N comme

NAISSANCE Mais si vous, du fond de votre douleur, dites que la naissance est une affliction et le vêtement de chair une malédiction inscrite sur votre front, alors je vous réponds que seule la sueur de ce front pourra effacer ce qui y est écrit.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)
 

NAISSANCE L'instant de notre naissance a plus de poids que celui de notre mort parce que la naissance est commencement d'éternité alors que la mort n'est que l'achèvement du provisoire.

Mgr. Stéphane (« Le Chemin » n° 43)
 

NAISSANCE Chaque nouvelle naissance présuppose une période d’angoisse. Chaque graine éclate dans la douleur, avant de manifester le charme du feuillage et des fruits qu’elle recelait. Le nouveau-né innocent et souriant ne se montre à nos yeux qu’après les souffrances supportées par sa mère. L’or étincelant coule du minerai sombre lorsqu’on le porte à la fusion. Le parfum de certaines feuilles et de certaines écorces ne s’exhale que lorsqu’on les écrase. Ainsi, la vie qui s’accompagne des plus pénibles expériences est celle qui manifeste sa plus haute gloire.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)
 

NATURE […] car c’est chose impossible que de vaincre sa propre nature. Quand la nature est vaincue, on doit y reconnaître la présence de Celui qui est au-dessus de la nature.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

NATURE […] pour les « primitifs », la Nature est une hiérophanie, et les « lois de la nature » sont la révélation du mode d’existence de la divinité.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

NATURE Rien n'est absurde ni fortuit dans la nature et chaque chose y est douée d'un sens que l'homme non encore aveuglé par la mentalité et les préjugés modernistes est capable de discerner.

Roger Du Pasquier (« Découverte de l'Islam »)
 

NATURE Toute la nature est théophanique.

Kallistos Ware (« Le Chemin » n° 51)
 

NATURE La disparition probable de l'homme ne m'émeut pas. La nature existait avant lui ; elle peut vivre sans lui et beaucoup mieux, puisqu'il l'exploite […]

La nature nous apprend la sagesse. C’est un trait marquant de la civilisation saharienne dont le rythme est lent, constant et puissant. Les Bédouins ne sont pas pressés. S’ils n’arrivent pas à destination aujourd’hui, ce sera demain.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)
 

NATURE (J’ai remarqué que dans toutes les circonstances graves de ma vie, la nature était l’image de mon âme. Les jours de larmes, le Ciel pleurait avec moi, les jours de joie, le Soleil envoyait à profusion ses gais rayons et l’azur n’était obscurci d’aucun nuage…)

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

NATURE

Mes jeunes années ont été habitées par deux mystères inépuisables : l’harmonie de la nature et la beauté des visages humains. Le meilleur de ma jeunesse s’est déroulé en plein vent. Monts d’Auvergne, Pyrénées, Cumberland, Laponie… Là, je me perdais dans une sorte d’extase sans limites que rien ne pouvait affadir. Regarder inlassablement un ruisseau couler… Dormir sous les étoiles. Être réveillé par les oiseaux qui chantent avant l’aurore ; ce bonheur était fou… trop grand… Parfois, je partais tout seul en plein hiver et marchais toute la nuit sous un clair de lune parfait qui transfigurait la neige des monts d’Auvergne. Si la mode du hashich avait existé à cette époque, elle eut été sans aucune prise sur moi. Des états d’âme infinis m’étaient proposés gratuitement, sans lendemain amer… Tant de splendeurs à me couper le souffle, la vie entière ne me suffirait pas pour en faire le tour !

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

NAZIR Le nazir [Cf. Jg 13/3-5], c’est celui qui représente sans altération l’image originelle que Dieu s’est faite de tout enfant. Tel devrait être en effet le but de notre existence : faire apparaître l’image divine en nous dans toute sa pureté, devenir entièrement celui ou celle que nous sommes tout au fond de notre cœur.

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »
 

NÉANT Autant le néant t’affecte, autant es-tu imparfait. C’est pourquoi, si vous voulez être parfaits, vous devez être nus de néant .

Maître Eckhart (Sermon V en allemand )
 

NÉRÉE Pontos [Flot Puissant] engendra Nérée qui ne trompe pas, le sincère, l’aîné de ses fils ; on l’appelle le Vieillard parce qu’il est franc et bienveillant, qu’il n’oublie pas les lois de l’équité et que ses pensées sont pleines de justice et de bonté.

Hésiode (« La Théogonie », traduction E. Bergougnan)
 

NESTORIANISME L’hérésie nestorienne vient de l’impossibilité, pour les nestoriens, de concevoir dans le Christ deux natures, la nature divine et la nature humaine, autrement que comme deux êtres séparés. Pour eux le Christ n’est donc pas une Personne qui est divine et humaine, mais deux êtres distincts, Dieu, et un « homme uni à Dieu ».

