P comme

PAISIBLE […] au temps où tu es dans la mer tempétueuse, que les vents dangereux frappent avec de grandes ondes la nacelle de ton âme, tu es paisible et tranquille, sans aucun mal, ayant recouvert la navicelle avec la douce volonté de Dieu de qui tu as reçu un vêtement de vraie et très ardente charité pour que l’eau ne puisse y entrer.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PAIX La paix et le contentement sont en nous, sont notre nature réelle. Le plaisir que nous donne la satisfaction d’un désir n’est que la libération passagère de cette
sérénité par la suppression d’un désir qui nous en a exilé.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

PAIX L'homme, dans cette multiplicité de gadgets, se distrait, se disperse ou se dissipe, mais il ne trouve pas la véritable paix de l'âme venant de la certitude d'accomplir ici-bas la destinée supérieure pour laquelle il a été créé.

Roger du Pasquier (« Découverte de l'Islam »)

PAIX Tu dis : « Ma vie est pleine de souffrances. » Mais je te répondrai, ou plutôt c’est le Seigneur lui-même qui te dit : « Humilie-toi, et tu verras que tes épreuves se changeront en repos », à tel point que tu t’étonneras toi-même et que tu diras : « Pourquoi donc étais-je autrefois pareillement tourmenté et affligé ? » Maintenant tu es heureux parce que tu es devenu humble et que la grâce divine est venue ; maintenant, quand bien même tu serais seul dans la pauvreté, la joie ne te quitterait pas, car tu as dans l’âme cette paix dont le Seigneur a dit : « Je vous donne ma paix. » C’est ainsi que le Seigneur donne la paix à toute âme humble.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PAIX O vous qui aimez la paix, sachez que la paix éternelle est vôtre par droit de naissance. Le royaume de la paix est en vous ; vous êtes la forme et l’expression mêmes de cette immuable Vérité. Ne cherchez pas à l’extérieur le grand accomplissement de la vie. Goûtez le nectar de la paix dans les profondeurs de votre être. C’est là que réside la lumière divine qui répand de la beauté et de la splendeur sur toutes choses.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

PAIX […] je sentis que le Carmel était le désert où le Bon Dieu voulait que j’aille aussi me cacher… Je le sentis avec tant de force qu’il n’y eut pas le moindre doute dans mon cœur : ce n’était pas un rêve d’enfant qui se laisse entraîner, mais la certitude d’un appel divin ; je voulais aller au Carmel non pour Pauline mais pour Jésus seul… Je pensai beaucoup de choses que les paroles ne peuvent rendre, mais qui laissèrent une grande paix dans mon âme.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

PAIX INTÉRIEURE Que la paix intérieure soit la caractéristique principale du bonheur explique ce paradoxe que, si nous connaissons tous des gens qui sont insatisfaits tout en étant matériellement comblés, il en est d’autres qui sont heureux au milieu de circonstances très difficiles. Prenons l’exemple des quatre-vingt mille Tibétains qui, après mon départ en exil, ont quitté leur pays pour l’asile que leur offrait le gouvernement indien. Les conditions qu’ils affrontaient étaient d’une rigueur extrême. Il y avait peu de nourriture, et moins de médicaments encore. Les camps n’offraient aux réfugiés d’autres logements que des tentes de toile. La plupart des gens n’avaient emmené d’autres biens que la lourde chuba constituant leur vêtement traditionnel, et qui, parfaitement adaptée à nos rudes hivers tibétains, ne convenait nullement au climat chaud de l’Inde. Et de terribles maladies sévissaient, inconnues au Tibet. Mais toutes les épreuves qu’ils ont dû traverser n’ont guère marqué les survivants. Rares sont ceux qui ont perdu confiance. Plus rares encore ceux qui ont cédé au chagrin et au désespoir. Une fois passé le choc initial, je dirais même que la majorité a retrouvé son optimisme et son bonheur de vivre.
Il apparaît donc que, si nous réussissons à développer notre paix intérieure, le bien-être fondamental qui en découle résiste à toutes les difficultés que la vie nous réserve […]
Mais cette paix, où la trouver ? La réponse est multiple, mais une chose est certaine : rien d’extérieur ne peut nous l’assurer.

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama (« Sagesse ancienne, monde moderne »)

PÂQUE CÉLESTE Ne te fais pas d’illusions : tu ne seras jamais délivré de Pharaon, et tu ne contempleras pas la Pâque céleste, si tu ne manges continuellement des herbes amères et du pain azyme. Les herbes amères sont la violence et la souffrance du jeûne ; les azymes, une pensée exempte de toute enflure.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

PÂQUES - Pâques ! une issue existe vers la lumière. Pâques : bourgeon têtu, qui crève le givre. L’aurore commence à poindre et le roucoulement de la tourterelle après les cauchemars de la nuit. Pâques ! il n’est pas de tombeau si solidement fermé, qui ne s’ouvre sous la poussée de l’Espérance. Pâques ! nous avions bien pensé mourir pour de bon… Un souffle s’est levé sur nos os desséchés. La mort n’existe plus… La mort est enterrée. Sur les décombres de nos illusions perdues, sur les restes de nos espoirs décapités naissent les plus beaux chants d’oiseaux. Je sens un goût de miel sur les fleurs de cerisiers, après le long hiver.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PARABOLES Le Seigneur parle aux hommes en paraboles, afin qu’ils réfléchissent.

Le Coran (Sourate XIV, v. 30)

PARADIS Le Seigneur a donné le Saint-Esprit sur terre, et celui en qui Il vit sent qu’il porte le Paradis en lui.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PARADIS Tout ce que nous savons des souvenirs mythiques du « Paradis » nous présente […] l’image d’une humanité idéale, jouissant d’une béatitude et d’une plénitude spirituelle à jamais irréalisables dans la condition actuelle de l’ « homme déchu ». En effet, les mythes de nombreux peuples font allusion à une époque très lointaine, où les hommes ne connaissaient ni mort, ni travail ni souffrance, et trouvaient à portée de leur main une nourriture abondante. In illo tempore, les dieux descendaient sur la Terre et se mêlaient aux humains ; de leur côté, les hommes pouvaient facilement monter au Ciel. A la suite d’une faute rituelle, les communications entre le Ciel et la Terre ont été interrompues, et les Dieux se retirèrent aux plus hauts cieux. Depuis lors, les hommes doivent travailler pour se nourrir et ils ne sont plus immortels.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

PARADIS/ENFER […] la conception de la coexistence éternelle de l’enfer et du paradis éternise le dualisme du bien et du mal : s’il n’est pas depuis toujours, il est pour toujours […] En Orient, très explicitement, c’est l’élément divin de la nature humaine : l’imago Dei, qui se pose en fondement de l’anthropologie. Celle-ci prend son origine antérieurement au péché originel. En effet, chez les Pères, c’est toujours la première destinée, l’état édénique qui définit l’être humain, même après la chute, et pèse sur son destin terrestre.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PARDON L’homme pardonne au nom de Dieu, mais la force, l’efficience et la vérité de ce pardon viennent de Dieu qui l’assume.

