C comme

CABALE Pour traduire cette dynamique divine, la Cabale a utilisé l’image de l’arbre. L’arbre n’est-il pas en effet, en se déployant simultanément dans la terre et dans le ciel comme il le fait, l’image même du dynamisme incarné de la vie ? Ne nous montre-t-il pas comment, en outre, la vie devient multiple tout en restant une grâce à un mouvement d’arborescence ? Toute la vie n’est-elle pas à l’image d’un tel arbre ? En partant de la structure de l’arbre, la Cabale a développé une science des correspondances destinée à faire percevoir – à travers les
liens secrets des choses entre elles sur le plan horizontal – les liens du plan horizontal avec le plan vertical de Dieu.

Bertrand Vergely (« Les Philosophes du Moyen-Âge et de la Renaissance »)
 

CALICE Depuis longtemps je ne m’appartiens plus, je suis livrée totalement à Jésus, il est donc libre de faire de moi ce qu’il lui plaira. Il m’a donné l’attrait d’un exil complet, il m’a fait comprendre toutes les souffrances que j’y rencontrerais, me demandant si je voulais boire ce calice jusqu’à la lie ; aussitôt j’ai voulu saisir cette coupe que Jésus me présentait, mais Lui, retirant sa main, me fit comprendre que l’acceptation Le contentait.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

CALME Le calme juste est une force née de notre origine céleste. Lorsqu'il émane d'un être, son action est à la fois ordre et apaisement.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Homme et sa Double Origine »)
 

CANTIQUE DES CANTIQUES Le CANTIQUE DES CANTIQUES chante les noces du Verbe et de la Colombe. L’amour est l’aimant, l’âme toujours attirée plus violemment se jette dans la ténèbre lumineuse de Dieu. Ce passage vers l’homme intérieur et caché du cœur enveloppe l’âme de plus en plus par la présence. Dieu habite le centre mais demeure inaccessible ; l’immanence de sa présence dans ses énergies n’abolit jamais la transcendance de son être en soi. On sent l’impuissance des mots : ténèbre lumineuse, ivresse sobre, puits d’eau vive, mouvement immobile. « Tu es devenue belle en t’approchant de ma lumière, ton approche a attiré sur toi la participation de ma beauté. »

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

CATACLYSME ESCHATOLOGIQUE

[…] dans la conception iranienne, qu’elle soit ou non suivie du temps infini, l’histoire n’est pas éternelle ; elle ne se répète pas, mais elle prendra fin au jour par une ekpyrosis et un cataclysme eschatologiques. Car la catastrophe finale qui mettra fin à l’histoire sera en même temps un jugement de cette histoire.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

CATÉCHÈSE Ce que communique la catéchèse […] ce n’est pas un corps de vérités conceptuelles, mais le mystère du Dieu vivant.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)
 

CATHOLICITÉ La loi du monde physique, où chaque être ne vit que par la destruction et la mort des autres, fait place à la loi spirituelle de la « catholicité », qui régit le monde de l'esprit où chaque personne porte l'universel et vit de la vie des autres.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l’Esprit »)
 

CELLULE Cadre extérieur de l’hésychia , la cellule est d’abord l’atelier de la prière incessante.

Kallistos Ware (« Le Royaume Intérieur »)
 

CENSURE La censure, fondée sur les jugements de valeur ou sur l’horreur de certains souvenirs oubliés de force, est devenue une part de nous-même et ce n’est pas une petite affaire de la miner jusqu’à ce qu’elle soit emportée par le flot de la source inconsciente qui se révèle alors comme un raz-de-marée.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

CHAIR/ESPRIT Il ne faut pas comprendre ici la chair et l’esprit comme si la chair concernait seulement l’intempérance et l’esprit l’intérieur du cœur. Paul appelle en fait chair, comme le Christ (Jn 3), tout ce qui est né de la chair, l’homme tout entier, avec son corps et son âme, sa raison et tous ses sens. Tout en lui par conséquent tend vers la chair, pour que tu saches bien qu’il faut aussi appeler charnel celui qui, sans l’aide de la grâce, se fait des idées, enseigne et bavarde tant et plus sur des sujets élevés et spirituels.

Martin Luther (« De la Liberté du Chrétien »)
 

CHANCE […] en akkadien, « avoir de la chance » se disait : « avoir un dieu » – pour soi.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)
 

CHANGEMENT/IMMUABILITÉ

Platon avait la conviction que le monde divin était statique, sans changement. Les Grecs considéraient le mouvement et le changement comme les signes d’une réalité inférieure : ce qui avait une véritable identité restait toujours identique, caractérisé par la permanence et l’immuabilité.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)
 

CHANGEMENT Seule l’acceptation du changement peut donner accès à l’écran immuable sur lequel se déroule le film indéfini des apparences. Une libération par rapport au temps, c’est la perception de ce qui est au-delà du changement […] Le chemin vers la libération du temps passe par la destruction de cette ignorance qui nous rend aveugles au changement et à l’instantanéité ou, plus exactement, à l’absence même de tout instant et de tout point d’appui fixe.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

CHANT Le chant est un bon moyen de dissoudre les nœuds de l'angoisse.

Jean-Yves Leloup (« Prendre Soin de l’Être »)
 

CHAOS […] les régions désertiques habitées par des monstres, les territoires incultes, les mers inconnues où aucun navigateur n’a osé s’aventurer, etc., ne partagent pas avec la ville de Babylone ou le nome égyptien le privilège d’un prototype différencié. Ils correspondent à un modèle mythique, mais d’une autre nature : toutes ces régions sauvages, incultes, etc., sont assimilées au Chaos ; elles participent encore de la modalité indifférenciée, informe, d’avant la Création. C’est pourquoi, lorsqu’on prend possession d’un tel territoire, c’est-à-dire quand on commence à l’exploiter, on accomplit des rites qui répètent symboliquement l’acte de la Création ; la zone inculte est d’abord « cosmisée », ensuite habitée.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

CHAOS Avant qu’existassent la mer et la terre, et le ciel qui couvre l’univers, la nature sur toute l’étendue du monde, n’offrait qu’une apparence unique, ce qu’on a appelé le Chaos, masse informe et confuse qui n’était encore rien que poids inerte, amas en un même tout de germes disparates des éléments des choses, sans liens entre eux […] la terre manquait de consistance, la mer de fluidité, l’air de lumière : rien ne conservait sa forme propre. Les principes s’opposaient entre eux, car, dans une masse unique, le froid combattait la chaleur, l’humidité la sécheresse, la mollesse la dureté, la légèreté la pesanteur […]

Un dieu, aidé du progrès de la nature, mit fin à ce conflit en séparant du ciel la terre, de la terre l’eau, en dissociant de l’éther fluide l’air dense. Ces éléments une fois démêlés et arrachés à la confusion de la masse, il établit entre eux, en assignant à chacun sa place distincte, l’harmonie et la paix […] Sur son ordre encore, les plaines s’étalèrent, les vallées se creusèrent, les forêts se couvrirent de feuillage, les montagnes soulevèrent leurs croupes rocheuses.

