple où Dieu veut régner puissamment selon sa volonté, c’est l’âme de l’homme, qu’il a formée et créée si exactement égale à lui-même, comme nous disons que Notre Seigneur dit : « Faisons l’homme selon notre image et à notre ressemblance » [Gn 1/26] […] Qui étaient les gens qui là achetaient et vendaient, et qui sont-ils encore ? […] Voyez, ce sont tous des marchands ceux qui se préservent de péchés grossiers et seraient volontiers des gens de bien et font leurs bonnes œuvres pour honorer Dieu, comme de jeûner, veiller, prier, et quoi que ce soit, toutes sortes d’œuvres bonnes, et ils les font cependant pour que Notre Seigneur leur donne quelque chose en retour, ou pour que Dieu leur fasse en retour quelque chose qui leur soit agréable : ce sont tous des marchands […] Voyez, l’homme qui ne vise ni soi ni rien que seulement Dieu et l’honneur de Dieu, il est véritablement libre et dépris de tout mercantilisme dans toutes ses œuvres et ne cherche pas ce qui est sien, tout comme Dieu est dépris dans toutes ses œuvres et libre et ne recherche pas ce qui est sien.

Maître Eckhart (Sermon I en allemand )

MERCENAIRE (AMOUR)

Et elle [l’âme] ne cherche aucune rémunération ni de moi, ni des créatures, parce qu’elle est dépouillée de l’amour mercenaire, c’est-à-dire de m’aimer par rapport à elle, et elle est vêtue de la lumière parfaite, m’aimant uniquement et sans aucun intérêt autre que la gloire de mon nom, ne me servant pas pour son propre plaisir, ni le prochain pour sa propre utilité, mais seulement par amour.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

MÉRITE Tout le bien en effet qu’œuvre l’homme ne procède pas de son mérite, mais du don de la grâce divine.

Hildegarde de Bingen (« Le Livre des Œuvres Divines »)

MÉRITES […] cependant je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande Sainte, car je ne compte pas sur mes mérites n’en ayant aucun, mais j’espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté Même.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MÉRITE Dans son amour, Dieu nous aime gratuitement, sans aucun mérite ; et par cela son amour est déjà un don qui inspire la liberté de notre propre réponse.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MÉRITE Dans la perspective vraiment chrétienne de l’amour de Dieu, l’idée de mérite perd sa signification. La révélation de ce qu’est la miséricorde divine rend toute cette question de mérite presque risible ; et la compréhension que le mérite n’a pas de conséquence spéciale (puisque personne, par lui-même, ne peut être digne d’être aimé d’un tel amour) libère totalement l’esprit.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

MÉRITER Mais à celui qui demande, le Seigneur donne tout, non parce que nous le méritons, mais parce qu’Il est miséricordieux et nous aime.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

MERVEILLES Il y a tant d’horizons divers, tant de nuances variées à l’infini, que la palette du Peintre Céleste pourra seule, après la nuit de cette vie, me fournir les couleurs capables de peindre les merveilles qu’il découvre à l’œil de mon âme.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MÉSOPOTAMIE A parler en géologue, la Mésopotamie, dont le territoire recouvrait à peu près celui de l’Iraq de nos jours, n’est pas vraiment un vieux pays.Elle n’a commencé d’émerger au soleil que peu de millénaires après la fin des dernières glaciations européennes, il doit y avoir quelque douze mille ans. En réduisant drastiquement partout le niveau de l’humidité de l’air et des précipitations, ce phénomène, répercuté dans le Proche-Orient, a lentement découvert, entre la formidable barrière du Caucase, au nord ; les glacis du Plateau iranien, à l’est ; au sud, le Golfe Persique, et, à l’ouest, les renflements de l’infranchissable Désert syro-arabe, l’ample coulée de terre limoneuse qui avait seulement formé, jusque-là, l’énorme lit d’un fleuve unique, ultérieurement réduit à ses deux résidus historiques, bien plus fluets : le Tigre et l’Euphrate.

La Mésopotamie s’est érigé une haute civilisation originale, et une religion bien à elle : c’est cela même, en ses grands paramètres et sa structure, qu’il faut tenter, autant qu’il est en nous, de retrouver et de comprendre à travers ce qu’il nous en reste, intelligemment exploité, c’est-à-dire en essayant de réduire au mieux, par la sympathie et une certaine affinité, l’infranchissable distance qui nous sépare de ces très vieux membres défunts de notre famille.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

MESSE

La messe est le rassemblement des « sauveurs » fatigués. Ne comprenant pas l’immensité des dégâts dont nos frères sont déjà victimes, nous ne songeons pas à puiser dans le cœur du Christ le surcroît d’amour indispensable pour leur proposer notre appui, ou même seulement… pour ne pas ajouter à leur malheur.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

