R comme

RACINES Comme un arbre qui s’élève très haut pousse des racines profondes, de même celui qui est pleinement un homme s’enracine profondément dans l’absolu.

Karl Jaspers (« Introduction à la Philosophie »)

RACINES Lorsque l’homme ne plonge plus ses racines en Dieu il devient très vulnérable.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

RACISME On n’a jamais eu, dans ce pays, la moindre idée de ce que nous appelons « racisme ». La notion d’ « étrangers » […] ne comptait que sur le plan linguistique, économique et politique ; et ces « étrangers » n’étaient l’objet d’opposition, d’aversion, de rejet, que dans la mesure où, pour de fortuits et plus ou moins éphémères conflits d’intérêts, ils étaient tenus, hic et nunc, pour « ennemis » […] et combattus comme tels.

Jean Bottéro (« La plus vieille religion – En Mésopotamie »)

RACISME Je pense à cet homme que personne n’avait protégé contre le racisme ambiant, contre ce racisme que chacun propage paisiblement. Un jour, il s’est opposé au mariage de sa fille avec un Africain. Sa fille s’est suicidée, sa femme est devenue folle.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

RADIANCE Il existe une radiance heureuse. Elle se dégage, par exemple, d'une très jeune fille, qui, ne connaissant pas encore la méchanceté du monde, s'avance vers la vie, innocemment, avec insouciance. Le fait de se sentir, intuitivement, remplie d'une vie qui n'est encore présente que par ses seules promesses, lui prête cette radiance.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Homme et sa Double Origine »)

RAISON Il n'est pas du ressort de l'humaine raison de comprendre comment il est possible à une essence d'exister sans recevoir d'être ni d'elle-même ni d'un autre principe.

Jean Chrysostome (« De l'Incompréhensibilité de Dieu »)

RAISON La partie inférieure de l’âme sera comme un homme qui vit près d’un sage et qui profite de ce voisinage : ou bien il lui devient semblable ou bien il le respecte tellement qu’il n’ose rien faire de ce que l’homme de bien ne veut pas qu’il fasse. Il n’y aura donc pas de combat intérieur. Il suffit que soit présente la Raison ; la partie inférieure la respectera, en sorte que, si elle est troublée par quelque chose, c’est elle-même qui s’irritera de ne pas être restée en repos en présence de son maître, et c’est elle-même qui se reprochera sa faiblesse.

Plotin (« Ennéades »)

RAISON/FOI Le rapport entre la foi et la philosophie trouve dans la prédication du Christ crucifié et ressuscité l’écueil contre lequel il peut faire naufrage, mais au-delà duquel il peut se jeter dans l’océan infini de la vérité. Ici se manifeste avec évidence la frontière entre la raison et la foi, mais on voit bien aussi l’espace dans lequel les deux peuvent se rencontrer.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)

RAISON/PASSION Votre âme est souvent comme un champ de bataille où votre raison et votre jugement luttent contre votre passion et votre voracité. Si je le pouvais, je serais celui qui fait la paix dans votre âme, et métamorphose la discorde et l’antagonisme de vos fondements en unité et mélodie. Mais comment le pourrais-je, à moins que vous ne soyez vous aussi les faiseurs de paix, et même les amis de ce qui vous fonde.

Raison et passion sont le gouvernail et les voiles de votre âme errante.

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

RAMADAN La lune de Ramadan dans laquelle le Coran est descendu d’en haut pour servir de direction aux hommes, pour leur en donner une explication claire, et de distinction entre le bien et le mal, est le temps destiné à l’abstinence.

Le Coran (Sourate II, v. 181)

RANCUNE Quand tu vas te présenter devant le Seigneur, que la tunique de ton âme soit tout entière tissée avec le fil de l’absence de rancune. Autrement, tu ne tireras aucun profit de ta prière.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

RAPHAËL Le nom de Raphaël signifie : « Dieu guérit ».

Dom Anselm Grün, o.s.b., « Chacun cherche son ange »

RAPT Cette âme devenue parfaite va donc être l'objet d'un raptus afin de parvenir jusqu'au Père qui va se l'unir étroitement comme une glorieuse épouse. Le Père introduit l'âme dans la chambre nuptiale. Dans le jardin, l'âme sous la conduite du Christ était laborieuse ; dans le cellier sous la direction de l'Esprit Saint elle se dépensait pour le prochain, dans les bonnes mœurs et les vertus ; dans la chambre nuptiale, l'âme se tait, c'est là qu'elle va
pouvoir connaître l'union mystique.