Ovide (« Les Métamorphoses »)
 

CHAOS C’est parce que le monde est un chaos qu’il est aussi un chantier. C’est parce qu’il est une jungle que la fraternité y prend le goût de l’aventure.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

CHAOS Le terme chaos se rattache, du point de vue étymologique, à chaskô, chandanô, béer, bâiller, s’ouvrir. La Béance qui naît avant toute chose n’a pas de fond comme elle n’a pas de sommet : elle est absence de stabilité, absence de forme, absence de densité, absence de plein. En tant que « cavité », elle est moins un lieu abstrait – le vide – qu’un abîme, un tourbillon de vertige qui se creuse indéfiniment, sans direction, sans orientation. Cependant, en tant qu’ « ouverture », elle débouche sur ce qui, lié à elle, est aussi son contraire [Gaia ].

Jean-Pierre Vernant (essai introductif à la « Théogonie » d’Hésiode)
 

CHARITABLE Oui je le sens, lorsque je suis charitable, c’est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j’aime toutes mes sœurs. Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l’âme les défauts de telle ou telle sœur qui m’est moins sympathique, je m’empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs, je me dis que si je l’ai vue tomber une fois elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu’elle cache par humilité, et que même ce qui me paraît une faute peut très bien être à cause de l’intention un acte de vertu.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

CHARITÉ Aucune vertu ne peut avoir vie en soi que par la charité, et l’humilité est gouvernante et nourrice de la charité.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)
 

CHARITÉ Le mot charité est devenu pour nos frères incroyants synonyme de tisane ou de vomitif. Ayant déployé toutes nos énergies pour d’autres vertus, que nous reste-t-il pour l’essentiel ?

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

CHARNEL/SPIRITUEL

Pour l'homme charnel, Dieu est une sorte de César, c'est-à-dire de potentat, de banquier ; il est pourvu de force, de puissance. Pour l'homme spirituel, Dieu est Amour et par conséquent ce qui est le plus inconnu dans sa réalité profonde.

Marie-Magdeleine Davy (« Initiation à la Symbolique Romane »)
 

CHASSE Je me souviens de ma dernière chasse : vexé d’avoir raté quelques proies, je visai et tuai une alouette, et sa chute me déchire encore le cœur…

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)
 

CHASTETÉ La chasteté est une appropriation de la nature incorporelle […] La chasteté est union intime et ressemblance avec Dieu, autant qu’il est possible à l’homme.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

CHÂTIMENT Jupiter […] reprit en ces termes la parole : « La réputation de ce siècle dépravé était venue jusqu’à mes oreilles ; je la souhaitais fausse ; c’est pourquoi, me laissant choir du haut de l’Olympe , tout dieu que je fusse, je vais, sous l’apparence d’un homme, parcourir la terre. Trop longue serait l’énumération de tout ce que j’ai découvert en tous lieux de criminel : cette infâme réputation était elle-même encore au-dessous de la vérité […] J’annonçai, par des signes, l’arrivée d’un dieu, et l’humble peuple s’était déjà mis en prières […] sur toute l’étendue de la terre règne la cruelle Erinys ; c’est, croirait-on, la conjuration du crime. Il faut que rapidement tous (c’est là ma décision inébranlable) subissent le châtiment qu’ils ont mérité. » A ces paroles de Jupiter, les uns, parmi les dieux, donnent une pleine approbation, et stimulent encore sa colère frémissante, les autres se bornent à un assentiment. Et pourtant, la perte du genre humain est pour tous une vraie douleur, et ils demandent à quoi ressemblera la terre privée des mortels, qui viendra sur les autels apporter l’encens, si Jupiter se dispose à livrer la terre aux bêtes féroces pour la ravager. A toutes ces questions, le roi des dieux répond qu’il prend la responsabilité de tout ; il interdit de vaines alarmes et promet qu’une race toute différente de celle qui peuplait auparavant la terre naîtra miraculeusement.

Ovide (« Les Métamorphoses »)
 

CHRÉTIEN Devenir « chrétien », c'est découvrir le Visage qui jamais ne se ferme et qu'un Ami me regarde, au plus ténébreux de mon enfer, d'un regard qui ne pétrifie pas mais libère.

Olivier Clément (« La Douloureuse Joie »)
 

CHRÉTIENTÉ Il est certain […] que, si le christianisme peut continuer à vivre par l’élan mystique et la sainteté de certains, la chrétienté, en tant que milieu culturel ambiant, disparaît. A vrai dire elle a déjà disparu, et le christianisme ne vit plus du conformisme social. Qui peut s’en plaindre, hormis quelques fanatiques de l’ordre hiérarchique ?

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002
 

CHRIST D’ailleurs, si le Christ revenait dans le métro, il aurait maille à partir avec les policiers étant donné son faciès de Bédouin.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)
 

CHRIST/ADAM En Christ, dans l’homme-Christ, Dieu se résume tout entier. En Adam, dans l’homme dit cosmique, les forces du macrocosme se muent en microcosme. A la Genèse répond le Prologue de Jean. L’ordre visionnaire hildegardien n’est pas seulement divin et cosmique. Il est avant tout – pensée profondément chrétienne, et que le Moyen-Âge a su toujours redire – résolument humain.

Bernard Gorceix (introduction à Hildegarde de Bingen, « Le Livre des Œuvres Divines »)
 

CHRISTIANISME Le christianisme n'est pas une philosophie, ce n'est pas un « enseignement » (doctrine), mais la vie, et tous les entretiens du Starets [Silouane] et tous ses écrits sont un témoignage de cette vie.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)
 

CHRISTIANISME Ni la charité, ni l’incarnation ne sont spécifiques au christianisme. Le seul élément spécifique du christianisme n’est pas l’Incarnation de Dieu, mais l’Homme-Dieu, non pas le Dieu fait homme, mais l’unité de la nature humaine et de la nature divine, le fait que l’être singulier Jésus soit la Vérité universelle, le Dieu tout-puissant qui prend la condition d’un esclave et meurt comme un voleur sur la croix.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ? »), in Cités n° 12/2002
 

CHRISTIQUE (ÉTAT) L'état christique c'est le bleu-rouge issu de l'essence divine pure liée à la matière pour la métamorphoser.

Cheikh Adda Bentounès (« Le Chœur des Prophètes »)
 

CHRYSALIDE/PAPILLON

Dans la puissance de l'Esprit Saint, la chrysalide que je suis meurt à sa condition de chrysalide pour devenir papillon.

Rachel Goettmann (« Le Chemin » n° 47)
 

CHRYSALIDE/PAPILLON

Un escroc haï de tous est regardé, aimé par Jésus, et cette « chrysalide » libère un « papillon » superbe.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

CHUTE Avant la chute, les démons nous disent que Dieu est ami des hommes ; mais quand nous sommes tombés, ils le prétendent impitoyable […] La chute est le fruit de l’orgueil et la fosse où il conduit ; mais une chute est souvent, pour ceux qui le veulent, l’occasion de s’humilier.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

CHUTE La chute de l’homme de son état divin est dû à son manque de foi en une Réalité ultime.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)
 

CHUTES Dieu, en nous créant inachevés, n’avait-il pas prévu que nos chutes entreraient dans notre apprentissage ?

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

CIEL A chaque nouvelle occasion de combat, lorsque mon ennemi vient me provoquer, je me conduis en brave, sachant que c’est une lâcheté de se battre en duel, je tourne le dos à mon adversaire sans daigner le regarder en face ; mais je cours vers mon Jésus, je Lui dis être prête à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour confesser qu’il y a un Ciel.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

CITADELLE Dieu est une citadelle qui n'enferme pas, non une prison mais un lieu de repos pour notre liberté, l'arbre très ancien où se pose le papillon d'un jour.