MESSIANITÉ Le témoignage des Pères est unanime sur la signification du nom appellatif du Christ : il signifie celui qui est consacré par une onction en vue du triple office royal, sacerdotal et prophétique. A la différence de l’économie de l’Ancien Testament où les trois fonctions étaient toujours divisées, le cumul de ces trois charges en un seul Fils de David s’érige en indubitable critère de sa messianité.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MESSIE (AVÈNEMENT DU)

Qu’il s’agisse de la Shoah, de la création de l’État d’Israël, des victoires de Tsahal et de l’arrivée massive d’émigrants, tout n’est que signes aux yeux du jeune rabbin Kook –signes de l’avènement imminent du Messie dont l’évidente proximité a fini par s’imposer à tous ses disciples et à leurs émules du mouvement de jeunesse Bnei Akiva. La preuve ultime en fut la guerre de 1967 et son cortège d’événements « miraculeux » que sont la prise de l’Esplanade du Temple, la réunification de Jérusalem, la conquête de la « ville des Patriarches » Hebron et le rétablissement d’Israël dans ses frontières historiques, de la vallée du Jourdain à la Méditerranée et des monts du Liban à la mer Rouge et au désert du Sinaï.

Michel Abitbol (« Démocratie et religion en Israël »), in Cités n° 12/2002

MESSIE/MESSIANISME

Reprenant les anciens scénarios (du type Tammuz) de la « passion » du dieu, le messianisme leur confère une valeur nouvelle, an abolissant avant tout leur possibilité de répétition ad infinitum. Lorsque viendra le Messie, le monde sera sauvé une fois pour toutes et l’histoire cessera d’exister. Dans ce sens on peut parler non seulement d’une valorisation eschatologique du futur, de « ce jour-là », mais aussi du « salut » du devenir historique.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

MÉTANOÏA Dans le christianisme […] la tradition évangélique laisse déjà entendre que le Royaume de Dieu est déjà présent « parmi »[…] ceux qui croient, et que par suite l’illud tempus est éternellement actuel et accessible à quiconque, à n’importe quel instant, par métanoia. Comme il s’agit d’une expérience religieuse totalement différente de l’expérience traditionnelle, puisqu’il s’agit de la « foi », la régénération périodique du monde se traduit dans le christianisme par une régénération de la personne humaine. Mais pour celui qui participe à cet éternel nunc du règne de Dieu, l’ « histoire » cesse d’une manière aussi totale que pour l’homme des cultures archaïques qui l’abolit périodiquement. Par conséquent, pour le chrétien lui aussi l’histoire peut être régénérée, par chaque croyant en particulier et à travers lui, même avant la seconde venue du Sauveur, où elle cessera d’une manière absolue pour toute la création.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

MÉTANOÏA Le péché est révélé par la loi ; la fonction de celle-ci est de tracer une frontière nette entre ce qui est kata taxin – conforme à l’ordre – et ce qui est désordre, chaos, confusion profonde des couches ontologiques dans l’être humain. La pathologie postule et appelle l’acte thérapeutique capable de descendre jusqu’à la racine de la perversion et d’opérer la guérison de la nature par la reconstitution de sa structure. La catharsis éthique, purification des passions et des désirs, s’achève dans la catharsis ontologique : la métanoïa de toute l’économie de l’être humain. C’est donc essentiellement le rétablissement de la forme première, la restauration de l’image archétypique, de l’imago Dei […]

Le miracle des noces de Cana, le changement de l’eau en vin, offre l’image classique de la transformation de la nature humaine, vers laquelle sont dirigés tous les efforts de l’ascèse. C’est la métanoïa, le bouleversement de toute l’économie de l’être humain ou la seconde naissance dans le monde de l’Esprit.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MÉTIER Et je repense toujours à mon immense privilège : faire un métier qui me plaît quand tant d’êtres, par nécessité, exercent une profession qui les ennuie et, par conséquent, les use.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)

MICHEL, MICHAËL [ARCHANGE]

Le nom de Michel, Michaël, signifie : « Qui est comme Dieu ? » C’est à travers la figure de l’archange Michel que se décide mon attitude face à Dieu ; il m’enseigne à ne rien mettre à la place de Dieu, mais à le laisser être seul Dieu. Michel combat toute absolutisation des puissances terrestres, l’idolâtrie du pouvoir et de l’argent. Je ne peux vivre vraiment en homme libre que si je réserve à Dieu la première place […] Michel est la garant de la souveraineté de Dieu en nous […]

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »

MISÈRE Lorsque ces naufragés s’accrochent à nous, il se peut qu’ils nous fassent chavirer. Si par malheur (ou par grâce) il nous est donné de partager leur sort, nous réalisons pourquoi il était impossible de rester sourd à leur appel. Alors nous pouvons comprendre la venue de Dieu sur terre. La profondeur de notre misère ne lui a pas permis de rester dans sa béatitude. Le vide béant de notre détresse l’a précipité vers nous. Parce qu’il a pris le parti des plus exclus, des plus rejetés, des plus humiliés, il a subi leur condition, jusqu’à l’angoisse, jusqu’à la nausée.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

MISÈRES Avec ma nature timide et délicate, je ne savais pas me défendre et me contentais de pleurer sans rien dire, ne me plaignant pas même à vous [à la Révérende Mère Agnès de Jésus] de ce que je souffrais, mais je n’avais pas assez de vertu pour m’élever au-dessus de ces misères de la vie et mon pauvre petit cœur souffrait beaucoup…

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MISÉRICORDE Mais je crois que Dieu, dans son infinie sagesse, a caché l’enfer au milieu du paradis. Afin que nous restions toujours en éveil. Afin de ne pas nous laisser oublier la colonne de la rigueur tandis que nous vivons la joie de la miséricorde.