Daniel Bourguet (« La Repentance, une Bonne Nouvelle »)

PARDON Il faudrait pouvoir dire à cet homme qu’il nous lasse, à cette femme qu’elle nous trouble, au monde qu’il nous étouffe, si telle est bien la vérité de notre cœur. Et certes sans jamais les haïr, car ce serait aussi dépendre d’une autre manière et distraire nos forces de ce qu’elles nous doivent permettre de construire. Et c’est pourquoi nous devons aussi savoir pardonner, car comme le pardon délie l’offenseur, il libère aussi l’offensé.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)

PARDON Hegel dit vrai quand il montre dans le pardon mutuel des fautes la condition de la constitution d’une communauté morale […] Mais justement, le pardon mutuel constitue la vraie communauté morale ; il ne relève pas précisément de la religion. Et la vraie originalité du message chrétien n’est pas là. Car le problème de la culpabilité est essentiellement un problème psychologique et moral. Or l’essentiel dans le christianisme est l’unité de l’homme et de Dieu dans un être singulier, le Christ. Ce problème-là dépasse toute psychologie ; c’est la vision de l’homme et de Dieu qui en est changée. L’Incarnation de Dieu entraîne la déification de l’homme ; l’unité de l’humain et du divin permet de comprendre la transcendance autrement que comme une différence totale qui entraînerait l’indifférence des hommes à son égard.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002

PARDONNER [...] finalement c'est Dieu qui pardonne à travers notre disponibilité à le faire.

Alphonse & Rachel Goettmann (« Prière de Jésus, Prière du Cœur »)

PARDONNER Ne résiste pas au mal. Rends le bien pour le mal. Pardonne, pardonne, pardonne toujours ! que tel soit le mot d’ordre de ta vie. L’amour de Dieu, c’est le pardon et la compassion mêmes.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

PARENTS Mieux vaut affliger ses parents que le Seigneur. Car Celui-ci nous a créés, et aussi sauvés ; tandis que souvent ceux-là ont causé la perte de ceux qu’ils aimaient et les ont livrés au châtiment.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

PARENTS Moi je suis encore exilée et ne sachant pas montrer ma reconnaissance, je n’ai qu’un seul moyen pour soulager mon cœur : Prier pour les parents que j’aime, qui furent et qui sont encore si bons pour moi.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

PARENTS/ENFANTS Quand le fils et la fille ont appris à écouter leur ange et à suivre ses conseils, leur relation aux parents devient autre ; ils peuvent désormais les aborder en adultes, satisfaits des bons apports qu’ils ont reçu d’eux mais ayant pris une saine distance en face de ce qu’il y avait chez eux de dur et d’aveugle. Les enfants ne sont plus déterminés par la voix des parents, intériorisée dans le surmoi, mais par leur propre voix intérieure, par laquelle l’ange leur parle et leur dit ce qui est bon pour eux.

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »

PARLER Vous parlez lorsque vous cessez d’être en paix avec vos pensées ; et lorsque vous ne pouvez demeurer dans la solitude de votre cœur, vous existez sur vos lèvres dont le son est une diversion et un passe-temps. Et dans la plupart de vos conversations, la pensée se trouve massacrée. Car la pensée est un oiseau de l’espace qui, mis dans une cage de mots, peut à la rigueur déployer ses ailes mais ne peut voler.

Il en est parmi vous qui recherchent le bavardage par peur d’être seuls. Le silence de la solitude révèle à leurs yeux la nudité de leur moi, qu’ils voudraient fuir. Et il y a ceux qui parlent et, sans rien savoir ni préméditer, ils révèlent une vérité qu’ils ne peuvent eux-mêmes comprendre. Et il y a ceux qui portent la vérité en eux-mêmes, mais qui ne la disent pas en mots. Dans la poitrine de ceux-là, l’esprit habite et rythme le silence.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

PAROLE La parole la plus profonde, la plus personnelle, est celle qui provient de la voix divine.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Esprit Guide »)

PAROLE Il y a la parole qui spécule et il y a la parole qui témoigne.

Alphonse Goettmann (« Le Chemin » n° 43)

PAROLE Les paroles intelligibles de Dieu sont comparées à l'eau, comme au lait, au vin et au miel, car ces paroles ont le pouvoir de donner la vie comme l'eau, de favoriser la croissance comme le lait, de faire revivre comme le vin, de purifier et de conserver comme le miel. Tels sont en effet les dons que dispense la divine Sagesse à ceux qui s'approchent d'elle sans convoitise.

Pseudo-Denys l'Aréopagite (Lettre à l'évêque Titos)

PAROLE DE DIEU Il y a une distance entre le texte biblique et la parole de Dieu, et c’est là que se glisse l’Esprit pour faire en sorte que le texte donne accès à la parole.

Daniel Bourguet (« La Méditation de la Bible »)

PAROLE DE DIEU La parole de Dieu méditée dans le silence et la paix se fraye un passage jusqu’au cœur d’une âme humaine. Une soif de se dire, de se faire connaître, de « partager », grandit alors, insatiable.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PARTICIPATION Dans la participation, l’homme réalise l’icône de Dieu, ou la grimace démoniaque d’un singe de Dieu.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PASSÉ Notre passé est là qui nous poursuit partout comme notre ombre. C’est cela que désigne le terme sanscrit de Samsara […] Mais si un être humain a compris le tragique de sa situation, la libération du passé particulier demeure une tâche longue et douloureuse. Mieux cet être s’accepte lui-même, mieux il se comprend, plus il voit qu’il doit lutter toute la journée avec l’hydre aux mille têtes des projections inconscientes.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

PASSÉ/AVENIR Le Christ n’identifie personne à son passé. Son avenir seul compte !