Jean-Yves Leloup (« Prendre Soin de l’Être »)
 

CITADINE (VIE)

Alors que le suicide était pratiquement inconnu dans la société tibétaine, par exemple, on y a récemment déploré une ou deux tragédies de ce genre. De même, alors que la dépendance à l’égard de la drogue n’existait pas parmi la jeunesse tibétaine il y a une génération, on en recense quelques cas aujourd’hui – essentiellement, il faut le dire, là où s’exerce l’influence de la vie citadine moderne.

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama (« Sagesse ancienne, monde moderne »)
 

CIVILISÉ (PAYS) Un pays qui n’ose pas interdire la chasse à courre, les combats de coqs ou les courses de taureaux a-t-il le droit de se prétendre civilisé ? On peut en douter.

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)
 

CLOCHARD Un jour, un clochard, malheureusement ivre, mais fou de Dieu et porteur d’une croix, m’a abordé. Il prétendait avoir été choisi par Dieu, malgré sa pourriture, pour parler aux hommes de la rue, pressés et indifférents ; il se prénommait René, lisait la Bible tous les jours et voulait retrouver sa dignité. Il m’a dit voir l’omniprésence du Christ. Il le rencontrait partout, dans le regard d’un vieillard, d’un enfant, d’un chien […] René avait raison. L’Église est dans la rue, là où ne sont pas les honneurs, l’argent. Et le Christ marche parmi nous.

Théodore Monod (« Pèlerin du Désert »)
 

CŒUR Dieu connaît ce que les cœurs recèlent.

Le Coran (Sourate III, v. 148)
 

CŒUR Le centre de la personnalité se trouve, non pas dans le cerveau, point d'intersection des forces spirituelles de la personne avec le monde extérieur, le monde des choses supra-personnelles, mais dans le « cœur », ou plutôt dans ces profondeurs mystérieuses de l'être dont le cœur physique est le symbole.

Elisabeth Behr-Sigel (« La Douloureuse Joie »)
 

CŒUR [...] ce que Jésus voit dans la profondeur du cœur de l'homme, ce n'est pas le péché mais l'empreinte de l'image de Dieu.

Philippe Dautais (« Le Chemin » n° 48)
 

CŒUR Les Juifs pensaient avec le cœur, car il intègre toutes les facultés de l’esprit humain ; la raison et l’intuition ne sont jamais étrangères aux options et sympathies du cœur. L’homme est un être visité, la vérité l’habite et le travaille du dedans à la source même de son être. Sa relation avec le contenu de son cœur, lieu de « l’inhabitation », constitue sa conscience morale où le Verbe parle […]

Le cœur indique l’indicible profondeur de l’homo absconditus [homme caché] et c’est à ce niveau que se situe le centre du rayonnement personnel : la personne.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

CŒUR Il est bien plus avantageux de concevoir Jésus dans son cœur que de le voir de ses yeux ou de l'entendre parler, et l'opération du Saint-Esprit est beaucoup plus puissante sur les sens de l'homme intérieur que l'impression des objets corporels sur ceux de l'homme extérieur.

Guerric d'Igny (« Sermons »)
 

CŒUR L’homme doit s’élever au-dessus de lui-même, transcender tous les concepts inférieurs de sa nature, soumettre les fallacieuses impulsions du mental et vaincre les pernicieuses influences de l’ego. Surmontant tous les obstacles, il trouvera son Bien-aimé dans son propre cœur comme dans tous les cœurs et toutes les choses de ce monde.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

CŒUR

Si le cœur n’a de choix qu’entre « se briser ou se bronzer, je préfère que le mien se brise.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

CŒUR PUR Ce cœur est appelé pur, et il est pur vraiment, qui ne rencontre en lui aucune imagination ni pensée de cette vie ; il est tellement consacré et uni à Dieu qu’il n’a plus aucun souvenir des chagrins de la vie non plus que de ses joies ; il vit en contemplation comme au troisième ciel ; il est ravi jusqu’au paradis et aperçoit le gage des biens éternels eux-mêmes autant qu’il est possible à la nature humaine. Telles sont les marques véridiques et la preuve certaine d’un cœur pur, grâce auxquelles quelqu’un connaît la mesure de sa pureté et se voit lui-même comme en un miroir.

Syméon le Nouveau Théologien (« Chapitres Théol., Gnostiques et Pratiques »)
 

COLÈRE Si l’Esprit saint est nommé la paix de l’âme, et l’est en effet, et si la colère est appelée le trouble du cœur, et l’est aussi, rien ne s’oppose autant en nous à la venue du premier que la colère.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

COMBAT Le fondement de ton combat spirituel, c'est la grâce de ton baptême, ton arme, c'est l'invocation du Nom de Jésus.

Evêque Ignace Briantchaninov (« Approches de la Prière de Jésus »)
 

COMBAT Limite tes recherches à toi seul. En toi est le combat que tu vas livrer, à l'intérieur de toi l'édifice de malice qu'il faut saper ; ton ennemi sort du fond de ton cœur.

Origène (Homélie V sur Josué )
 

COMBAT Leur cœur désirait la lutte plus encore que précédemment et ils provoquèrent un cruel combat, tous, en ce jour, déesses et dieux, Titans et descendants de Cronos, et ceux que Zeus avaient ramenés de l’Érèbe souterrain à la lumière, redoutables et vigoureux. Ce jour-là ils se rangèrent face aux Titans dans la funeste mêlée, tenant d’énormes rochers dans leurs mains robustes […] Un terrible mugissement s’étendait sur la mer sans limites ; la terre retentit de grondements et, au-dessus, le vaste ciel gémissait, ébranlé jusque dans ses fondements ; le grand Olympe était ébranlé par l’élan des Immortels.

Hésiode (« La Théogonie », traduction E. Bergougnan)
 

COMÉDIE Or, qu'est-ce que la vie ? C'est une espèce de comédie continuelle où les hommes, déguisés de mille manières différentes, paraissent sur scène, jouent leur rôle, jusqu'à ce que le maître du théâtre, après leur avoir fait quelquefois changer de déguisement et paraître tantôt sous la pourpre superbe des rois, tantôt sous les haillons dégoûtants de l'esclavage et de la misère, les force enfin à quitter le théâtre. A la vérité, ce monde-ci n'est qu'une ombre passagère, mais telle est pourtant la comédie qu'on y joue tous les jours.

Erasme (« Éloge de la Folie »)
 

COMMANDEMENT Ainsi donc, les promesses de Dieu donnent ce qu’exigent les commandements et réalisent ce qu’ils ordonnent, en sorte que tout, commandement et accomplissement, ne revienne qu’à Dieu seul : lui seul ordonne, et lui seul accomplit.

Martin Luther (« De la Liberté du Chrétien »)
 

COMMANDEMENT Le commandement du Christ est l'expression du bien absolu.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)
 

COMMENCEMENT DU MONDE

Au commencement du Monde, au commencement de tout, il n’y avait qu’un énorme chaos, quelque chose d’immense et de compact, où tout se trouvait inclus et emmêlé, et de quoi tout avait été peu à peu tiré, explicité et mis en place, par l’intervention d’un acteur : d’un Démiurge.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)
 

COMMUNICATION

C’est dans la communication que s’actualise toute autre vérité, c’est en elle seulement que je suis moi-même, qu’au lieu de me contenter de vivre, j’accomplis pleinement ma vie […] C’est seulement dans la communication qu’on atteint le but de la philosophie où réside en dernier ressort le sens de tous les autres buts : prendre connaissance de l’être, éclairer l’amour, trouver la perfection du repos.