Si dans notre contemplation, nous séparons l’humanité et la divinité du Christ, de telle sorte que nous « dépassons l’humanité » pour nous « reposer dans la divinité », nous avons tendance à diviser le Christ en un « Homme » et une « Personne divine », alors qu’en réalité Dieu et l’homme en Lui sont complètement indivisibles et inséparables dans l’unité de Sa Personne.

La faiblesse du Nestorianisme, c’est de considérer que nature et personne sont une et même chose. Mais la contemplation chrétienne est suprêmement personnaliste.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

NIHILISME Dans l’interprétation nihiliste, l’existence n’est qu’une occasion pour éprouver des sensations et faire des expériences dans lesquelles le primat revient à l’éphémère. Le nihilisme est à l’origine de la mentalité répandue selon laquelle on ne doit plus prendre d’engagement définitif, parce que tout est fugace et provisoire.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)
 

NOM La connaissance intuitive et révélée consiste à être visité par. Habité par. En outre, quand on est ainsi pris et compris, on appartient à autre chose. A une autre dimension. D’où l’idée de hiérarchie. D’un ordre supérieur englobant un ordre inférieur afin de l’élever jusqu’à lui. Denys [l’Aréopagite] a défendu l’idée d’un ordre hiérarchique des choses. Non pas pour abaisser l’homme, mais pour l’élever. Il a vu l’ordre des choses comme un ordre soumis à un mouvement d’élévation. Ce faisant, il a fait apparaître un troisième plan de réalité. Celui des noms. Dieu n’a pas un mais des noms correspondant à des visages qui se révèlent au cours d’un rapport intime. Toute élévation débouche sur la révélation d’un nom, comme on révèle un secret.

Bertrand Vergely (« Les Philosophes du Moyen-Âge et de la Renaissance »)
 

NOM DU SEIGNEUR Le Nom du Seigneur est, dans ce monde, la seule chose précise dont la possession nous assure un état élevé de joie et de paix. Sa résonance mélodieuse, jointe à la pure conscience de la Réalité unique qu’il désigne, libère le mental de toutes ses passions et laisse couler l’éternelle joie inhérente à l’âme humaine. Le Nom divin est une nef solide qui fait traverser à l’homme les tourbillons de la vie et le conduit au havre de sa nature éternelle et spirituelle. Ce Nom fait passer l’homme de l’humain au divin […]

De toutes les disciplines pour maîtriser le mental inquiet, aucune n’est plus facile et plus efficace que celle où l’on répète le Nom divin. Mais il y a une manière de le répéter – il faut le prononcer avec une foi et un amour sans mélange ; alors seulement tu sentiras que le Nom du Seigneur est doux, très doux.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)
 

NOM (PUISSANCE DU)

La puissance du Nom est telle qu’il provoque la Présence réelle du Christ.

A. & R. Goettmann (« Sagesse et Pratiques du Christianisme »)
 

NOMADE Les nomades, ces hommes libres, déplaisent aux pouvoirs centraux parce qu’ils leur échappent. Ils dérangent les gouvernements, les bureaucrates qui n’arrivent pas à les maîtriser de gré ou de force, d’où la tentation de les exterminer. Les grandes tribus chamelières ne se préoccupent pas des frontières, mais des territoires. Elles n’obéissent qu’à une autorité, celle du désert et de Dieu. L’Afrique est constamment en proie à des massacres dus à l’instauration de gouvernements-guérillas. C’est un gâteau que les puissances occidentales se partagent.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)
 

NOMADE/SÉDENTAIRE

Nombre de religions et de philosophies insistent sur l’aspect transitoire ou illusoire du monde dans lequel nous respirons et elles invitent l’homme à s’éveiller du rêve, à regarder plus loin. Mais nous, bien installés ici-bas, soucieux de bâtir le paradis sur terre, nous ne supportons plus les plaintes de l’exilé – grognements d’ours, gémissements de colombes. Aux yeux du sédentaire le nomade paraît inconséquent ou insensé.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)
 

NON-POSSESSION La non-possession est l’abandon de tout souci, une vie sans inquiétude, un voyage sans bagages, un affranchissement de la tristesse, la foi dans les commandements.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

NON-POSSESSION Il ne faut garder pour soi que les objets qui ne manquent pas aux autres. Mais cela n’existe pas. La non-possession est la seule chose qui soit à la disposition de tous.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)
 

NON-SENS Il y a mille et une formes de suicides pour échapper à l’anxiété du non-sens. La drogue n’en est qu’une parmi d’autres.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

NON-VIOLENCE Quand j’arriverai à ne plus commettre le moindre mal et que je me serai débarrassé de toute pensée hautaine ou dure, si fugitive soit-elle, alors, mais alors seulement, les cœurs les plus endurcis seront ébranlés par ma non-violence […] La non-violence est la plus grande force que l’humanité ait à sa disposition. Elle est plus puissante que
l’arme la plus destructrice inventée par l’homme.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)
 

NOSTALGIE L'homme, image de Dieu, attiré par son Archétype, aspire à se dépasser pour se jeter en Dieu et y trouver l'apaisement de sa nostalgie.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l'Esprit »)
 

NOSTALGIE [...] les soufis pratiquent le dhikr, terme signifiant à la fois « souvenir » et « invocation de Dieu ». Souvenir, parce que chez tout être il y a plus ou moins consciemment cette nostalgie du monde spirituel, où nous étions avant que notre âme ne soit attachée au corps. Nostalgie de cet état d'indifférenciation avec Dieu, qui fait que, à travers l'autre, nous recherchons l'Un.