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PASSÉ/PRÉSENT Le présent, qui ne se laisse saisir que pendant une si courte durée de temps et qui échappe ensuite à notre jouissance, paraît aux insensés ne point être fait pour nous, ne point nous appartenir […] Ils ne veulent pas que la vie ait cette unité qui tient dans l’intrication du passé et du présent […] Mais ceux qui ne gardent pas dans leur mémoire le souvenir du passé ni ne le rappellent, mais le laissent insensiblement s’évanouir, se rendent chaque jour en réalité démunis et vides, suspendus au lendemain, puisque l’an dernier, l’avant-veille et la veille ne les concernent pas et ne leur ont pas appartenu.

Plutarque (« La Sérénité Intérieure »)

PASSION Il y a passion quand le supérieur est asservi à l'inférieur.

Eugraph Kovalevsky (« La Quête de l'Esprit »)

PASSIONS Nous avons donné le livre de la loi à Moïse, et nous l’avons fait suivre par d’autres envoyés ; nous avons accordé à Jésus, fils de Marie, des signes manifestes (de sa mission) et nous l’avons fortifié par l’esprit de la sainteté. Toutes les fois que les envoyés du Seigneur vous apporteront une doctrine qui heurte vos passions, leur résisterez-vous orgueilleusement, en accuserez-vous une partie de mensonge, et massacrerez-vous les autres ?

Le Coran (Sourate II, v. 81)

PASSIONS Les passions de la pesanteur - gloutonnerie, avarice, sensualité close et perverse - ne retiennent des choses et des êtres que ce qui leur correspond. Ils sont réduits, pour reprendre les expressions si caractéristiques du langage courant, à ce qui « tombe sous les sens », à ce qu'on peut « se mettre sous la dent ». Ils deviennent opaques. Répétition du geste d'Adam qui mange au lieu de respecter. Au lieu de faire confiance.

Olivier Clément (« Sources Vives » n° 63 – « Comment Aimer? »)

PASSIONS Il est nécessaire que la mer s’agite, se soulève et se déchaîne, pour rejeter sur le rivage tout le bois, les déchets et les débris végétaux qu’y ont déversés les fleuves des passions. Soyons observateurs, et nous
constaterons qu’après la tempête sur la mer, il se fait un grand calme.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

PASSIONS Les passions sont des « possessions » à divers degrés d'intensité.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)

PASSION/RAISON Les passions n’affaiblissent jamais une raison stable, elles naissent d’une raison qui vacille.

Pierre Maréchaux (Introduction à « La Sérénité Intérieure », Plutarque)

PATIENCE […] dans l’injure brille la patience, reine, qui domine et dirige toutes les vertus, parce qu’elle est la moëlle de la charité. Elle montre et rassemble les vertus dans l’âme, montre si elles sont vertus fondées en moi, Vérité éternelle, ou non. Elle vainc et n’est jamais vaincue ; elle est accompagnée de la force et de la persévérance, comme il est dit, elle rentre à la maison avec la victoire : sortis du champ de bataille, ils [mes serviteurs] reviennent à moi, Père éternel, rémunérateur de toutes leurs fatigues, et reçoivent de moi la couronne de gloire.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PÂTRE Pâtres, qui passez les nuits dans les champs, opprobres des êtres, qui n'êtes que ventres, nous savons dire beaucoup de contes imaginaires, semblables à la vérité ; mais nous savons, quand il nous plaît, faire entendre aussi des réalités.

Hésiode (« Théogonie »)

PATRIARCHE L’Occident est ivre de jeunesse, hanté par l’adolescence et il a perdu un personnage essentiel, celui du vieux sage, celui du patriarche.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

PATRIE Les êtres spirituels ressentent profondément qu’ils sont « étrangers et voyageurs sur la terre », selon l’expression de l’apôtre Paul . Des pérégrins, c’est-à-dire étrangers, ils deviennent pèlerins à la recherche de leur patrie véritable.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

PATRIE Notre patrie, c’est le lieu d’où nous sommes venus, et notre père est là-bas.

Plotin (« Ennéades », Traité I,6)

PAUL (APÔTRE ~) Tant que l’apôtre Paul ne connaissait pas le Seigneur, il Le persécutait ; mais lorsqu’Il le connut, il parcourut le monde entier en annonçant le Christ.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PAUVRE Ce n’est pas celui qui a peu mais celui qui désire plus, qui est pauvre. Qu’importe, en effet, combien d’or gît dans ses coffres, combien de blé dans ses greniers, combien d’animaux il a au pâturage, ou d’argent placé, s’il convoite le bien d’autrui, s’il compte non ce qu’il a acquis mais ce qu’il doit acquérir ?

Sénèque (Lettre II à Lucilius)

PAUVRE Le cœur voit toujours exaucé son désir le plus sérieux et le plus pur. J’ai pu m’en rendre compte à plusieurs reprises. Mon souhait le plus cher était de servir les pauvres. J’ai toujours été amené à vivre parmi eux au point de m’identifier à leur cause.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)

PAUVRE EN ESPRIT Si l’amour universel est ta croyance, lutte avant tout pour obtenir la paix de l’éternel. Si tu possèdes cette paix, revêts le vêtement purificateur de l’humilité. Heureux les pauvres en esprit, car la Vérité est en eux et en eux seuls.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

PAUVRETÉ […] aussi est-ce dans une extrême pauvreté que je vis, parce que je suis au service du dieu.

Socrate (« Apologie de Socrate », Platon)

PÉCHÉ Pleurer ses péchés constitue l'indispensable noviciat de la vie ascétique et plus encore la marque du progrès et l'apanage de la perfection.

Jean-Yves Leloup (« Ecrits sur l'Hésychasme »)

PÉCHÉ Le Christ étant Dieu et en même temps un homme qui n’a encore jamais péché, sa justice étant invincible, éternelle et toute-puissante, s’il fait siens, grâce à l’anneau de l’épouse, c’est-à-dire grâce à la foi, les péchés de l’âme croyante et fait comme s’il les avait lui-même commis, alors les péchés doivent s’engloutir et se noyer en lui.