Paulo Coelho (« Sur le Bord de la Rivière Piedra… »)

MISÉRICORDE […] par la miséricorde Je retiens ma divine justice, pour les vaincre à force de miséricorde […] Je veux faire miséricorde au monde.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

MISÉRICORDE Le cercle de feu lumineux est deux fois plus épais que le cercle de feu ténébreux : si c’était le contraire, le feu noir exercerait une action si puissante, si amère qu’il ombragerait et qu’il dissiperait le feu lumineux supérieur. Le châtiment des péchés de l’homme offre des dangers semblables : sans la grâce, sans la miséricorde divines, l’homme ne pourrait subsister.

Hildegarde de Bingen (« Le Livre des Œuvres Divines »)

MISÉRICORDE Voici un poète mystique bagdadi, Abou Bakr Chîbli ; quand il mourut en 945, l’un de ses disciples le vit en songe et l’entendit raconter : « Dieu m’a fait venir et m’a dit : - Sais-tu pourquoi je t’ai donné ma miséricorde ? – C’est parce que j’ai beaucoup prié ? – Non pas – Parce que j’ai beaucoup jeûné ? – Non plus. C’est parce qu’un soir pluvieux d’hiver, dans une rue de Bagdad, tu as ramassé une chatte abandonnée et l’a réchauffée dans ton manteau ».

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)

MISÉRICORDE Pour ceux qui croient et qui s’abandonnent à Elle, la Mère divine est pleine de miséricorde. Soumets-toi à sa volonté et à ses épreuves et du deviendras son héros invincible, toujours prêt à obéir à ses ordres infaillibles. Tu n’es pas une créature faible et chétive. Tu es l’enfant radieux d’une mère resplendissante dont le chant de victoire et de puissance résonne à travers les mondes et l’espace.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

MISÉRICORDE Celui qui est écrasé par le mépris n’a d’issue que dans la haine ou dans le pardon. La haine dramatise, et décuple le mal. Le pardon l’absout et le guérit. L’avenir est à la miséricorde car sans elle il n’y aura pas d’avenir.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

MISÉRICORDE O Jésus ! que ne puis-je dire à toutes les petites âmes combien ta condescendance est ineffable… je sens que si par impossible tu trouvais une âme plus faible, plus petite que la mienne, tu te plairais à la combler de faveurs plus grandes encore, si elle s’abandonnait avec une entière confiance à ta miséricorde infinie.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MISSION Sois tout chargé de paix et de joie, et répands-les partout où tu es, partout où tu vas. Sois une flamme brûlante de la Vérité, une gracieuse fleur d’amour, et un baume de paix adoucissant. Dissipe l’obscurité de l’ignorance par le pouvoir de ton esprit, dissous les nuages de la discorde et de la guerre et apporte la bonne volonté, la paix et l’harmonie parmi les peuples du globe. Telle est ta mission dans la vie.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

MODERNISME

Dans la réflexion théologique, l’historicisme tend à se présenter tout au plus sous la forme du « modernisme ». Avec la juste préoccupation de rendre le discours théologique actuel et assimilable pour les contemporains, on ne recourt qu’aux assertions et au langage philosophiques les plus récents, en négligeant les objections critiques que l’on devait éventuellement soulever à la lumière de la tradition. Cette forme de modernisme, du fait qu’elle confond l’actualité avec la vérité, se montre incapable de satisfaire aux exigences de vérité auxquelles la théologie est appelée à répondre.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)

MOI Notre « moi » nous barre la route vers Dieu et vers nos frères. Mais cette route barrée, le Christ l’a ouverte, de sorte que les siens puissent désormais vivre en paix, non seulement avec Dieu, mais aussi entre eux.

Dietrich Bonhoeffer (« De la Vie Communautaire »)

MOI Mes sentiments, pensées, actes, conscience, m’appartiennent, sont « miens » et c’est de cela que j’ai conscience, mais le moi est au-delà du « mien ». Seule l’intuition mystique le découvre, car elle part de Dieu et pénètre son « image » dans l’homme ; le symbole du cœur le désigne. Qui peut connaître le cœur ? demande Jérémie, et il répond : Dieu sonde le cœur et les reins (Jér. 17, 9-10).