Eric Geoffroy (« L'Instant Soufi »)
 

NOSTALGIE DE DIEU On ne peut pas décrire cette nostalgie de Dieu. L’âme qui a goûté le douceur du Saint-Esprit ne peut l’oublier ; elle est assoiffée jour et nuit, et elle s’élance insatiablement vers Dieu. Qui décrira l’ardeur de son amour pour le Dieu en qui elle a reconnu son Père céleste ? Tant que le Seigneur n’aura pas donné sa grâce à cette âme, elle n’aura pas sur terre un instant de répit.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)
 

NOURRITURES Il y a, certes, les nourritures terrestres qui font subsister et croître notre organisme et qui de plus peuvent être agréables aux sens. Mais il existe bien d’autres nourritures, impalpables et aussi importantes, faites de tendresse, d’amour, d’attention, de beauté, de culture, de sagesse. A tous les plans de l’être humain correspondent différentes nourritures : celles qui s’adressent au corps, celles qui réjouissent le cœur, celles qui enrichissent l’intelligence et la sensibilité, celles enfin qui fortifient l’âme. Notre monde veut bien admettre, en plus des aliments, la nécessité de nourritures affectives et intellectuelles pour le bien-être de l’homme mais il se ferme ou se gausse à l’évocation de nourritures spirituelles.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)
 

NOÛS Le noûs vient de Dieu, non pas comme une émanation, une énergie, une étincelle tombée de Lui ; mais dans le silence où Dieu se retire pour avoir quelque chose de semblable à Lui.

Eugraph Kovalevsky (« La Quête de l'Esprit »)
 

NUAGES/CIEL Les nuages passent mais le ciel bleu ne passera jamais. Ce ciel de lumière est toujours là, toujours, en chacun de nous, quand nous sommes étouffés par nos angoisses, désespérés, brisés, vaincus. Notre tumulte intérieur est simplement le voile de nuages à travers lequel il faut passer au lieu de lui tourner le dos.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

NUIT/JOUR C’est là que sont réunies les sources et les limites de toutes choses, de la terre sombre et du Tartare ténébreux, de la mer stérile et du ciel étoilé, lieu pénible et humide que les dieux eux-mêmes ont en horreur, gouffre béant ; même dans le cours d’une année entière, on n’en atteindrait pas le fond, une fois qu’on en aurait passé les portes, mais on serait emporté d’ouragan en ouragan, tantôt ici, tantôt là, avec violence. Il est redoutable, ce prodige, même pour les dieux immortels. Là se trouve le palais de la Nuit ténébreuse, enveloppé de sombres nuages.

Devant ce lieu, debout, le fils de Japet [Atlas] soutient le vaste ciel, avec sa tête et ses mains infatigables, sans faiblesse. Là, Nuit se rencontre avec Jour ; ils se saluent en se croisant sur le grand seuil d’airain ; l’une descend vers l’intérieur, l’autre sort ; mais jamais le palais ne les enferme ensemble ; toujours, tandis que l’une est à l’extérieur et entoure la terre, l’autre est à l’intérieur attendant le moment où sonnera l’heure de son voyage ; celui-ci porte aux habitants de la terre la lumière aux mille rayons, l’autre porte en ses bras Sommeil, frère de Mort, c’est Nuit la pernicieuse, enveloppée de sombres nuages.

Hésiode (« La Théogonie », traduction E. Bergougnan)
 

NUIT DE L’ÂME J’étais dans un triste désert ou plutôt mon âme était semblable au fragile esquif livré sans pilote à la merci des flots orageux… Je le sais, Jésus était là dormant sur ma nacelle, mais la nuit était si noire qu’il m’était impossible de le voir, rien ne m’éclairait, pas même un éclair ne venait sillonner les sombres nuages…Sans doute c’est une bien triste lueur que celle des éclairs, mais, au moins, si l’orage avait éclaté ouvertement, j’aurais pu apercevoir un instant Jésus… c’était la nuit, la nuit profonde de l’âme… comme Jésus au jardin de l’agonie, je me sentais seule, ne trouvant de consolation ni sur la terre ni du côté des Cieux, le Bon Dieu paraissait m’avoir délaissée !…

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)