Martin Luther (« De la Liberté du Chrétien »)

PÉCHÉ Le contraire du péché n'est pas la vertu mais la foi.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l'Esprit »)

PÉCHÉ L'essence du péché n'est pas la transgression d'une norme éthique, mais un éloignement de la vie éternelle et divine pour laquelle l'homme est créé et à laquelle il est naturellement - c'est-à-dire conformément à sa nature - appelé.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)

PÉCHÉ Peuples de la terre, ne vous laissez pas écraser par la dureté de la vie. Luttez seulement contre le péché et demandez l’aide du Seigneur ; Il vous la donnera, car Il est miséricordieux et nous aime.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PÉCHÉ Il n'y a pas de péché impardonnable, hormis celui dont on ne se repent pas.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)

PÉCHÉ DU MONDE Comment Jean-Baptiste est est-il arrivé à parler ainsi du « péché du monde », alors que rien dans les Écritures ne l’avait préparé à en parler ? Tout simplement parce que Jésus lui-même a confessé devant lui ce péché-là […] Avec le Christ, la repentance a pris une profondeur insoupçonnée par le Baptiste et inconnue jusque là, puisqu’elle concerne le « péché du monde ». […] Le péché du monde n’est pas une faute morale, mais une faute spirituelle qu’il est impossible de confesser, car elle a trop profondément meurtri le cœur de Dieu. […] Aucun rituel n’est prévu dans la Loi de l’Ancien Testament pour l’expiation du péché du monde, car aucun rituel ne peut soigner la blessure de Dieu ! […] Le péché du monde est le plus profond des péchés collectifs. C’est un péché dont nous sommes tous responsables et dont nous portons tous la trace en nous ; mais aussi un péché dont nous sommes tous pardonnés en Christ, comme l’atteste notre baptême. C’est un péché qui laisse sur le monde une culpabilité diffuse, dont souffrent parfois quelques êtres, si j’en crois ce que je perçois aujourd’hui chez certaines personnes qui viennent me visiter.

Daniel Bourguet (« La Repentance, une Bonne Nouvelle »)

PÉCHÉ ORIGINEL On ne trouve cependant pas chez Paul de théorie détaillée sur la crucifixion en tant que rachat de quelque « péché originel » d’Adam : […] cette théologie n’émergea pas avant le IVe siècle et ne fut importante qu’en Occident.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)

PEINE Alors l’âme s’enflammera en cette connaissance de moi avec un amour ineffable, amour par lequel elle se tient en une peine continuelle, non une peine afflictive qui afflige et dessèche l’âme, mais au contraire l’engraisse : parce qu’elle a connu ma vérité et sa propre faute et l’ingratitude et l’aveuglement du prochain, elle en éprouve une peine intolérable : et ainsi elle souffre parce qu’elle m’aime, et si elle ne m’aimait pas, elle ne souffrirait pas […] Et puis ils [mes serviteurs] connaissent que toute peine de cette vie est petite par la petitesse du temps – le temps est comme une pointe d’aiguille et pas plus, et passé le temps, est passée la peine, tu vois donc qu’elle est petite – ils supportent avec patience, et passent sur les épines du moment qui ne leur touchent pas le cœur parce que leur cœur leur est enlevé comme amour sensitif, et placé et uni en moi par désir d’amour.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PEINER Si nous peinons, c’est parce que nous manquons d’amour de notre côté.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

PÉNITENCE Je ne mourrai donc pas dans mes péchés, quand je renais dans la pénitence, mais par cette vraie et pure pénitence que je remets à Dieu, je vivrai pour l’éternité. Ainsi, arraché à la mort, je conterai les merveilles du Seigneur, que j’aime et que je crains, puisque c’est lui qui, loin de me livrer à la mort, m’arracha à la perdition infernale.

Hildegarde de Bingen (« Le Livre des Œuvres Divines »)

PÉNITENCE La pénitence est la conscience de la réponse humaine toujours inadéquate à l'amour de Dieu.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l'Esprit »)

PENSÉE Qu'est-ce que la Pensée ? C'est l'exercice de la conscience intérieure dans sa rencontre avec la totalité du réel.

Simonne Nicolas (« Pour Comprendre la Philosophie »)

PENSÉES Il est des pensées de l’âme qui ne peuvent se traduire en langage de la terre sans perdre leur sens intime et Céleste ; elles sont comme cette « Pierre blanche qui sera donnée au vainqueur et sur laquelle est écrit un nom que nul ne CONNAÎT que CELUI qui la reçoit . »

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

PENSÉE ORIENTALE En quoi la pensée orientale serait-elle hérétique ? Tous ceux qui tentent d’échapper aux nobles de Rome ont connu ces attaques. Je ne citerai que quelques exemples flagrants, saint François d’Assise avec une seule arme, la pauvreté. Jeanne d’Arc, certes manipulée, mais qui éclatait d’un Immense Amour naïf, sans interrogations.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)

PENSÉE PHILOSOPHIQUE

Le dicton selon lequel « la vérité sort de la bouche des enfants et des fous » recèle un sens profond. Pourtant ce n’est pas là que réside l’originalité créatrice à laquelle nous devons les grandes pensées philosophiques ; elle est le fait d’un petit nombre de grands esprits, d’une fraîcheur et d’une indépendance exceptionnelles, surgis au cours des millénaires.

Karl Jaspers (« Introduction à la Philosophie »)

PERCEPTIONS SENSIBLES

Les perceptions sensibles sont conditionnées par nos organes et elles nous trompent, en tous cas elles ne coïncident pas avec ce qui existe en soi hors de nous, indépendamment de la perception que nous en avons.

Karl Jaspers (« Introduction à la Philosophie »)

PÈRE Irrésistible est la décision juste qui tombe de Ta bouche !
Ô divin Juge de tous les hommes !
Installés jusqu’au bout de la Terre,
Tu Te préoccupes de les nourrir, de les abreuver :
Tu es leur véritable Père !
Ils Te célèbrent constamment, ô Seigneur !
Comme si Tu étais leur dieu personnel !

Tigi de Ur-Ninurta à Enki (cité par Jean Bottéro)

PÈRE La fonction du père est de détacher peu à peu l’enfant des jupes de sa mère et de familiariser progressivement celui-ci avec le monde.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

PÈRE Notre Père souverain, Dieu tout-puissant, qui est l’Être, nous connaît et nous aime antérieurement à l’existence du temps.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

PÈRE La crise éducative contemporaine nous remet devant les yeux une évidence : beaucoup d’enfants souffrent d’une carence affective qui elle-même dépend pour une bonne part de l’affaiblissement, quand ce n’est pas l’éclipse totale, du rôle du père dans la famille.