Karl Jaspers (« Introduction à la Philosophie »)
 

COMMUNICATION

Et nous voyons que ce qui distingue la communication par l’esprit de celle par le cœur, c’est que la première examine, cherche ses pistes, et, sous ses propres lumières, raisonne et prouve, alors que la seconde choisit d’éprouver, aime et repousse, souffre et s’épanche dans la joie, et, comme la mer efface l’évanescent sillage du navire, ne laisse aucune prise à la raison qu’elle ignore.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)
 

COMMUNIER [...] l'homme intérieur ne peut communier en toute plénitude qu'avec la Déité, ou mieux avec la parcelle divine qui l'habite et lui suffit : elle est son bonheur dans la mesure où il reflue vers elle et s'y plonge totalement.

Marie-Magdeleine Davy (« Le Désert Intérieur »)
 

COMMUNION L’âme est le lieu des présences et des rencontres, sa nature est conjugale : fiançailles ou adultère, c’est la communion avec son « autre ». Le choix n’est pas entre l’angélisme et l’animalité, mais entre Dieu et le démoniaque.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

COMPASSION La compassion est la plus noble des vertus qui parent le cœur de l’être humain. La paix et le contentement réels ne peuvent résider que dans un cœur qui ressent la souffrance des autres. Le cœur ne se contente pas d’être ému par les malheurs de ses frères, mais il se répand en actes d’amour et de bonté. Le cœur qui sent mais qui ne s’exprime pas en action désintéressée est semblable au ruisseau tari dès sa source.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)
 

COMPATIR Le cœur qui a appris à aimer compatit à toute créature, même à une petite feuille.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)
 

COMPENSATIONS Si l'Homme se détache de Dieu, son esprit meurt et l'âme se nourrit alors du corps qui va prendre sa subsistance dans le cosmos extérieur qu'il épuise, en exigeant de lui d'inconscientes compensations génératrices de souffrance et de mort.

Eugraph Kovalevsky (« La Quête de l'Esprit »)
 

COMPONCTION […] le contraste entre la grandeur de l’amour de Dieu et la petitesse du nôtre est si grand que notre cœur se met à souffrir d’une extrême componction. Les larmes que nous versons alors sont aussi amères que notre amour pour Dieu est misérable. Mais à ces larmes-là se mêle cependant toujours plus ou moins une certaine douceur, car celui qui s’approche est d’un amour infini.

Daniel Bourguet (« La Repentance, une Bonne Nouvelle »)
 

COMPONCTION Aussi bien dans la nature que dans la componction, il faut distinguer ce qui se meut spontanément et ce qui reçoit son mouvement d’ailleurs. Lorsque notre âme, sans aucun effort délibéré de notre part, se sent fondre en larmes et se voit toute attendrie et apaisée, courons ! Car le Seigneur y est venu sans être invité, et il nous présente l’éponge de la tristesse qui lui est chère et l’eau rafraîchissante des larmes agréables à Dieu pour effacer la cédule de nos crimes (cf. Col 2, 14). Garde ces larmes comme la prunelle de ton œil jusqu’à ce qu’elles se retirent. Grande est en effet la puissance de cette componction, bien supérieure à celle qui naît de nos efforts et de notre réflexion.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

COMPRÉHENSION LIMITÉE

Comme les deux religions monothéistes qui le précèdent, l’islam précise que nous ne percevons Dieu qu’à travers ses activités, qui adaptent son Être ineffable à notre compréhension limitée.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)
 

COMPRENDRE Pourtant, comprendre l’autre, ce n’est pas forcément être d’accord avec lui. C’est entrer dans son univers et en découvrir les lois, qui tantôt nous fléchissent, et tantôt nous confortent.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)
 

CONCEPTUALISER Conceptualiser Dieu, c'est renverser la hiérarchie véritable de l'existence, en subordonnant l'Incréé au créé, le Modèle à l'image, c'est introduire l'image dans le modèle et, tôt ou tard, la substituer au Modèle en réduisant l'Être divin aux dimensions de sa ressemblance.

Archimandrite Sophrony (« Starets Silouane »)
 

CONCORDISME Le concordisme est l’erreur de ceux qui veulent à tout prix faire concorder la Bible et la science ou l’histoire, comme si elles abordaient la réalité sous le même angle. On a voulu voir, par exemple, dans les « six jours » de la création, les périodes géologiques, alors qu’ils sont avant tout un motif littéraire.

Pierre Grelot (« Homme, qui es-tu ? », Cahier Evangile n° 4)
 

CONDITION ANIMALE

Comment le christianisme officiel, institutionnel, celui des conciles, des confessions de foi ou des dogmes, celui de la théologie aura-t-il pu ignorer deux mille ans durant le dramatique problème de la condition animale sans songer à prendre résolument parti contre les bourreaux, sans faire sa place dans son enseignement, dans ses traités, ses manuels et ses catéchismes à la souffrance des bêtes, éternelles victimes de la cruauté des hommes ?

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)
 

CONDITION HUMAINE

La condition humaine ne saurait trouver sa justification et son plein épanouissement sur le plan horizontal terrestre, car elle comporte une aspiration essentielle et centrale à la transcendance.

Roger Du Pasquier (« Découverte de l'Islam »)
 

CONFESSION Ne dédaigne pas de prendre une attitude très humble pour faire ta confession à celui qui t’aide, comme à Dieu lui-même. J’ai vu en effet des condamnés adoucir par une très misérable contenance, par leurs aveux complets et d’instantes supplications, la sévérité de leur juge, et changer sa colère en compassion. C’est pour cela que Jean le précurseur lui-même exigeait de ceux qui venaient à lui la confession de leurs fautes, avant de les baptiser, non qu’il eût besoin lui-même d’en avoir connaissance, mais parce qu’il se souciait de leur salut.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

CONFLIT « Je ne suis pas venu, dit le Seigneur, apporter la paix sur la terre – c’est-à-dire l’amour des parents envers leurs enfants et des frères pour leurs frères qui ont résolu de me servir – mais la guerre et le glaive » (Mt 10/34), c’est-à-dire pour séparer les amis de Dieu du monde, les charnels d’avec les spirituels, les amis de la gloire d’avec les humbles. Car le Seigneur se réjouit des conflits et des séparations quand ils viennent de la charité envers lui.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

CONFLIT DES GÉNÉRATIONS

Je suis persuadé que l’essentiel du « conflit des générations » est là ; une confrontation entre deux moments de notre propre aventure terrestre.
D’un côté un jeune, grisé du pouvoir tout neuf de sa liberté ; Il croit que « tout » est possible. Il soupçonne en trop d’adultes ce qu’il a peur de devenir ; un homme qui n’a pas exploré le dixième de ce que la vie et l’univers lui proposaient, un homme qui s’est résigné à avaler trop de couleuvres.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

CONFLITS [DE L’ÂME]

L’homme vit dans une confusion profonde et ignore tout des principes qui régissent son « économie » intérieure. Laissé seul, il s’enfonce dans les névroses et, dans les moments de solitude, aucune forme sociale ne protège ni ne résout les conflits profonds accumulés au fond de son âme.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

CONFORMISME Quelques rebelles, quelques idéalistes, quelques esprits infiniment critiques témoignent contre le conformisme, mais celui-ci a vraiment la peau dure. La plupart des hommes veulent ignorer le poids de l'opinion publique devenue la motivation première de leurs idées, de leurs actions et même de leurs goûts.

