J comme

JALOUSER Aimer que l'autre soit heureux, possède telle qualité ou tel bien, sans le jalouser, suppose qu'on ait trouvé en soi la source des richesses manifestées avec plus de plénitude en autrui.

Jean-Yves Leloup (« Prendre Soin de l’Être »)
 

JALOUSIE Goethe a défini la jalousie (Eifersucht) comme une passion qui cherche (sucht) avec ardeur (Eifer) ce qui provoque la souffrance. Celui qui cède à la jalousie sait bien à quel point elle peut le harceler.

Dom Anselm Grün, o.s.b. (« Invitation à la Sérénité du Cœur »)
 

JARDIN SECRET Oh ! Toutes ces ruses, tous ces mensonges qu’il faut pour protéger un jardin secret, une fontaine scellée, une âme vivante et fraîche !

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

JEAN LE BAPTISTE Jean, Dieu l’aimait. Il l’avait choisi dès le sein de sa mère. Vocation impérieuse et tendre, aussi précise et libre que la trajectoire d’une flèche dans la pureté du ciel. Avec saint Paul, Jean le Baptiste est la personnalité du Nouveau Testament dont la biographie et le ministère nous sont décrits avec beaucoup plus de détails que ceux de la Vierge ou l’un quelconque des Apôtres. A vingt-cinq-trente ans, comme Jésus, cet homme exceptionnel était déjà capable de réunir des disciples autour de lui et de donner un enseignement personnel et vigoureux, qui remue les foules et inquiète les autorités. Comme Jésus, ce qu’il a à dire ne vient pas de lui mais coule d’une source plus profonde : il est prophète, le plus grand des prophètes, il annonce le mystère caché en Dieu depuis les origines, qui va se révéler en Jésus de Nazareth. Pour comprendre et accueillir une telle révélation, il faut être préparé. Un cœur mal disposé n’entend pas. Tout son rôle de Précurseur, de Baptiseur, sera d’inviter les gens à se purifier, à se laver dans l’eau pour être capables d’entendre et de voir. Le mystère de Jésus n’est ouvert qu’aux humbles, aux petits, dont le cœur est honnête et droit. Le péché éloigne de Jésus irrémédiablement, l’innocence seule permet de recevoir pleinement sa vérité. Tel est le centre du message de celui qui voulut n’être qu’une « flèche » de lumière vers un « plus grand » que lui.

Les moines de l’abbaye de la Pierre-qui-Vire (« Méditations Bibliques » du 24 juin 2002)
 

JÉRUSALEM CÉLESTE Une Jérusalem céleste a été créée par Dieu avant que la ville de Jérusalem soit bâtie de la main de l’homme : c’est à elle que se réfère le prophète, dans l’Apocalypse syriaque de Baruch II, 2, 2-7 : « Crois-tu que c’est là la cité dont je t’ai dit : « c’est dans la paume de mes mains que je t’ai bâtie » ? La construction qui se trouve actuellement au milieu de vous n’est pas celle qui a été révélée en Moi, celle qui était prête dès le temps où je me suis décidé à créer le Paradis, et que j’ai montrée à Adam avant sont péché… » […] Mais la plus belle description de la Jérusalem céleste se trouve dans l’Apocalypse (XXI, 2 sq.) : « Et moi, Jean, je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s’est parée pour son époux. »

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)
 

JÉSUS-CHRIST Jésus-Christ est une incarnation d’Amour infini : il est le phare sur les récifs et les orages de la vie […] Quelle est l’importance de la croix sur laquelle Christ a été cloué ? La croix est le symbole éternel d’un sacrifice suprême. Le Christ a donné sa vie si précieuse pour sauver le monde enténébré par l’ignorance […] Représente-toi un instant le cœur du Christ. Comme ce cœur est sublime ! C’est de l’or pur qui luit toujours d’un éclat de compassion, de pardon et de paix. C’est un cœur qui vibre à l’unisson avec le cœur douloureux de l’humanité. Les vagues d’amour qui s’en échappent s’efforcent de soulager, de purifier et d’adoucir le cœur de chaque être. Illimitée, infinie est la vision du Christ. Elle embrasse tous les êtres et toutes les créatures ; elle enveloppe l’univers entier […]