Jean-Marie Meyer (« Sources Vives » n° 82, « Montre-nous le Père »)

PÈRE Dieu a voulu associer l’homme à Son être, à Sa vie. Il lui donne de pouvoir être Créateur et Sauveur avec Lui… Il lui donne de « mettre au monde » un petit d’homme ; ce qui fait dire au Père Goriot de Balzac : « C’est quand je suis devenu père que j’ai compris qui était Dieu »… Il lui donne aussi de « mettre au monde », au monde éternel de l’amour, cet être fragile, ce compagnon, cette compagne.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PÈRE SPIRITUEL Celui qui découvre (à son père spirituel) tous les serpents (de ses mauvaises pensées) montre clairement sa confiance envers lui ; mais celui qui les cache s’égare aussitôt dans des déserts sans chemins.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

PÈRES (PENSÉE DES) L’assimilation créatrice de la pensée des Pères, la refonte des éléments de la tradition et des sciences diverses dans une synthèse vigoureuse, sera probablement l’œuvre majeure du vingtième siècle.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PERFECTION Lorsque les pouvoirs entiers de l’intellect, de l’émotion et de la volonté sont concentrés sur l’éternelle Réalité, un être humain atteint dans son action la plus haute perfection.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

PERFECTIONNISME La recherche de la gloire se manifeste aujourd’hui particulièrement dans le perfectionnisme. Nous craignons de faire des erreurs et nous nous voudrions infaillibles. La source de ce perfectionnisme remonte souvent à l’enfance où nous étions reconnus en proportion de notre capacité à être parfaits.

Dom Anselm Grün (« Invitation à la Sérénité du Cœur »)

PERLE Il y avait là une vingtaine de jeunes filles, décidées à consacrer toute leur vie à la louange, à l’adoration.
Elles n’auront plus jamais rien, ni du temps à elles, ni un lieu à elles, ni un seul objet. Ayant largué toutes les perles, elles rehaussent, par l’éclat de leur joie, le prix de la perle unique : Jésus-Christ. Elles vivent d’amour et d’eau fraîche. Leur bonheur contagieux crie l’existence de l’Essentiel.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PERSÉVÉRANCE Notre persévérance est portée par la persévérance de Dieu.

Daniel Bourguet (« La Méditation de la Bible »)

PERSONNALITÉ L’individu dont on dit qu’il a une personnalité forte ne présente qu’un mélange particulier des éléments de la nature, avec quelques traits prononcés, et, malgré ces derniers, produit l’impression du « déjà vu ». Un mystique frappe par son visage unique au monde, par sa lumière toujours très personnelle. Il n’a jamais été vu auparavant.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PERSONNE/INDIVIDU Celui qui vit dans la division n’est pas une personne mais un individu.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

PERSONNE HUMAINE Il y a à l’intérieur de moi-même des profondeurs cachées, inexplorées, qui dépassent mon entendement. Mystérieuse, créée à l’image du Dieu vivant, la personne humaine est faite de quatre éléments essentiels : la liberté, l’action de grâces, la communion et la croissance.

Kallistos Ware (« Le Royaume Intérieur »)

PEUPLE ÉLU De l’époque où fut écrit le Deutéronome au fondamentalisme juif, chrétien et musulman qui sévit malheureusement de plus en plus aujourd’hui, le mythe du peuple élu a souvent engendré une théologie étroite, tribale.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)

PEUR « Seigneur Dieu, je suis en train d’essayer de retrouver ma foi. Ne m’abandonnez pas au milieu d’une histoire comme celle-ci », ai-je demandé, repoussant la peur au loin.

Paulo Coelho (« Sur le Bord de la Rivière Piedra… »)

PEUR Et celui qui a peur de saigner c’est qu’il a peur de vivre.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PHARISAÏSME Le moralisme règle la conduite la soumettant aux impératifs moraux. Mais toute construction basée sur les seules forces naturelles est fragile, et la façade éthique peut bien cacher le pharisaïsme de l’ «orgueil des humbles ». Or, « la vertu » selon les ascètes est le dynamisme humain déclenché par la présence de Dieu.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PHILOCALIE Les Pères ont raison de dire que la philocalie est la clé qui découvre les mystères ensevelis sous l'Ecriture.

Récits du Pèlerin Russe

PHILOSOPHE Le vrai philosophe ne fait pas que spéculer, il se transforme.

Jean-Yves Leloup (« Prendre Soin de l'Être »)

PHILOSOPHER Citoyens, j’ai pour vous la considération et l’affection les plus grandes, mais j’obéirai au dieu plutôt qu’à vous ; jusqu’à mon dernier souffle et tant que j’en serai capable, je continuerai de philosopher, c’est-à-dire de vous adresser des recommandations et de faire la leçon à celui d’entre vous que, en toute occasion, je rencontrerai, en lui tenant les propos que j’ai coutume de tenir : « Ô le meilleur des hommes, toi qui es Athénien, un citoyen de la cité la plus importante et la plus renommée dans les domaines de la sagesse et de la puissance, n’as-tu pas honte de te soucier de la façon d’augmenter le plus possible richesses, réputation et honneurs, alors que tu n’as aucun souci de la pensée, de la vérité et de l’amélioration de ton âme, et que tu n’y songes même pas ? ».

Socrate (« Apologie de Socrate », Platon)

PHILOSOPHIE Le Fils de Dieu crucifié est l’événement historique contre lequel se brise toute tentative de l’esprit pour construire sur des argumentations seulement humaines une justification suffisante du sens de l’existence. Le vrai point central, qui défie toute philosophie, est la mort en croix de Jésus-Christ.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)

PHYLÉTISME L'opinion qui veut fonder l'unité d'une Église locale sur un principe politique, ethnique ou culturel est réputée par l'Eglise orthodoxe comme hérésie spécialement désignée par le nom de phylétisme.

Vladimir Lossky (« Essai sur la Théologie Mystique de l'Eglise d'Orient »)

PIERRE D’ACHOPPEMENT

De la pierre d’achoppement, l’ange fait le support où s’appuie l’échelle qui relie la terre au ciel. C’est là même où nous trébuchons et tombons, là où nous échouons, qu’un ange peut venir nous ouvrir le ciel ; là où les autres ont mis une pierre sur notre chemin que notre horizon s’élargit, et nous voyons alors quel est le but de notre existence. Ce n’est pas pour rien que Jacob, à la fin de l’histoire, ramasse la pierre : « Il la dressa comme une stèle et répandit de l’huile sur son sommet » (Gn 28/18). Elle devient pour lui le mémorial de la promesse que Dieu, en lui parlant, lui a faite de le mener au but. Jacob y verse de l’huile : il sait traiter avec douceur et délicatesse la dureté de la pierre, les obstacles qu’il rencontre dans sa vie, en faisant ainsi un lieu de fécondité, un de ces lieux où quelque chose en nous peut pousser et mûrir.