Simonne Nicolas (« Pour Comprendre la Philosophie »)
 

CONFORMISME La pire menace que fait peser la démocratie moderne sur la religion chrétienne est l’affadissement complet de toutes ses valeurs et l’oubli de sa dimension subversive par rapport au conformisme moral, intellectuel et social. Je ne prétends pas pour autant qu’il faille se représenter le Christ comme un loubard prêt à casser les institutions et les notables.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002
 

CONFORT/ASCÉTISME

Le désir de confort ne fait pas partie de l’idéal démocratique, mais simplement de la modernité ; il s’est éveillé après le Moyen-Âge et considérablement amplifié aux XVIIIe- XIXe siècles. La loi de frénésie entraîne la multiplication de besoins artificiels, et l’intelligence y répond par la multiplication des innovations. En contrepartie, le mysticisme est la disposition religieuse personnelle qui appelle l’ascétisme. Dans la société démocratique moderne, il est le correctif indispensable à la recherche effrénée du confort matériel.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002
 

CONNAISSANCE D’où connaît-on vraiment ? De ce que c’est une lumière divine qui ne trompe personne. D’autre part, de ce que l’on connaît là nûment et limpidement et sans voile aucun […] et aussi infime est une petite parole en regard du monde entier, aussi infime est toute la sagesse que nous pouvons apprendre ici-bas en regard de la vérité limpide nue. C’est pourquoi Paul dit [qu’] elle doit passer [1 Co 13/8]. Que si pourtant elle demeure, elle en vient justement à être une [sagesse] folle, et comme étant néant en regard de la vérité nue que l’on connaît là-bas. La troisième raison pour laquelle on connaît là vraiment, la voici : les choses qu’ici-bas l’on voit sujettes à la mutation, on les connaît là-bas immuables et on les prend là telles qu’elles sont pleinement indivisées et proches les unes des autres ; car ce qui ici-bas est loin, là-bas est proche, car toutes choses sont là-bas présentes. Ce qui doit arriver au premier et au dernier jour est là-bas présent […] Ce n’est pas en vain que Dieu a confié à Pierre la clef, car Pierre veut dire connaissance [Ac 12/11] ; car connaissance a la clef et ouvre et pénètre et fait sa percée et trouve Dieu nûment, et dit alors à sa compagne, la volonté, ce qu’elle a possédé, bien que pourtant elle ait eu auparavant la volonté ; car ce que je veux, je le recherche.

Maître Eckhart (Sermon III en allemand )
 

CONNAISSANCE Toute vraie connaissance se réfère à l’absolu, remonte des choses empiriques à leur structure idéale à travers l’écorce du monde, contemple l’icône.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

CONNAISSANCE Personne ne peut rien vous révéler pour autant que vous recelez déjà un savoir à demi endormi, enfoui dans votre connaissance en croissance. L’enseignant qui marche à l’ombre du temple, parmi ceux qui l’écoutent, ne donne rien de sa sagesse mais bien plutôt sa foi et son amour. S’il est vraiment un sage, il ne vous invite pas à entrer dans la demeure de sa sagesse, mais il vous conduit plutôt au réveil de votre propre conscience.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)
 

CONNAISSANCE Et plus parfait est l’amour, plus parfaite est la connaissance.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)
 

CONNAISSANCE/IGNORANCE

La véritable connaissance est la conscience d’un état immuable. Le véritable pouvoir est une émanation de cette existence. Et la vraie joie est de la nature du jeu de ce pouvoir. La connaissance, la puissance et la joie, étant les attributs d’une Réalité suprême, sont éternelles. Pour comprendre avec l’intellect la plénitude et la portée de ces attributs, on peut les comparer au soleil, avec ses rayons et la lumière qui en résulte, le tout se résolvant dans une entité unique […]

Par le pouvoir du Nom, l’homme peut déchirer le voile de l’ignorance et, à la lumière de la connaissance, contempler Dieu dans son propre cœur comme dans le cœur de toutes créatures et de toutes choses dans le monde. Dieu est amour infini et Il demeure en nous tous.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

CONNAISSANCE DE SOI

[…] Ne sors jamais de la connaissance de toi, et, abaissée que tu es dans la vallée de l’humilité, tu me connais moi en toi, et de cette connaissance tu tireras ce dont tu as besoin et qui t’est nécessaire […] Dans la connaissance de toi tu t’humilieras en voyant que tu ne peux pas être par toi-même, et ton être, tu le connaîtras par moi, qui vous ai aimés avant que vous ne soyez.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

CONNAÎTRE, CONNAISSANCE

Providentiellement, le verbe « connaître » en hébreu et en grec signifie « connaître par la communion », avec un sens nuptial ; les noces de l'Agneau s'érigent en grand symbole de la connaissance parfaite de Dieu.

Paul Evdokimov (« La Nouveauté de l’Esprit »)

CONQUÊTE La vocation de l'âme est [...] d'être en perpétuelle conquête.

Eugraph Kovalevsky (« Le Chemin » n° 47)
 

CONSCIENCE Dans l’Athènes prospère et orgueilleuse de Périclès, Socrate ne cessait, tel un taon, de harceler la conscience de ses concitoyens et de leur rappeler la précellence de l’âme et l’urgence de la vie intérieure.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)
 

CONSCIENT/INCONSCIENT

Notre « Conscient » n’est qu’une mince surface comparée à l’immensité et à la profondeur de « l’Inconscient ». Et surtout, à son activité. Tout ce qui est non-manifesté cherche à se manifester. Tout ce qui est réprimé cherche à s’exprimer.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

CONSCIENT/INCONSCIENT

[…] la foi ajoute une dimension de simplicité et de profondeur à toutes nos perceptions et à toutes nos expériences. Quelle est cette dimension de profondeur ? C’est l’incorporation de l’inconnu et de l’inconscient dans notre vie quotidienne […]

Notre raison est entourée de ténèbres. Notre esprit conscient ne domine nullement notre être ; il contrôle seulement certains éléments qui lui sont inférieurs. Mais il peut à son tour être poussé par l’inconscient. Et comme il ne faut pas qu’il soit mené par quelque chose d’inférieur, il est important de distinguer les éléments émotifs, instinctifs, et les éléments spirituels, « divins », pourrait-on dire, de cet esprit inconscient.

Or, la foi intègre l’inconscient tout entier au reste de notre vie, mais elle opère de diverses manières. Les éléments inférieurs sont acceptés (et non simplement rationalisés) dans la mesure où ils sont voulus par Dieu. La foi nous permet de transiger avec notre nature animale et d’essayer de la mener selon la Volonté de Dieu, c’est-à-dire selon l’amour, en même temps qu’elle soumet notre raison aux forces spirituelles cachées qui sont au-dessus d’elle. Ce faisant, l’homme tout entier est sous la dépendance de l’inconnu qui le domine.