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MOI Il existe une opposition irréductible entre le moi profond et transcendant qui ne s’éveille que pendant la contemplation, et le moi superficiel et extérieur que nous identifions généralement avec le mot « je ». Rappelons-nous que ce moi superficiel n’est pas notre être véritable. C’est notre « individualité », notre « moi empirique », mais ce n’est pas vraiment l’être mystérieux et secret qui existe aux yeux de Dieu. Le « moi » qui travaille dans le monde, pense à lui, observe ses propres réactions et parle de lui n’est pas le vrai « moi » qui a été, dans le Christ, uni à Dieu. C’est, dans la meilleure des hypothèses, le vêtement, le masque, le déguisement de ce moi inconnu que la plupart d’entre nous ne découvrent qu’après leur mort.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

MOI PROPRE J’ai dit en outre que Notre Seigneur dit aux gens qui là avaient des tourterelles à vendre : « Débarrassez-moi ça, enlevez-moi ça ! » Les gens, il ne les jeta pas dehors ni ne les réprimanda fortement ; mais il dit avec grande bonté : « Débarrassez-moi ça ! », comme s’il voulait dire : Ce n’est pas mauvais et pourtant cela dresse des obstacles à la vérité limpide […] Ainsi seraient écartées les tourterelles, c’est-à-dire obstacles et attachement au moi propre en toutes les œuvres qui néanmoins sont bonnes, en quoi l’homme ne cherche rien de ce qui est sien.

Maître Eckhart (Sermon I en allemand )

MOINE Cet effacement du moine est la meilleure façon de dire que le seul et unique véritable moine, c’est le Christ ; ainsi le moine est-il vraiment un témoin qui désigne le Seul qui est à contempler.

Daniel Bourguet (« Sur un Chemin de Spiritualité »)

MOINE Le moine est celui qui a submergé et noyé tout esprit mauvais dans l’abîme de l’humilité.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

MOINE Le mot moine, en vieux slavon inok, vient de inoi et signifie « autre », ce qui répond bien au symbolisme de la nouvelle naissance. Si l’état monastique en est l’expression la plus frappante (le changement de nom en témoigne), tout baptisé passant par la tonsure devient spirituellement moine intérieur, autre, différent, d’un genre nouveau. L’état monastique et, symétriquement, l’état conjugal, constituent les deux formes du sacerdoce royal (les moines non ordonnés sont des laïcs).

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MOINE Le moine est un homme qui prie et qui pleure pour le monde entier ; et c’est en cela qu’est sa principale occupation […] Saint-Antoine assista le monde de sa prière, et non du travail de ses mains.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

MONACHISME […] la tradition des grands ascètes frappe par son ton de joie et par son appréciation maximale de l’homme. En effet, si le monachisme est le maximalisme eschatologique (avec le dernier moine, la vie terrestre s’arrête et passe au royaume), il est aussi le maximalisme visionnaire de la triple dignité humaine, triple fonction de l’imago : prophétique, royale et sacerdotale.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MONASTÈRE Si au XIIe siècle, les hommes s'éloignent du monde et entrent dans un monastère, c'est parce que la présence de Dieu devient toute leur préoccupation. Ils pénètrent dans une vacance de l'âme à l'égard des biens temporels, afin de pouvoir uniquement vaquer à Dieu.

Marie-Magdeleine Davy (« Initiation à la Symbolique Romane »)

MONDAINE (AMITIÉ) L'amitié mondaine, celle qu'engendre l'appétit des choses et des biens temporels, elle est toujours pleine de ruse et de tromperie ; en elle, rien de certain, rien de constant, rien d'assuré. Elle change avec la fortune et suit la bourse.

Aelred de Rievaulx (« L’Amitié Spirituelle »)

MONDE Saint Grégoire dit que de Dieu personne ne peut posséder beaucoup à moins que d’être fondamentalement mort à ce monde.

Maître Eckhart (Sermon VIII en allemand )

MONDE Je suis peu informé de ce qui se passe dans le monde, mais lorsque je vois ce qu’on y dessine et ce qu’on y écrit, je suis de plus en plus convaincu que les hommes vivent dans des boîtes à ordures et je suis content de ne pouvoir entendre ce qu’ils chantent.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

MONDE Le monde est un temple souverainement auguste et digne de la majesté d’un dieu.

Plutarque (« La Sérénité Intérieure »)

MONDE Notre vieux monde s’endormirait s’il n’était sans cesse secoué par les protestations et les contestations des « nouvelles vagues ».
Des valeurs craquent. Des institutions s’effritent.
Ceux qui ont longuement médité l’histoire du Peuple de Dieu sont assez bien équipés pour rester sereins. En a-t-il enterré des civilisations, le peuple de l’Alliance !
Au moment de la Renaissance, n’y eut-il pas une époque qui finissait, une autre qui commençait ?
Qui s’en plaint aujourd’hui ?
Quel privilège de vivre l’accouchement d’un monde…

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

MONDE Tu as orné le ciel d’étoiles, l’air de nuages, la terre de mers, de fleuves et de jardins verdoyants dans lesquels chantent des oiseaux, mais mon âme T’a aimé et ne veut plus regarder ce monde, malgré sa splendeur.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