Connaître et atteindre Dieu par le Christ – c’est devenir le Christ lui-même, dans sa vie pure et glorieuse. C’est posséder son cœur plein d’amour infini pour toute l’humanité.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)
 

JÉSUS Jésus devrait être – a été – à coup sûr, un trait d’union entre Israël et les nations. Un trait d’union unit dans la mesure même où il sépare. Juste, sage, prophète : un « fou » parmi les « fous » d’Israël, dans la mesure où toute prophétie vraie confine à la folie qui condamne nos sagesses. « Un Juif central », disait Martin Buber. « La chair de notre chair », reconnaissait en lui Haïm Iosseph Brenner, l’un des fondateurs des Kibboutzim d’Israël. Un juif unique, comme chacun peut le voir. Unique dans son essence et dans son destin. Unique par sa création et par sa présence. Unique par son rayonnement et par la contradiction qu’il a introduite – comme un levain – dans la chair des nations. En cela identique par sa passion, par son calvaire, par sa folle revendication de justice et d’amour – à la clameur de justice et d’amour, au calvaire, à la passion et à la résurrection de son peuple. Un mystère – aiment à enseigner les théologiens chrétiens. Et les théologiens juifs leur répondent par le silence…

André Chouraqui (« Sources Vives » n° 61 , « Jésus est-il vraiment Dieu ? »)
 

JÉSUS Jésus n’est ni le Défenseur de l’Ordre en place ni le leader de l’anarchie. Jésus n’est ni dans la police des mœurs, ni chef de tribunal populaire… Jésus est dans le camp des proscrits de toutes parts… des exclus de l’Est et de l’Ouest, des mal-aimés riches ou pauvres, des parias de droite et de gauche, Centurions et Zélotes, vertueuses et prostituées, Juifs et Samaritains.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

JEU J’avais inventé un jeu qui me plaisait, c’était d’enterrer les pauvres petits oiseaux que nous trouvions morts sous les arbres ; beaucoup d’élèves voulurent m’aider en sorte que notre cimetière devint très joli, planté d’arbres et de fleurs proportionnés à la grandeur de nos petits emplumés.

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

JEÛNE Jésus a été poussé au désert pour être tenté et non pour jeûner. S’il jeûne, c’est pour se préparer à lutter contre le tentateur ; il se prépare ainsi pendant quarante jours. Il est clair que le jeûne n’est pas ici une fin en soi, mais bien la préparation à un combat. En dehors de cette perspective, le jeûne perd son sens. Lorsque Jésus est chez un publicain, il mange. Jésus sait à quelle occasion il faut jeûner et à quelle occasion il faut manger.

Daniel Bourguet (« Sur un Chemin de Spiritualité »)
 

JEÛNE Le jeûne est une violence faite à la nature, l’amputation de ce qui flatte le goût, l’extinction du feu de la luxure, le retranchement des pensées mauvaises, la délivrance des rêves, la pureté de la prière, la lumière de l’âme, la garde de l’intellect, l’affranchissement de l’endurcissement, la porte de la componction, l’humble gémissement, la contrition joyeuse, l’assoupissement de la loquacité, la source de l’hésychia, le gardien de l’obéissance, l’allègement du sommeil, la santé du corps, le protecteur de l’impassibilité, la rémission des péchés, la porte du Paradis et ses délices.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

JEÛNE Toutes les religions connaissent des périodes de jeûne et d’abstinence qui correspondent à une recherche de purification, de silence, d’allégement et aussi d’intériorisation, de rappel de l’essentiel […] S’abstenir de nourriture pesante clarifie l’esprit. Ce n’est pas tant une privation qu’une élévation. Les fidèles qui observent le carême ou le ramadan se préparent à une régénération et à un renouvellement de tout l’être : affirmation d’une foi qui surmonte la finitude.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

JEÛNE

Dans un pays glouton, le jeûne peut avoir un certain impact sur les consciences.