Dom Anselm Grün, o.s.b. (« Chacun cherche son ange »)

PIÉTÉ Dieu ne reçoit ni le sang ni la chair des victimes ; mais votre piété monte vers lui.

Le Coran (Sourate XXII, v. 38)

PITIÉ Dans la perspective désormais élargie où nous placent la découverte de la parenté et donc de la solidarité des êtres, comme le sens croissant de l’unité du cosmos, un changement d’attitude se révélera-t-il possible, avec le double et tardif épanouissement chez l’homme de l’humilité et de la pitié ? On souhaiterait parvenir à le croire.

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)

PILATE […] cet orgueil est né de l’amour-propre sensitif et de cette crainte perverse qu’eut Pilate, qui par crainte de perdre sa puissance, tua Christ, mon Fils unique.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PLAINDRE (SE) Celui qui se plaint de la nature du monde ne sait pas ce qu’il fait et jusqu’où va son audace. C’est qu’il ignore l’ordre continu des choses, des premières aux secondes, puis aux troisièmes, et ainsi de suite jusqu’aux dernières, et il ne sait pas qu’il ne faut pas insulter des êtres parce qu’ils sont inférieurs aux premiers ; mais il faut accepter avec douceur la nature de tous les êtres.

Plotin (« Ennéades »)

PLAISIR Souvent, c’est en niant le plaisir que vous l’enfermez dans les recoins de votre être. Qui sait si ce qui a été oublié aujourd’hui n’attend pas demain ? Même votre corps connaît son héritage et son juste besoin qui ne sera pas déçu. Et c’est à vous de voir si vous en tirez douce musique ou son confus.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

PLATITUDES Si on échange uniquement des platitudes, pour quelqu'un qui a dépassé ce plan-là, c'est une souffrance.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Esprit Guide »)

PLÉNITUDE Le double mouvement du limité vers l’illimité et du changement vers l’éternel représente la seule chance véritable pour l’homme d’arriver un jour à une satisfaction parfaite et à un sentiment de plénitude.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

PLURALISME Pour qui a découvert le haut enseignement d’un pluralisme convaincu et généreux, le temps de l’orgueil s’achève : il n’y a plus la Civilisation mais des civilisations, des styles de vie, des modes divers de sentir, de penser et de prier.

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)

PNEUMATIKOI Ciel et terre annoncent une nouvelle alliance. Celle-ci est vécue par les pneumatikoi .

Marie-Magdeleine Davy (« Le Désert Intérieur »)

POLITIQUE Nos gouvernants s’y entendent pour divertir le citoyen […] Télévision et cinéma sont des écrans derrière lesquels la réalité finit par avoir moins de saveur et de consistance que la fiction. La politique c’est aussi l’art d’endormir l’attention et la vigilance des citoyens.

Théodore Monod (« Révérence à la vie »)

PONCE PILATE L’ombre de Ponce Pilate assombrit les fastes de l’Occident.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

POSSÉDER L’homme libre a sur soi le recul apaisé d’un être qui sait ne rien convoiter qui le posséderait à son tour. Être libre à l’égard de toutes choses, c’est n’être riche d’aucune d’entre elles […] Car ce que nous possédons nous possède et nous ne pouvons nous en libérer qu’en nous en séparant.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)

POTIER DIVIN Le potier divin pose sa main sur le vase de notre humanité, abîmé par le péché, et il le brise pour pouvoir le refaçonner sur son tour et lui rendre sa gloire initiale. La mort, en ce sens, est aussi l’instrument de notre restauration.

Kallistos Ware (« Le Royaume Intérieur »)

POUVOIRS DE DIEU Jésus avait affirmé que les dunameis (pouvoirs) de Dieu n’étaient pas réservés à lui seul. Paul développe cette intuition en soutenant que Jésus a été le premier exemple d’un autre type d’humanité.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)

PRATIQUANTS […] quand bien même une majorité de six milliards d’hommes environ qu’on dénombre aujourd’hui sur terre se réclament d’une foi ou d’une autre, l’influence de la religion sur leur vie est généralement marginale, en particulier dans le monde développé. Il n’est pas certain que, globalement, on compte même un milliard de pratiquants fervents, c’est-à-dire de gens qui, dans le quotidien, s’efforcent d’appliquer fidèlement les principes et préceptes de leur foi.

Tenzin Gyatso (XIVe dalaï-lama), « Sagesse ancienne, monde moderne »

PRÉCURSEUR Il est un mauvais esprit, qu’on appelle le précurseur, qui nous assaille aussitôt que nous nous éveillons du sommeil pour souiller notre première pensée. Donne au Seigneur les prémices de ta journée, car elle appartiendra à celui qui en aura pris possession le premier. Un excellent travailleur m’a dit cette parole mémorable : « D’après le début de ma journée, je sais quel en sera tout le déroulement ».

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

PRÉDATEURS Le désert commence, hélas, à intéresser les prédateurs […] Il m’a été rappelé que certains touristes bronzent en tenue de plage, que des femmes européennes se baignent dans les grandes grueltas comme dans une piscine, cela devant les nomades au mépris de leurs coutumes. Certes, c’est plus original que de griller recto verso sur les plages de France et de nager dans les eaux troubles de la Méditerranée.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)

PRÉDICATION Le véritable christianisme n'est presque pas prêché dans le monde, car cette prédication excède les forces de l'homme.

Archimandrite Sophrony ("Starets Silouane")

PRÉFÉRÉ DE DIEU […] un seul enfant des hommes est plus précieux
que l’univers entier avec ses vagues et ses torrents,
avec ses millions de fleurs et de collines,
avec ses milliards d’étoiles…
Un seul enfant des hommes !… éperdument préféré de Dieu.]