Dans ce domaine du mystère se cache non seulement la partie la plus élevée de l’être spirituel de l’homme (qui est, pour sa raison, une énigme absolue), mais encore la présence de Dieu.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

CONSIDÉRER Le verbe considérer vient directement du latin considerare, qui est formé du préfixe cum (avec) et du verbe sidus, sideris, qui désigne l’étoile, la constellation, les astres puis le ciel en son entier. Prendre quelqu’un en considération, cela équivaut à l’aborder avec un regard stellaire, à le voir sur fond de ciel. « Considérer » ce dont témoigne un être souffrant ou malheureux n’est pas examiner froidement ses propos mais, en ce sens premier, les accueillir dans la lumière, les replacer dans le ciel étoilé.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)
 

CONSOLER […] mais Dieu console d’une manière secrète le cœur brisé.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

CONSUBSTANTIEL Le Christ est consubstantiel au Père dans sa divinité et aux hommes dans son humanité : il l’est au-dessus et en-dedans. Et c’est parce que nous sommes consubstantiels à l’humanité du Christ que nous sommes intégrés en Christo à la communion avec Dieu jusqu’au moment de son accomplissement, lorsque Dieu sera tout en tous (1 Cor. 15, 28).

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

CONTEMPLATION La relation que l’on a avec la nourriture se transpose aisément sur le plan affectif et amoureux : soit on veut posséder l’autre et le garder, soit on le laisse libre. L’ascèse des désirs conduit à aimer l’autre sans vouloir s’en emparer, à la façon dont on peut apprécier un mets sans se jeter dessus, et regarder une fleur sans vouloir la cueillir. Cette distance, ce détachement peuvent mener à la contemplation, à la gratitude et à la joie […]
Or, se nourrir de beauté, c’est ce qu’on appelle la contemplation.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)
 

CONTEMPLATION Le propre de la contemplation est d'entretenir le désir de la vie céleste.

Dom Jean Leclercq (« L'Amour des Lettres et le Désir de Dieu »)
 

CONTEMPLATION La contemplation est la plus haute expression de l’activité intellectuelle et spirituelle de l’homme […] Cependant, contemplation n’est pas vision, car elle voit « sans voir » et connaît « sans connaître ». C’est une profondeur de foi plus grande, une connaissance trop profonde pour les images, les paroles ou même les concepts précis. On peut tenter de l’expliquer par des mots ou des symboles, mais l’esprit contemplatif, au moment même où il s’efforce de communiquer ce qu’il sait, retire ce qu’il avait dit, nie ce qu’il avait affirmé. Car il connaît par « inconnaissance » ou plutôt ce qu’il sait dépasse la connaissance ou « l’inconnaissance » […] La contemplation transcende toujours nos propres lumières, les systèmes, les explications, les entretiens, les dialogues, notre être même […] C’est une connaissance pure et virginale, pauvre en concepts, plus pauvre encore en raisonnements, mais capable, par cette pauvreté et cette pureté mêmes, de suivre le Verbe « partout où Il va ».

Nous pénétrons dans un domaine que nous n’avions même jamais soupçonné, et c’est pourtant lui qui nous semble évident et familier […] L’expérience naturelle la plus intense ressemble au sommeil si on la compare à l’éveil qu’est la contemplation. La certitude naturelle la plus pénétrante et la plus sûre n’est qu’un rêve à côté de cette compréhension sereine […] toute l’éternité semble être devenue nôtre dans ce contact unique, calme et éperdu […] Les changements, les complexités, le paradoxes, les multiplicités prennent fin […] Car un instinct surnaturel nous apprend déjà que le rôle de cet abîme de liberté qui s’est ouvert en nous est de nous détacher totalement de notre personnalité et de nous fondre dans son immensité de liberté et de joie […] Les cinq sens, l’imagination, l’intelligence discursive, la faim du désir n’ont aucune place dans ce ciel privé d’étoiles […] Il n’y a pas d’êtres individuels dans ce Paradis, mais seulement des Personnes dans toute leur intégrité.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

CONTEMPLATION Celui qui voit, en effet, doit être rendu apparenté et semblable à ce qui est vu, pour parvenir à la contemplation. Assurément, jamais l’œil ne verrait le soleil sans être devenu de la même nature que le soleil et l’âme ne pourrait voir le beau, sans être devenue belle.

Plotin (« Ennéades », Traité I,6)

CONTEMPLATION/ACTION

L’action ne peut être que le débordement de la contemplation. Si le cœur est vide, vaines sont les actions.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

CONTRADICTION (ESPRIT DE)

L’homme qui aime contredire est semblable à celui qui se livre volontairement aux ennemis dressés contre son roi, car l’esprit de contradiction est un piège qui a pour appât la prétention d’avoir raison ; celle-ci nous trompe et nous avalons l’hameçon du péché ; comme si elle était prise par la langue et la bouche, la pauvre âme devient la proie des esprits du mal, qui tantôt l’enlèvent vers les hauteurs de l’orgueil, tantôt la précipitent dans le chaos de l’abîme du péché, pour être condamnée avec ceux qui sont tombés du ciel.

Syméon le Nouveau Théologien (« Chapitres Théol., Gnostiques et Pratiques »)
 

CONTRADICTOIRES (APPARENCES)

Le Réel se laisse appréhender par la résolution des apparences contradictoires, lesquelles ne concernent que notre monde.

Eric Geoffroy (« L'Instant Soufi »)
 

CONTRASTE Tous les contrastes se neutralisent dans l’esprit indifférencié de l’amour. L’amour est l’agent mystique qui dissout toute diversité […] La diversité n’est qu’à la surface. Dans la splendeur de la Vérité, toi et les autres êtes un.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)
 

CONTRITION Quand la contrition est répandue par le chant du psaume s'ouvre en nous un chemin vers le cœur au terme duquel on trouve Jésus.

Grégoire Le Grand
 

CONVERSION Cet assentiment que nous donnons à Dieu est l’expression de notre conversion. Or, sur ce point, je crois pouvoir dire que la conversion est l’affaire de toute une vie. Il y a en effet des étapes dans notre conversion. On peut, à un moment de sa vie, se convertir intellectuellement, c’est-à-dire adhérer par la pensée à une théologie ou à une confession de foi. C’est déjà une conversion, mais limitée à l’intellect, même si des actes concrets et des gestes sont vécus en conformité avec cette adhésion. Cela ne veut pas dire que tout notre être est converti.

Il y a aussi une conversion de notre affectivité, de notre sensibilité ; c’est alors une adhésion de nos sentiments à Dieu. Cette conversion-là vient s’ajouter à celle de l’intellect. Reste encore cependant la conversion de notre être profond, c’est-à-dire l’adhésion de notre inconscient à Dieu. La conversion totale d’un être humain passe par cette ouverture à Dieu de ce qui en nous est si caché et si ténébreux que nous ne saurons jamais vraiment si notre « oui » à Dieu est véritablement le « oui » de notre être unifié. Une vie entière peut facilement être mobilisée pour parvenir à dire à Dieu ce simple « oui ». Je peux te dire en tout cas qu’il y a au fond de moi des facettes de ma

personnalité qui ne sont pas encore converties.

Daniel Bourguet (« Vers un Chemin de Spiritualité »)
 

CORAN Les musulmans soutiennent qu’en abordant le Coran correctement, ils ont la perception d’une transcendance, d’une ultime puissance résidant au-delà des phénomènes transitoires et fuyants du monde matériel […] Les premiers biographes de Muhammad évoquent fréquemment le choc émerveillé ressenti par les Arabes quand ils entendirent le Coran pour la première fois. Beaucoup se convertirent sur-le-champ, convaincus que l’extraordinaire beauté du langage était bien la marque de Dieu. Ces convertis décrivent souvent leur expérience comme une invasion de leur être par une force divine libérant un flot d’émotions indicibles […] Muhammad, poète et prophète, et le Coran, texte et théophanie, illustrent de façon assez exceptionnelle la profonde harmonie qui peut exister entre l’art et la religion.