MONDE Le monde, avec toutes les confusions actuelles, le heurt des idéaux inférieurs, des actions étroites et intéressées et des ambitions égoïstes, ce monde lutte pour acquérir une vision et une réalisation dans lesquelles il puisse trouver la libération, l’harmonie et la paix véritables.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

MONDE OCCIDENTAL

Même la « fracture sociale » dont parlent certains hommes politiques me semble de peu de poids par rapport à la terrible coupure d’avec le sacré dont le monde occidental est marqué. Je ne minimise pas ici ce qu’on dénomme l’exclusion, j’affirme qu’elle est une des conséquences de notre amnésie spirituelle, une des manifestations cinglantes de l’éradication de l’âme […]

Un jour proche, on admettra que l’ « anorexie mentale » ne correspond ni à une pathologie de la nutrition ni à une maladie psychique. On reconnaîtra qu’elle est avant tout un indicateur terrible de la perte de l’âme et de la carence spirituelle dont le monde moderne occidental se trouve affligé.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

MONDIALISATION […] la mondialisation nous appelle à une prise de conscience planétaire, à nous élever au niveau de l’universel. Mais l’universel ne sera pas atteint par l’uniformisation mais plutôt par l’approfondissement des singularités de chacun.

Jean-Thierry Verhelst (« Le Chemin » n° 57)

MONOTHÉISME/
HÉNOTHÉISME/
POLYTHÉISME

Le monothéisme authentique, totalement inconnu en Mésopotamie, […], est un fait exceptionnel et unique dans notre passé – même si, une fois « découvert », au bout d’une assez longue histoire, il s’est diffusé partout et a conquis des multitudes. Le sentiment religieux n’est pas obligatoirement monothéiste : il lui suffit de s’adresser à un Ordre-de-choses suffisamment imprécis et mystérieux pour que la question de Sa personnalisation reste dans l’ombre, pour l’esprit et le cœur. Mais il n’est guère contestable qu’un pareil sentiment se satisfait davantage quand cet Ordre-de-choses-sacré est représenté en effet par un sujet et un partenaire uniques : l’esprit religieux s’adresse plus volontiers à UN « vis-à-vis », même flou et indistinct, qu’à tout un groupe de personnes, à une pluralité, à un mélange incertain ou une Force vague.
C’est ce qui explique l’hénothéisme – lequel, à la différence du monothéisme, admet la pluralité des dieux, mais ne s’intéresse et ne s’attache, au moins hic et nunc, qu’à un seul : c’est, d’une certaine manière, une forme supérieure du polythéisme – çà et là soupçonnable en Mésopotamie.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

MORALE

La morale n'appartient ni au registre de la désuétude ni à celui du dressage. Elle aide le sujet à sortir de sa propension à la clôture sur soi, et l'incite à se dépasser. Elle se tient du côté de la vie, de son élan irrépressible où elle puise une force hautement créatrice et non inhibitrice. Sans morale, est-il encore une humanité capable et désireuse de développer les germes de bien qui sont en elle ? La science de l'action implique aussi un art de transformation de soi, de progression qui favorise et facilite un meilleur vivre-ensemble. La morale rend l'homme pleinement digne de sa qualité d'homme. Elle l'accomplit comme sujet de raison, de volonté et de liberté. Elle diminue les risques de l'errance dans l'ordre du jugement et de l'action.

Anne BAUDART, La morale et sa philosophie, Dominos-Flammarion, Paris 1998, p. 9-10.

MORALE

La morale n'indique qu'une seule chose, mais d'une importance absolue, à savoir, que certains buts, et certains moyens justifiés par de tels buts, sont intrinsèquement immoraux parce que l'homme y est réduit au rôle d'objet et parce qu'ils visent à le priver de sa liberté responsable et de la possibilité de trouver le bonheur de l'être raisonnable dans le respect de l'humanité en lui et en tout homme.

Eric Weil extrait de Philosophie morale, Paris, Vrin, 1992, p. 61.

MORALE

La morale appelle l'anti-morale : la lumière métaphysique se situe au-delà de cette dualité.

Eric Geoffroy (« L’Instant Soufi »)

MORALE Jésus seul inaugure un autre monde… Mais comment va-t-il s’y prendre pour enseigner l’amour à celui qui ne connaît que la morale et ses représailles ? Jésus leur demandait de bâtir leur morale à la ressemblance de Son Amour. Presque dès qu’il eut le dos tourné les humains ont reconstruit Son Amour à la ressemblance de leur morale.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

MORALE

La religion chrétienne est plus qu’une simple morale ; en revanche, la dimension mystique peut être oubliée ou dénaturée si la seule ferveur religieuse qui est maintenue est une forme joyeuse d’être ensemble, un côtoiement sympathique, un égalitarisme sans passion, qui est simplement une nouvelle forme de tribalisme. Les pèlerinages, les grandes fêtes de la jeunesse chrétienne de tous les pays relèvent de ce néotribalisme ; ils ne relèvent pas du mysticisme chrétien fondamental et n’assurent aucun avenir véritable au christianisme.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002

MORALE (théologie)

La théologie morale, selon moi, ne s'occupe pas en premier lieu de decision making, ni des actes pris séparément. Sa tache et sa finalité essentielles consistent à se faire une vision correcte, à ouvrir les principales perspectives, à présenter les vérités et les valeurs qui peuvent influencer les décisions à prendre en face de Dieu.
Dès qu'il s'agit de morale chrétienne, nous devons faire bien attention à ne pas laisser la bride sur le cou à nos propres perspectives et préférences. Nous ne pouvons parvenir à une vision globale qu'en écoutant la Parole de Dieu et, à la lumière de cette parole, en cherchant les "signes des temps.