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PRÉJUGÉ Si vous ne savez pas douter, vous ne pouvez être un homme de foi. Vous ne pouvez pas croire en Dieu si vous n’êtes pas capable de contester la valeur d’un préjugé, fut-ce un préjugé religieux. La foi n’est pas une acceptation aveugle et sans réserve, un jugement tout fait. C’est une décision, un jugement accepté délibérément et entièrement, à la lumière d’une vérité qui ne peut être prouvée, et non la simple acceptation d’une décision prise par quelqu’un d’autre.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

PREMIER-NÉ Un premier-né passait souvent pour la progéniture d’un dieu, qui aurait usé alors d’une sorte de « droit du seigneur » en fécondant la future mère. Ce faisant, le dieu avait gaspillé une partie de son énergie ; pour la lui restituer et assurer ainsi la circulation de tout le mana disponible, l’enfant devait être rendu à son géniteur divin. Le cas d’Isaac était cependant tout à fait différent. Isaac avait été un don de Dieu, et non pas son fils naturel. Il n’existait aucune raison à son sacrifice, aucun besoin de restituer l’énergie divine.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)

PRESCIENCE Les démons ne savent rien par prescience ; aussi bien, les médecins peuvent aussi nous prédire la mort des malades.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

PRIER Prier pour les hommes, c'est verser son sang.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PRIER Vous priez en votre détresse et besoin ; puissiez-vous prier aussi dans la plénitude de votre joie et durant vos jours d’abondance.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

PRIÈRE A partir du moment où l’homme se figure avoir, au-dessus de lui, même invisible, imperceptible, sous les espèces de ces personnalités surnaturelles que les insolubles énigmes du monde et de lui-même l’avaient contraint à poser, des Maîtres, des Patrons, à qui il attribue la toute-puissance non moins que la faculté d’intervenir partout dans les affaires de l’Univers, et surtout dans les siennes propres, il est fatal qu’en cas de besoin, il se tourne vers Eux, voire vers tel ou tel d’entre Eux, et, pour lointain, sublime et écrasant qu’il Le tienne, Le prenant pour interlocuteur, il exhale à Son adresse tout ce qu’il a sur le cœur : ses sentiments, ses désirs, ses craintes, ses angoisses, ses besoins, ses regrets, ses repentirs et ses rêves – tout ce que l’on se sent parfois pressé d’extérioriser, et encore davantage dans le vague espoir d’une suite heureuse donnée à ces aspirations. La prière est d’abord individuelle et spontanée : c’est, normalement, un geste religieux premier et comme instinctif.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

PRIÈRE Par la prière, nous n'attirons pas le Christ du ciel, nous le découvrons à l'intérieur de nous-mêmes. A cause de son amour immense, de son extrême miséricorde, et de l'offrande de soi qu'il a réalisée pour notre salut, il lui a plu d'habiter, par le baptême, notre homme nouveau.

Père Matta-El-Mâskine (« L'Expérience de Dieu dans la Vie de Prière »)

PRIÈRE La vie de prière, sa densité, sa profondeur, son rythme, mesurent notre santé spirituelle et nous révèlent à nous-mêmes.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l'Esprit »)

PRIÈRE [La prière] est rappel constant à Dieu. Car, cinq fois par jour, je me soustrais du temps évanescent pour m'insérer dans le Temps de Dieu : cinq fois par jour, je coupe court aux sollicitations du monde pour me recentrer.

Eric Geoffroy (« L'Instant Soufi »)

PRIÈRE Notre prière la plus haute a pour cible la bonté de Dieu, qui s'abaisse jusqu'à nos besoins les plus bas. Elle est l'étincelle de notre âme. Elle la vivifie. Elle la fait croître en grâce et en vertu. Elle est l'attribut divin le plus proche de la nature, le plus prompt en grâce. Elle est la grâce même que l'âme cherche et cherchera à jamais, jusqu'à ce que nous connaissions dans la vérité notre Dieu, qui nous a tous enclos en lui.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

PRIÈRE Et la prière, seule, enseigne l’amour.
L’amour est un feu. La prière est le bois qui l’alimente.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PRIÈRE Dans le Saint-Esprit, tous les Cieux voient la terre, entendent nos prières et les portent à Dieu.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PRIÈRE Qu’elle est donc grande la puissance de la Prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant libre accès auprès du roi et pouvant obtenir tout ce qu’elle demande […] enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)

PRIVATION Si la privation de quelque chose t’afflige, c’est que tu ne t’es pas entièrement abandonné à la volonté de Dieu tout en ayant, peut-être, l’impression de vivre selon sa volonté.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

PROCHAIN Car Je te fais savoir que toute vertu s’exerce par le moyen du prochain, et de même tout défaut. Celui qui est contre moi cause dommage au prochain et à lui-même, qui est son principal prochain […] Toutes les vertus s’éprouvent et s’enfantent dans le prochain comme les iniques enfantent tous les vices dans leur prochain.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PROCHAIN Vois, Paul a ici [Ph. 2/1-4] clairement décrit une vie chrétienne : toute œuvre doit y viser au bien du prochain, dans la mesure où chacun est pour lui-même comblé dans sa propre foi et où il lui reste toutes les autres œuvres et toute la vie pour servir son prochain d’un libre amour […] Car de même que notre prochain souffre de misère et qu’il a besoin de ce que nous avons en trop, de même nous avons souffert de misère devant Dieu et nous avons eu besoin de sa grâce.

Martin Luther (« De la Liberté du Chrétien »)

PROCHAIN (AMOUR DU)

L’amour qui a sa source en Jésus-Christ […] le sert lui seul et il sait qu’il n’y a pas de voie d’accès directe vers le prochain. Le Christ se tient entre moi et le prochain. Ce qu’est l’amour du prochain, je ne le sais pas en partant d’abord d’un concept général de l’amour né d’une nostalgie intérieure – pour le Christ un tel sentiment peut au contraire n’être précisément qu’une forme de la haine ou de l’égoïsme le plus nuisible – mais c’est le Christ seul qui me le dit dans sa Parole. Lui me dira, à l’encontre de mes idées et convictions personnelles, comment je puis aimer mon frère en vérité.

Dietrich Bonhoeffer (« De la Vie Communautaire »)

PRODUIRE/CONSOMMER

Lorsqu’une société mobilise l’homme vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour produire et consommer, qu’on ne s’étonne pas que les plus sensibles périssent ! L’homme n’est pas fait pour ça !

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

PROFONDEUR L'homme narcissique et prédateur se jette sur les êtres et les choses et donc masque et manque leur profondeur.

Olivier Clément (« Sources Vives » n° 63 – « Comment Aimer? »)

PROFONDEUR Les gens qui vivent en surface ne peuvent pas s'apercevoir de la profondeur de l'autre.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Esprit Guide »)

PROMESSE Dans nos périodes de crise, dans les temps où nous ne voyons devant nous aucune issue, nous devrions nous mettre en quête de l’ange Gabriel, pour nous entretenir avec lui et lui demander ce qu’il peut nous promettre. Car au-dessus de chacun de nous est inscrite une promesse.