Karen Armstrong (« Histoire de Dieu »)
 

CORPOREL/INCORPOREL

L’hésychaste est celui qui aspire à circonscrire l’incorporel dans une demeure corporelle – suprême paradoxe.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

CORPS Le corps peut être soit un obstacle, soit un allié. Le corps peut être une prison ou il peut être un temple.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

CORPS Aimer son corps, ce n’est pas tirer vanité de sa vigueur ou de sa beauté, mais c’est en respecter la richesse et l’harmonie, le conserver par le mouvement, l’hygiène, le repos, le sobre usage de ce qui le nourrit et l’abreuve.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)
 

CORPS ÉLEVÉ DE TERRE

Les âmes s’étant élevées avec un désir plein d’anxiété, ont couru avec vertu par le pont de la doctrine du Christ crucifié, elles arrivent à la porte en élevant leur esprit en moi, baignées et enivrées de sang, brûlées du feu d’amour, elles goûtent en moi la déité éternelle, qui est pour elles un océan de paix, où l’âme a fait une telle union qu’elle n’a aucun mouvement qu’en moi. Et étant mortelle, elle goûte le bien des immortels, et ayant le poids du corps, elle reçoit la légèreté de l’esprit. D’où souvent le corps est élevé de la terre par la parfaite union que l’âme a faite en moi, comme si le corps lourd devenait léger.

Non pas que lui soit ôté sa pesanteur, mais parce que l’union que l’âme a faite en moi est plus parfaite que ne l’est l’union entre l’âme et le corps ; par suite, la force de l’esprit unie en moi soulève de terre la pesanteur du corps, et le corps reste comme immobile, tout arraché du sentiment de l’âme, tant que, comme tu te souviens de l’avoir entendu de quelques créatures, il ne lui serait pas possible de vivre si ma bonté ne la cerclait de force.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)
 

COSMOGONIQUE (MYTHE)

Chez les Polynésiens, le nombre de « situations » où la récitation du mythe cosmogonique est efficace, est encore plus grand. D’après le mythe, au commencement il n’y avait que les Eaux primordiales, plongées dans les ténèbres cosmiques. De l’ « immensité de l’espace » où il se trouvait, Io, le dieu suprême, exprima le désir de sortir de son repos. Aussitôt apparut la lumière. Puis, il reprit : « Que les Eaux se séparent, que les Cieux se forment, que la terre devienne ! » C’est ainsi, par les paroles cosmogoniques d’Io, que le monde est venu à l’existence […] Les paroles grâce auxquelles Io modela l’Univers - c’est-à-dire grâce auxquelles celui-ci fut enfanté et conduit à engendrer un monde de lumière – ces mêmes paroles sont employées dans le rite de la fécondation d’une matrice stérile. Les paroles grâce auxquelles Io fit briller la lumière dans les ténèbres sont utilisées dans les rites destinés à égayer un cœur sombre et abattu, l’impuissance et la sénilité, à répandre de la clarté sur des choses et des lieux cachés, à inspirer ceux qui composent des chants, et aussi dans les revers de la guerre , ainsi que dans beaucoup d’autres circonstances qui poussent l’homme au désespoir […] Le mythe cosmogonique sert ainsi aux Polynésiens de modèle archétypal pour toutes les « créations », sur quelque plan qu’elles se déroulent : biologique, psychologique, spirituel […]

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

COSMOS Maintenant, à côté de ce sentiment de l’unité du monde, on sait que le cosmos actuel auquel nous devons croire n’est plus le cosmos aristotélicien qui était immobile. Nous avons découvert que tout bouge, tout évolue. D’où une vision très neuve de l’univers. On ne peut plus croire à la stabilité définitive de toute chose, il n’est plus possible d’accepter l’idée d’une immobilité générale.

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)
 

COSMOS Le cosmos dans sa totalité est un buisson ardent rempli du feu de la puissance et de la gloire divine.

Kallistos Ware (« Le Chemin » n° 51)
 

COUPLE Dans un véritable couple, c'est l'autre qui compte, il faut avoir ça en vue.

Karlfried Graf Dürckheim (« L’Esprit Guide »)
 

COUPLE [...] le but du couple est l'amour et [...] les enfants sont les fruits bénis de cet amour.

Philippe Dautais (« Le Chemin » n° 42)
 

COUPLE Seul le dialogue contemplatif entre époux, en effet, le dialogue silencieux du regard, du geste de tendresse, du cœur, repris jour après jour, ouvre un avenir qui est le Chemin lui-même, l'Histoire Sainte du Couple.

Alphonse Goettmann (« Le Chemin » n° 50)
 

COUPLE Je constate que les plus grands penseurs de l’Humanité sont « amers » sur le chapitre du couple.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

COURAGE L’orgueil s’enlace autour du courage, comme le liseron autour du cyprès. Que notre travail incessant soit de ne pas admettre même la simple pensée que nous avons acquis quelque vertu. Examinons ce qui caractérise exactement cette vertu, et cherchons si cela se trouve en nous : nous verrons alors que nous en sommes complètement dépourvus.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

COURROUCÉ Dieu est cette bonté qui ne peut jamais être courroucée, car il n’est que bonté.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

CRAINTE

Le Verbe mon Fils unique venant avec la loi de l’amour, la crainte de la peine étant ôtée, restait la crainte sainte.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

CRAINTE DU SEIGNEUR

Comme un rayon de soleil qui pénètre à travers une fente illumine tout l’intérieur d’une maison, de sorte qu’on voit voler même la plus fine poussière, ainsi la crainte du Seigneur, quand elle entre dans le cœur de l’homme, lui révèle tous ses péchés.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

CRÉATEUR Par notre intelligence nous n’arrivons pas même à saisir comment le soleil a été créé. Mais lorsque nous demandons à Dieu de nous dire comment Il a fait le soleil, nous recevons clairement dans notre âme cette réponse : « Humilie-toi, et tu connaîtras non seulement le soleil, mais encore son Créateur ».

Mais quand l’âme connaît son Seigneur, de joie, elle oublie le soleil et toute créature, et abandonne ses soucis de connaissance terrestre.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)
 

CRÉATION Dans la création des cieux et de la terre, dans la succession alternative des jours et des nuits, dans les vaisseaux qui voguent à travers la mer pour apporter aux hommes des choses utiles, dans cette eau que Dieu fait descendre du ciel et avec laquelle il rend la vie à la terre morte naguère et où il a disséminé des animaux de toute espèce, dans les variations de vents et dans les nuages astreints au service entre le ciel et la terre, dans tout ceci il y a certes des signes pour tous ceux qui ont de l’intelligence.

Le Coran (Sourate II, v. 159)
 

CRÉATION Cette parole de Dieu que nous croyons connaître et dont nous nous disons parfois saturés, comme elle retentit profond lorsque nous l’écoutons dans le silence et la beauté de la Création !