Bernard HÄRING, Libres dans le Christ, Cerf, Paris, 1998, p. 16-17.

MORALITÉ Celui qui porte sa moralité comme son meilleur vêtement serait mieux nu.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

MORT De même que la séparation de l’âme et du corps est la mort du corps, de même la séparation de l’âme et de Dieu est la mort de l’âme.

Grégoire Palamas (« Lettre à Xénée », Philocalie des Pères Neptiques)

MORT Mais la terreur de la mort est l’indice de fautes dont on ne s’est pas repenti.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

MORT [...] la mort est la grande chance pour l'homme de témoigner son enracinement dans la Réalité qui est au-delà de la vie et de la mort.

La mort est un passage sur un autre plan.

Karlfried Graf Dürckheim (« L’Esprit Guide »)

MORT Très paradoxalement, on peut dire : la mort est la plus grande douleur de notre existence, mais, en même temps, c’est la mort qui sauve de la platitude où l’homme risque toujours de s’enfoncer, c’est elle qui apporte le sens du mystère et la dimension de profondeur de la vie […] On ne peut comprendre le problème de la mort que dans le contexte de la vie. Le néant, la mort en soi ne peuvent pas exister ; ils ne sont qu’un aspect de la vie, de l’être, qu’un phénomène secondaire, tout comme la négation est postérieure à l’affirmation. On ne peut pas considérer la mort comme un échec de Dieu, car elle ne détruit pas la vie. C’est l’équilibre qui est rompu, et, dès lors, le destin des mortels en est une conséquence logique. La mort devient naturelle, tout en étant contre nature, ce qui explique l’angoisse des mourants. Mais les saints vivent la mort avec joie, dans l’allégresse d’être libérés du poids de la vie terrestre […]

La mort est appelée liturgiquement « dormition » ; il y a une partie de l’être humain qui dort et une partie qui reste consciente. C’est la séparation entre l’esprit et le corps. L’âme n’exerce plus la fonction d’animer le corps ; mais en tant qu’organe de la conscience, elle demeure dans l’esprit.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MORT Les plus grands bonheurs terrestres, les plus grandes extases ne sont qu’un pâle aperçu, un léger avant-goût, de ce qui nous attend tous de l’autre côté de la mort.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

MORT Qu’est-ce, en effet, que craindre la mort, citoyens, sinon se prétendre en possession d’un savoir que l’on n’a point ? En définitive, cela revient à prétendre savoir ce que l’on ne sait point. Car personne ne sait ce qu’est la mort, ni même si elle ne se trouve pas être pour l’homme le plus grand des biens, et pourtant les gens la craignent comme s’ils savaient parfaitement qu’il s’agit du plus grand des malheurs […]

Mais voici déjà l’heure de partir, moi pour mourir et vous pour vivre. De mon sort ou du vôtre lequel est le meilleur ? La réponse reste incertaine pour tout le monde, sauf pour la divinité.

Socrate (« Apologie de Socrate », Platon)

MORT C’était sans effort que les mourantes passaient à une vie meilleure, aussitôt après leur mort une expression de joie et de paix se répandait sur leurs traits, on aurait dit un doux sommeil ; c’en était bien un véritablement puisqu’après que la figure de ce monde aura passé, elles se réveilleront pour jouir éternellement des délices réservées aux élus…

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MORT Si les petites morts par lesquelles nous avons dû passer nous ont conduits à chaque fois au-delà, vers une résurrection, pourquoi cela ne serait-il pas vrai aussi du grand moment de la mort, lorsqu’il est temps pour nous de quitter ce monde ?

Kallistos Ware (« Le Royaume Intérieur »)

MORT (MOMENT DE LA)

Tu t’es fait du monde et de toi-même dieu et seigneur. Or, dis au monde avec toutes les délices que tu as prises en cette vie, et à ta propre sensualité avec laquelle tu as usé des choses du monde - là où Je t’ai placé dans l’état sacerdotal pour que tu les méprises, et toi, et le monde des sens – dis qu’ils te défendent devant moi, juge suprême. Ils te répondront qu’ils ne peuvent t’aider et se moqueront de toi en disant : « Réussis par toi-même. » Et tu resteras confus et honteux devant le monde et devant moi.
Tout ce dommage pour toi, tu ne le vois pas, parce que, comme il est dit, les cornes de ton orgueil t’ont aveuglé, mais tu le verras à l’extrême moment de la mort, quand tu ne pourras trouver à remédier par aucune vertu, parce que tu n’en as pas ; seulement par ma miséricorde, en espérant en ce doux sang dont tu as été fait ministre. Cela, à toi ni à aucun autre, ne sera jamais enlevé tant que tu voudras espérer dans le sang et dans ma miséricorde ; mais nul ne doit être assez fou et toi assez aveugle pour arriver à l’extrémité.