Théodore Monod (« Révérence à la vie »)

JEUNESSE La jeunesse n’est pas nécessairement le temps de l’Espérance. Car l’Espérance est un désespoir surmonté. L’espérance, c’est un défi à l’impossible lorsque tout semble perdu. Mais le monde est acculé à l’espérance par sa jeunesse. L’épouse délaissée par son mari et qui pleure, voyant sa petite fille mettre sa main dans la sienne, retrouve, par la grâce de ce geste, la volonté de survivre…
Notre humanité, délaissée par ses dieux, plaquée par ses idoles, pleure en silence et cache à grands frais sa honte. Sa jeunesse vient mettre sa menotte dans sa main et l’invite à se relever.

La jeunesse n’est pas l’âge de la grande rigolade… elle est surtout la première découverte du tragique de la vie.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)
 

JOIE C'est par la Croix que la joie est venue dans le monde

Liturgie byzantine
 

JOIE Les joies médiocres ne sont jamais le chemin des joies spirituelles. Elles en sont, au contraire, l’obstacle principal.

Arnaud Desjardins (« Les Chemins de la Sagesse »)
 

JOIE […] nous avons été créés pour la joie spirituelle. Et si nous ne savons pas la différence qui existe entre le plaisir et la joie spirituelle, nous n’avons pas encore commencé à vivre.

Thomas Merton (« Semences de Contemplation »)
 

JOIE […] je comprenais qu’au Ciel seulement la joie serait sans nuages…

Thérèse de Lisieux (« Manuscrits Autobiographiques »)
 

JOIE/TRISTESSE Certains d’entre vous disent, « La joie est plus grande que la tristesse » et d’autres disent « Non, la tristesse est plus grande. » Mais je vous dis moi qu’elles se révèlent inséparables. Ensemble elles s’en viennent et quand l’une s’assoit seule à son chevet, rappelez-vous que l’autre est assoupie dans votre lit.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)
 

JOUG Dieu veut vous rendre son joug léger, car l’homme a été créé faible.

Le Coran (Sourate IV, v. 32)
 

JOUR/NUIT Dans le vaste espace entre les étoiles, il fait très noir et très froid. A l’intérieur des étoiles, il fait très chaud. Entre ces domaines inhabitables existe une minuscule région tempérée hospitalière. La vie humaine n’a pu apparaître et se développer que dans cette frange privilégiée où, au rythme de la rotation terrestre, alternent le jour et la nuit… Presque partout ailleurs, il fait toujours nuit.

Hubert Reeves (« Patience dans l’Azur », l’Evolution Cosmique)
 

JUDAS Le jour du suicide de Judas est un terrible jour ! Personne n’a encouragé Judas sur le chemin du repentir ; personne ne lui a annoncé le pardon possible ; personne ne lui a dit la Bonne Nouvelle de la repentance… Seigneur, aie pitié de nous ! […] Tout le monde est impliqué dans la mort du Christ ! […] Sur la croix, le Christ révèle la profondeur de son amour : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » ; le pardon est ici demandé aussi bien pour la foule que pour Judas ; tous ignorent l’énormité de leurs actes.

Daniel Bourguet (« La Repentance, une Bonne Nouvelle »)
 

JUGEMENT Dieu nous juge selon notre être substantiel naturel, qu’il garde toujours en lui, sain et sauf, éternellement. Sa justice parfaite prononce ce jugement. L’homme, lui, juge d’après sa sensibilité ondoyante qui lui fait voir tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, d’après un moi fragmentaire n’appréhendant que des apparences extérieures. Aussi ce jugement est-il confus : parfois bienveillant et ouvert, parfois rigide et sévère.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)
 

JUGEMENT Et si tu voyais péché ou faute évidents, tire de cette épine la rose que tu leur offres devant moi par sainte compassion. Et dans les injures qui pourraient t’être adressées, juge que ma volonté le permet pour éprouver ta vertu et celle de mes autres serviteurs, juge que c’est comme instrument mis par moi qu’il fait cela, en voyant que souvent l’intention était bonne, car il n’est personne qui puisse juger le cœur secret de l’homme […] Et ce jugement et tout autre, laissez-le à moi, car il est mien et non vôtre ; abandonnez donc le jugement qui est mien, et prenez la compassion avec la faim de mon honneur et du salut des âmes, et avec un désir plein d’anxiété annoncez la vertu et reprenez le vice en vous et en eux […]