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

CRÉATION L’établissement dans une contrée nouvelle, inconnue et inculte, équivaut à un acte de création. Lorsque les colons scandinaves prirent possession de l’Islande, landnáma, et la défrichèrent, ils ne considérèrent cet acte ni comme une œuvre originale, ni comme un travail humain et profane. Leur entreprise n’était pour eux que la répétition d’un acte primordial : la transformation du chaos en Cosmos par l’acte divin de la Création. En travaillant la terre désertique, ils répétaient en fait l’acte des dieux, qui organisaient le chaos en lui donnant formes et normes. Qui mieux est : une conquête territoriale ne devient qu’après (plus exactement : par) le rituel de prise de possession, lequel n’est qu’une copie de l’acte primordial de la Création du Monde […]

La répétition symbolique de la Création dans le cadre de la fête du Nouvel An s’est conservée jusqu’à nos jours chez les Mandéens de l’Iraq et de l’Iran. Encore aujourd’hui, au début de l’année, les Tatars de Perse ensemencent une jarre remplie de terre ; ils le font, disent-ils, en souvenir de la Création. L’usage de semer des graines à l’époque de l’équinoxe de printemps (rappelons que l’année commençait en mars dans de très nombreuses civilisations) se retrouve dans une aire très étendue et a toujours été mis en relation avec les cérémonies agricoles.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

CRÉATION La création n'est pas un événement appartenant au passé mais c'est une relation actuelle.

Kallistos Ware (« Le Chemin » n° 51)
 

CRÉATURE Les satisfactions que nous trouvons dans les créatures appartiennent à la réalité de l’être créé, réalité qui vient de Dieu et Le reflète. Les souffrances que nous y trouvons viennent du désordre qui nous fait chercher, dans l’objet de notre désir, une réalité plus grande que celle qui s’y trouve, une satisfaction qu’un être créé est incapable de donner. Au lieu de nous servir de la création pour adorer Dieu, nous essayons toujours de nous servir des créatures pour nous adorer nous-mêmes. Mais adorer notre faux moi, c’est ne rien adorer. Et ne rien adorer, c’est l’enfer.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

CRÉATURE / DIEU Là où finit la créature, là Dieu commence à être. Or Dieu ne désire rien de plus de toi que le fait que tu sortes de toi-même selon ton mode de créature, et que tu laisses Dieu être Dieu en toi. La plus minime image de créature qui jamais se forme en toi est aussi grande que Dieu est grand. Pourquoi ? Parce qu’elle entrave en toi le tout de Dieu. C’est justement là où pénètre l’image qu’il faut que Dieu recule et toute sa déité. Mais là où l’image sort, là Dieu entre. Dieu désire tellement que tu sortes de toi-même dans ton mode de créature, comme si toute sa béatitude tenait à cela […] Dieu est dans toutes les créatures dans la mesure où elles ont l’être, et pourtant il est au-delà.

Maître Eckhart (Sermons V et IX en allemand )
 

CRISE Chacune des crises que je traverse ébranlera l’image que j’ai de Dieu ; j’aurai besoin alors qu’un ange m’accompagne quand je verrai se briser toutes mes images, qu’il m’initie au mystère du Dieu tout autre, du Dieu que je pressens quand j’écoute la voix silencieuse de mon cœur, quand je rentre en moi-même, comme Élie, et que je me couvre le visage de mon manteau. Ainsi enveloppé, protégé de ce qui, au-dehors, pourrait me détourner, je prêterai l’oreille aux profondeurs du silence, pour y saisir la présence de ce Dieu qui ne s’approche de moi que quand tout se tait.

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »
 

CRISE DE CROISSANCE

Lorsque l’on parvient au mitan de sa vie, cette période s’accompagne souvent d’une crise de croissance dont on est plus ou moins conscient…Ce passage de l’âge mûr s’étend environ de trente-cinq à quarante-cinq ans, et parfois plus. Quelques-uns vivent sans s’en rendre compte, d’autres l’ignorent. Peu de gens y échappent, surtout dans nos sociétés « adolescentriques » axées sur l’avoir, la réussite et la performance. Des croyants y voient l’œuvre de Dieu qui libère le désir profond en vue d’une renaissance.

Jacques Gauthier (« Panorama » n° 375)
 

CRITIQUE (ESPRIT) L'esprit critique n'est ni le scepticisme, ni l'esprit de contestation, ni l'anxiété psychologique (ou doute de soi). L'esprit critique est une forme particulièrement vigoureuse de l'intelligence libre et personnelle. C'est une manifestation de l'esprit. C'est une source active de la pensée. Il consiste strictement à se garder de l'erreur pouvant contaminer la pensée ; il ne déclare pas que tout jugement est erroné, qu'il faut suspendre tout jugement, à jamais.

Simonne Nicolas (« Pour Comprendre la Philosophie »)
 

CROIRE Quand même nous eussions fait descendre les anges, quand même les morts leur auraient parlé, quand même nous eussions rassemblé devant eux tout ce qui existe, ils n’auraient pas cru sans la volonté de Dieu ; mais la plupart d’entre eux ignorent cette vérité.

Le Coran (Sourate VI, v. 111)
 

CROIRE C’est lorsqu’elle croit que la personne pose l’acte le plus significatif de son existence ; car ici la liberté rejoint la certitude de la vérité et décide de vivre en elle.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)
 

CROISSANCE La dissolution elle-même est une étape sur la route d’une croissance plus élevée et d’une naissance plus grande.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)
 

CROIX Je me suis aperçu que les nations, tout comme les individus, ne trouvent leur accomplissement qu’en passant par l’agonie de la Croix. La joie ne vient pas des souffrances que l’on inflige aux autres mais de celles que l’on s’impose volontairement.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)

CROIX De même l’Orient vénérera dans la croix non pas le bois du supplice, mais l’arbre édénique de la vie, à nouveau verdoyant au milieu de ce monde. La croix, signe de victoire, enfermant dans ses bras le tout du monde, brise les portes de l’enfer. Infiniment plus qu’une attente ou qu’une espérance, c’est l’expérience la plus immédiate du Transfiguré et du Ressuscité qui fait jaillir un tressaillement de joie pascale.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)
 

CROIX L’humanité a autrefois été délivrée, au prix d’atroces souffrances, de ces dieux assoiffés de sang par la mort d’un Dieu qui S’est livré sur la Croix et a supporté la cruauté pathologique de Ses créatures par pitié pour elles.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

CROIX Sur la Croix, le Seigneur a souffert pour les hommes, et son âme a été dans l’agonie pour chacun de nous.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)
 

CRUCIFIXION Que penses-tu de l'éclipse de soleil qui eut lieu au moment de la Crucifixion de notre Sauveur ?

Pseudo-Denys l'Aréopagite (« Lettre à Polycarpe »)
 

CULTE DES DÉFUNTS

Car le devoir de la famille demeurée en vie, c’était, sous la responsabilité de son chef, ce qu’on peut appeler le culte des défunts : un peu d’eau, versée de temps en temps sur leur tombe, avec quelques bribes alimentaires, et, à la fin de chaque mois, au moment où la Lune disparaissait et, en quelque sorte, mourait, un repas de famille, qu’on appelait kispu (en akkadien, ce nom fait allusion au « partage de la chère »), auquel les parents trépassés étaient rituellement conviés.
Il arrivait que l’on fît mémoire des défunts, mais, ordinairement, sans remonter au-delà de la troisième génération : ceux d’avant, les plus illustres exceptés, n’étaient plus guère l’objet que d’un souvenir collectif et vague. Dans leur morne existence endormie, ils avaient été absorbés par le grand oubli universel – la véritable mort des hommes…

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)