Pense qu’à cette extrémité l’homme qui a vécu de façon inique, les démons l’accusent, et le monde, et sa propre fragilité ; et on ne le flatte pas, on ne lui montre pas le plaisir là où était l’amertume, ni la chose parfaite là où était l’imperfection, ni la lumière pour la ténèbre, comme il avait coutume de faire en sa vie ; et encore ils montrent ce qui est. Le chien de la conscience, qui était débile, se met à aboyer si rapidement qu’il conduit l’âme presque au désespoir, bien qu’aucune n’y doive arriver, mais elle doit prendre avec espoir le sang malgré les fautes qu’ils aient commises, parce que sans aucune comparaison, plus grande est ma miséricorde, que vous recevez dans le sang, que tous les péchés qui se commettent dans le monde.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

MORT DE DIEU La « mort de Dieu » signifie la mort d'une certaine théologie pour laquelle Dieu logique est connaissable par les moyens naturels.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l’Esprit »)

MORT SECONDE L’Évangile emploie l’image de la séparation des brebis et des boucs. Il n’existe point de saints parfaits, de même que, dans tout pécheur, il y a au moins quelques parcelles de bien : ce qui permet d’envisager selon le P. Serge Boulgakoff une intériorisation de la notion de jugement : une séparation non pas entre les hommes, mais à l’intérieur de tout homme. De même, de ce point de vue, les paroles sur la destruction, l’anéantissement, la mort seconde se rapporteraient, non aux êtres humains, mais aux éléments démoniaques qui sont en eux. C’est le sens du feu qui n’est pas tant punition que purification et guérison […]

Satan, à la fin, se trouve à la fois privé du monde, objet de sa concupiscence, et livré à son propre être ; or, celui-ci n’est pas illimité. Le satanisme pur s’épuise quand le sujet est sans objet. Par contre, le cœur de l’Église – le cœur de la Théotokos – est sans limite. S. Isaac parle du cœur brûlant d’amour pour les reptiles, même pour les démons. L’expiation s’étend sur tout le plan de la création divine. La mort seconde se rapporte aux principes du mal, déroulés dans l’espace et le temps : à leur terme ils s’enroulent et disparaissent pour toujours. Si la liberté a permis une détérioration passagère, le bilan est entre les mains de Dieu.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MORTS/VIVANTS […] les croyances presque universellement répandues, selon lesquelles les morts retournent auprès de leur famille (et reviennent souvent comme « morts-vivants ») aux environs du Nouvel An (dans les douze jours séparant la Noël de l’Épiphanie) dénotent l’espoir que l’abolition du temps est possible à ce moment mythique où le monde est anéanti et recréé. Alors les morts pourront revenir, car toutes les barrières entre morts et vivants sont brisées (le chaos primordial n’est-il pas réactualisé ?) et reviendront puisqu’à cet instant paradoxal le temps sera suspendu et qu’ils pourront donc de nouveau être des contemporains des vivants. Par ailleurs, comme une nouvelle Création est alors en préparation, ils peuvent espérer un retour à la vie, durable et concret.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

MORTIFICATIONS […] je me suis toujours laissée dorloter dans du coton et empâter comme un petit oiseau qui n’a pas besoin de faire pénitence…Mes mortifications consistaient à briser ma volonté, toujours prête à s’imposer, à retenir une parole de réplique, à rendre de petits services sans les faire valoir, à ne point m’appuyer le dos quand j’étais assise, etc., etc… Ce fut par la pratique de ces riens que je me préparai à devenir la fiancée de Jésus, et je ne puis dire combien cette attente m’a laissée de doux souvenirs…

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

MOTIVATION L'homme voit les actes ; Dieu connaît les motivations.

Thomas a Kempis (« L'Imitation de Jésus-Christ »)

MOURIR Les martyrs sont morts et ont perdu une vie et ont reçu un être […] Pour Dieu, rien ne meurt : toutes choses vivent en lui.

Maître Eckhart (Sermon VIII en allemand )

MULTIPLICITÉ Dans ce monde de la multiplicité qui me tiraille et m'attire à la surface des choses, j'ai, enracinée en moi, la conscience que je ne fais qu'un avec moi-même (les divers masques dont je m'affuble tombent), avec les humains, avec tous les règnes de la création, avec le cosmos.