Dom Anselm Grün, o.s.b., (« Chacun cherche son ange »)

PROPHÈTE Un prophète n’est pas un devin qui prédit d’avance les événements. Un prophète est celui qui est sensible aux desseins de Dieu dans le monde et qui se place dans la marche implacable de sa grâce.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PROSOPON/HYPOSTASE

Le prosopon , c’est l’aspect psychologique d’un être tourné vers son propre monde intérieur, vers la conscience de soi-même, et, comme tel, il suit l’évolution passe par les âges de sa propre connaissance et les degrés d’appropriation de la nature dont il est porteur. L’hypostase a l’aspect de l’être ouvert et transcendant vers l’Autre. C’est ce second aspect qui est décisif pour saisir la dimension théandrique de la personne, sans jamais oublier que la Personne dans le sens absolu n’existe qu’en Dieu et que toute personne humaine n’est que son image […]

Le mystère de la personne en tant qu’hypostase est dans l’acte de sa propre transcendance vers l’Autre : C’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes (Act. 17, 28).

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

PROTESTANT Être « protestant », ce n’est pas « protester », je vous rassure. Le mot vient du latin « affirmer ». Protestati sumus, c’est-à-dire « nous affirmons que » est la déclaration de la première profession de foi protestante. Affirmer et non pas protester.

Théodore Monod (« Révérence à la vie »)

PROTESTANTISME En transférant de l’Église sur l’Écriture le rôle de véhicule de la foi et du salut, le protestantisme relativise, en réalité, les capacités de tout pouvoir humain.

Franck Lessay (« Éthique protestante et éthos démocratique ») in Cités n° 12/2002

PROTESTER Nous pouvons vivre en protestant silencieusement.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)

PROVIDENCE La Providence pourvoit à tous les besoins de celui qui se confie à elle.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)

PROVIDENCE Cette infinie et éternelle providence de moi, Dieu, votre Père, Trinité éternelle, pourvut à revêtir l’homme qui, ayant perdu le vêtement de l’innocence et dénudé de toute vertu, périssait de faim et mourait de froid en cette vie de pérégrination […] Ma providence lui a donné la nourriture pour le soutenir tant qu’il est voyageur et pèlerin en cette vie […] et J’ai fait affaiblir ses ennemis, et personne ne peut lui nuire, sinon lui-même […] Ma providence ne manquera jamais à qui voudra la recevoir.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PSYCHAGOGIQUE L’ordre de lecture des traités [de Plotin] est avant tout « psychagogique » , c’est-à-dire qu’il doit mener l’âme de qui s’y consacre à l’excellence […] Lire Plotin, ce n’est plus alors apprendre une doctrine, c’est se découvrir soi-même et devenir meilleur, apprendre à se séparer du monde sensible, jusqu’au point ultime où, assimilé à l’intelligible, l’on pourra enfin contempler le principe de toutes choses, l’Un.

Luc Brisson et Jean-François Pradeau (Plotin, « Traités »)

PSYCHIQUE/SPIRITUEL

Toute réalité d’ordre spirituel repose sur la parole claire et évidente que Dieu nous a adressée en Jésus-Christ. Au contraire le fond d’où procèdent les réalités d’ordre psychique, c’est l’ensemble trouble des passions et des désirs qui agitent l’âme humaine.

L’amour psychique est une convoitise et non pas un service ; il convoite le prochain, sa compagnie, son amour. Il est convoitise là même où il se donne toutes les apparences d’un service […] l’amour spirituel se manifeste, dans tout ce qu’il dit et fait, par son souci de placer le prochain devant le Christ souverain. Il ne cherche pas à agir sur l’émotivité des gens en donnant à son action un caractère trop personnel et direct ; il renoncera à s’introduire indiscrètement dans la vie d’autrui et à se réjouir des manifestations purement sentimentales et exaltées de la piété.

Dietrich Bonhoeffer (« De la Vie Communautaire »)

PSYCHISME Tout être humain a son ange : il y a en lui quelque chose qui descend avec lui dans le feu dévorant [des passions], qui le préserve de ses flammes intérieures. Tout être a en lui-même un lieu d’où il peut regarder ce feu sans s’y brûler. Ce lieu d’où il nous est possible d’évaluer ce qui se passe en nous, on pourrait l’appeler la conscience morale ; ou bien il s’agit de notre soi profond, cette image divine inaltérée en nous, qui sait percevoir ce qui se passe dans notre psychisme sans en être déterminé.

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »

PSYCHISME/PSYCHÉ Pour résumer, je dirai que seule l’âme charnelle est envisagée et admise dans le monde actuel (sous la forme du psychisme), donc que toute recherche supérieure, toute démarche mystique deviennent véritablement incompréhensibles à nos contemporains du fait même que la dimension immortelle de l’âme a été voilée dans l’occident moderne […]

Le monde de la psyché est un monde intermédiaire, fluctuant, entre le physique et le spirituel : sa nature est d’être mouvant, troublé, jamais stable ni assuré. Que bâtir dès lors sur ce sable qui fuit ?

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

PUISSANCE [DE DIEU]

Ma puissance est inestimable et à travers ma puissance et ma vertu Je gouverne tout l’univers : aucune chose n’est faite et gouvernée sans moi ; c’est pourquoi Je suis le travailleur qui ai planté la vraie vigne de mon Fils unique dans la terre de votre humanité, afin que vous, sarments, unis à la vigne, donniez du fruit.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PUNIR Ne sais-tu pas, ma fille, que toutes les peines que supporte ou peut supporter l’âme en cette vie, ne sont suffisantes pour punir la moindre faute ? Parce que l’offense qui m’est faite, à moi qui suis le Bien infini, requiert une satisfaction infinie. Partant je veux que tu saches que les peines données en cette vie ne sont pas données comme punition, mais comme correction, pour châtier l’enfant quand il fait offense. Voici ce qui est vrai : on satisfait par le désir de l’âme, c’est-à-dire par la vraie contrition et le vrai regret du péché. La vraie contrition satisfait à la faute et à la peine, non par une peine finie qu’elle supporterait, mais par le désir infini parce que Dieu qui est infini veut infini amour et infinie douleur.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PURETÉ Et c’est pourquoi les hommes du monde tombent en tant d’iniquités parce qu’ils sont séparés de moi, mais l’âme qui directement s’unit en moi participe à ma pureté.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

PUSILLANIMITÉ La langueur et la pusillanimité ennemie de l’exercice naissent du laisser-aller de l’âme qui vaque toujours au plus simple, et se détourne des contrariétés pour suivre la pente naturelle du bon plaisir.

Plutarque (« La Sérénité Intérieure »)