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)
 

JUGER Juger les autres, c’est ne pas avoir honte d’usurper une prérogative divine ; les condamner, c’est ruiner notre propre âme.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)
 

JUIF (ÉTAT) Le contenu de l’expression « État juif » sera déterminé par le degré d’abstraction qui lui sera donné…de manière à parvenir à ce qui unit véritablement l’ensemble de la société (juive israélienne).Le degré d’abstraction doit être d’un tel niveau qu’il puisse se concilier avec le caractère démocratique de l’État. De fait, si l’État est juif, ce n’est pas au sens halakhique – religieux, mais en tant que tous les Juifs ont droit de venir s’installer en Israël, que leur expérience nationale est celle de l’État ; cela s’exprime entre autres par la langue, les jours de fête et de repos, par le fait que les valeurs fondamentales du judaïsme sont celles de l’État. Je fais allusion aux valeurs d’amour de l’homme, de la sainteté de la vie, de la justice sociale…du respect de la dignité de l’homme… La référence à ces valeurs doit se faire par rapport à leur signification universelle correspondant à la nature démocratique de l’État. C’est pourquoi il ne faut pas confondre les valeurs de l’État d’Israël avec le droit hébraïque. N’oublions pas non plus qu’Israël abrite une minorité non juive.

Ehoud Barak (1992), cité par Michel Abitbol in Cités n° 12/2002
 

JUSTE […] lorsque l’âme croit fermement la Parole de Dieu, elle tient Dieu pour véridique, juste et droit, en quoi elle lui rend le plus grand honneur qu’elle puisse lui rendre, car par là elle lui donne raison, lui rend raison, honore son nom et le laisse agir avec elle comme il l’entend, ne doutant pas qu’il soit juste et véridique en toutes ses paroles. Inversement, on ne peut faire une plus grande offense à Dieu qu’en ne le croyant pas, en quoi l’âme le tient pour un incapable, un menteur sans scrupules et, pour ce qui est d’elle, le renie par cette incroyance, érigeant contre lui au fond du cœur une idole de sa propre opinion, comme si elle en savait plus que lui. Car lorsque Dieu voit qu’une âme le reconnaît dans sa vérité et qu’elle l’honore ainsi par sa foi, il l’honore en retour et la tient aussi pour juste et véridique.

Martin Luther (« De la Liberté du Chrétien »)
 

JUSTE/INJUSTE Mon bon, ce n’est pas parler comme il faut que d’imaginer, comme tu le fais, qu’un homme qui vaut quelque chose, si peu que ce soit, doive, lorsqu’il pose une action, mettre dans la balance ses chances de vie et de mort, au lieu de se demander seulement si l’action qu’il pose est juste ou injuste, s’il se conduit en homme de bien ou comme un méchant.

Socrate (« Apologie de Socrate », Platon)
 

JUSTE/PÉCHEUR […] que le monde le veuille ou non, il me rend gloire. Il est vrai qu’il ne me la rend pas de la façon qu’il devrait. Mais de mon côté Je tire d’eux gloire et louange à mon nom, c’est-à-dire qu’en eux brille ma miséricorde et l’abondance de ma charité, car Je leur laisse le temps, et Je ne demande pas à la terre de les engloutir à cause de leurs faute, au contraire Je les attends, et Je commande à la terre qu’elle leur donne ses fruits, au soleil qu’il les réchauffe, et leur donne sa lumière et sa chaleur, au ciel qu’il se meuve ; et en toutes les choses créées faites pour eux Je leur montre ma miséricorde et ma charité, ne les en privant pas à cause de leurs fautes, et même Je les donne au pécheur comme au juste, parce que le juste qui est apte à supporter, Je le priverai du bien de la terre pour lui donner plus abondamment le bien du ciel.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)