Eric Geoffroy (« L’Instant Soufi »)

MUSES Chantons, en commençant, les Muses Héliconiennes qui possèdent l’Hélicon , la montagne grande et divine ; tantôt, autour de la fontaine aux eaux sombres et de l’autel du puissant fils de Cronos , de leurs pieds délicats, elles dansent ; tantôt, après avoir baigné leur corps frêle dans les eaux du Permesse ou de l’Hippocrène ou du divin Olmée, au sommet de l’Hélicon, elles forment des chœurs jolis, ravissants, et de leurs pieds voltigent. Puis, elles s’en vont, enveloppées d’une épaisse brume ; dans la nuit, elles s’avancent, faisant entendre leurs voix très belles et chantant Zeus qui tient l’égide […] Allons, commençons par les Muses qui, par leurs chants élogieux, réjouissent le grand esprit de Zeus, dans l’intérieur de l’Olympe,unissant leurs voix pour chanter ce qui est, ce qui sera et ce qui fut.

Hésiode (« La Théogonie », traduction E. Bergougnan)

MUSIQUE La musique me faisait du bien, mettait en joie mon esprit, me transportait en un temps où Dieu était plus proche, et m’aidait.

Paulo Coelho (« Sur le Bord de la Rivière Piedra… »)

MUSIQUE DIVINE La musique divine ne cesse jamais de faire entendre ses harmonies en nous-mêmes, mais la vie des sens est si bruyante qu’elle noie cette subtile mélodie, différente de tout ce que l’ouïe peut discerner et infiniment supérieure à toute réalité sensible.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)

MUSULMANS/INFIDÈLES

La désignation kâfirûn qui donnera la concept théologique d’ « infidèles » par opposition à « croyants » (mûminûn) et « musulmans » (muslimûn), a été d’abord appliquée aux Mekkois politiquement et socialement hostiles à la nouvelle « religion ».

Mohammed Arkoun (« Islam et démocratie. Quelle démocratie ? Quel islam ? ») in Cités n° 12/2002

MYRRHE Voici maintenant une myrrhe beaucoup plus amère que Dieu envoie : l’angoisse intérieure et les ténèbres intérieures. Ces souffrances, chez celui qui en fait la pleine expérience et qui s’y abandonne, consument la chair, le sang et toute la nature. Ce travail intérieur change beaucoup plus la couleur du visage que de grandes pratiques extérieures, car Dieu vient avec des tentations et des épreuves exceptionnelles que personne ne connaît, sauf celui qui les éprouve. Il n’est guère d’homme qui puisse se diriger en cette myrrhe si extraordinaire, mais Dieu sait bien où il veut en venir.

Jean Tauler (« Aux Amis de Dieu », sermon 3)

MYSTICISME […] il entendait alors par mysticisme toutes les formes vagabondes et erratiques du religieux, et envisageait la prolifération de sectes originales. Je prendrai mysticisme au sens où dans Les deux sources de la morale et de la religion, Bergson parle de la religion intérieure de l’humanité (religion qui s’oppose au lien social comme solidarité du groupe fermé) pour établir un lien entre la personnalité individuelle et l’humanité tout entière par la force issue de l’expérience de Dieu.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002

MYSTIQUE La mystique consiste à devenir un avec la réalité.

Le mystique est quelqu'un qui porte la vie à son maximum d'intensité.

Alphonse Goettmann (« Le Chemin » n° 47)

MYSTIQUE La Mystique naît quand les forces religieuses nouvelles s'éveillent dans le cadre d'une religion fortement institutionnalisée.

Marc-Alain Ouaknin (« Tsimtsoum, Introduction à la Méditation Hébraïque »)

MYSTIQUES Les Églises ont volontiers abandonné à une poignée de mystiques l'intériorisation du spirituel. A chaque époque, ils furent le « sel de la terre ». Ils surgissaient avec leurs intuitions, l'illumination de leur cœur et leur intelligence
spirituelle.

Marie-Magdeleine Davy (« Le Désert Intérieur »)

MYSTIQUES La vision des mystiques n’est pas l’imagination de cerveaux surchauffés. Elle est basée sur la plus haute expérience spirituelle. Elle parle du royaume le plus profond de l’âme.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

MYTHE […] les mythes véhiculent souvent d’antiques souvenirs, à peine déguisés […]

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

MYTHE Platon, dans Phèdre, Phédon et Le Banquet, montre bien que le mythe est la forme supérieure, souvent la seule possible, de la connaissance, incomparablement plus riche que le concept. Derrière la simplicité des images prises dans le monde sensible se dissimulent les phénomènes originels, intraduisibles dans le langage de notre pensée discursive. Au moyen des symboles et des archétypes le mythe saisit le métahistorique dans l’historique.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

MYTHE Les mythes révèlent notre monde intérieur : nos monstres, nos démons et aussi nos ressources, nos lumières.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

MYTHE On peut trouver dans les mythes des pressentiments aux réponses scientifiques aujourd'hui trouvées - et des réponses, parfois aberrantes, parfois suggestives, aux questions posées par la condition humaine.

Simonne Nicolas (« Pour Comprendre la Philosophie »)