Marie-Magdeleine Davy (« Initiation à la Symbolique Romane »)

RASSASIER Ceux qui ne m’ont pas ne peuvent être rassasiés, même s’ils possédaient le monde entier ; parce que les choses créées sont moindres que l’homme, parce qu’elles sont faites pour l’homme et non l’homme pour elles, et ils ne peuvent être rassasiés par elle. Moi seul, Je peux les rassasier. C’est pourquoi ces malheureux toujours s’essoufflent et jamais ne se rassasient, et ils désirent ce qu’ils ne peuvent avoir, parce qu’ils ne demandent pas à moi qui peux les rassasier.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

RASSEMBLER Votre Seigneur vous rassemblera un jour. Il est sage et savant.

Le Coran (Sourate XV, v. 25)

RÉALITÉ Pour l’homme archaïque, la réalité est fonction de l’imitation d’un archétype céleste […]

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

RÉALITÉ S’il est vrai qu’aucun objet ni aucun phénomène, pas même le moi, n’existe en soi, faut-il en conclure que, finalement, rien n’existe ? Ou la réalité que nous percevons est-elle une simple projection de l’esprit, en dehors de laquelle rien n’existe ? Non. Lorsque nous disons que les choses et les événements n’existent qu’en fonction de leur nature originairement dépendante, qu’ils n’ont pas de réalité, d’existence ou d’identité intrinsèques, nous ne nions pas complètement l’existence des phénomènes. L’ « absence d’identité » des phénomènes indique plutôt la façon dont les choses existent : de manière dépendante et non indépendante. Loin de saper la notion de réalité phénoménale, le concept d’origine dépendante fournit un cadre solide dans lequel situer cause et effet, vérité et fausseté, identité et différence, tort et bienfait. Il est donc absolument faux d’en déduire une quelconque approche nihiliste de la réalité.

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama (« Sagesse ancienne, monde moderne »)

RÉCONCILIER Toi, poussé par ce même feu avec lequel tu nous as créés, tu as voulu trouver le moyen de te réconcilier l’humaine génération qui était tombée dans la grande guerre, afin que de la guerre sortît la grande paix, et tu nous as donné le Verbe ton Fils unique qui s’entremit entre nous et toi. Il fut notre justice qui punit sur lui nos injustices, il fit l’obédience que tu lui imposas, Père éternel, quand tu le revêtis de notre humanité, prenant notre image et nature humaine.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

RECUEILLEMENT A l’immobilité absolue du corps correspond très vite un calme étonnant de l’esprit et du sentiment. C’est un véritable recueillement, au sens propre du mot. Et, à la longue, cette posture se révèle à nous non seulement comme ce qu’il y a de plus reposant, mais encore de plus recréateur : ouvert aux forces mystérieuses de l’Être, on sort de là avec une vitalité nouvelle.

A. & R. Goettmann (« Sagesse et Pratiques du Christianisme »)

RECUEILLEMENT Nous sommes dans un monde qui a exclu la première condition de l’éveil spirituel : le silence, le recueillement. Alors on écoute l’Évangile avec la même oreille que la publicité… « A quoi ça sert ?… »

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

REGARD D’AMOUR Un être sauvage, renfermé, méchant, est transfiguré par un regard d’amour… Il est rendu à lui-même… Désaliéné, libéré, guéri…

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

REJET Une autre forme de mort que nous avons tous à affronter un jour est le rejet […] Quelque chose meurt effectivement en nous lorsque nous découvrons que notre amour reste sans réponse, et que quelqu’un d’autre est préféré à notre place. Et pourtant, même cette mort peut être source de vie nouvelle […] Nous avons l’impression qu’une part de nous-mêmes n’est plus, que nous avons été amputés d’un membre. Le deuil pourtant, lorsqu’il est affronté et accepté intérieurement, rend chacun de nous plus authentiquement vivant qu’auparavant.

Kallistos Ware (« Le Royaume Intérieur »)

RÉJOUIR (SE) Dieu, mes amis, ne demande ni ne désire que l’homme s’afflige à cause de la douleur de son cœur ; il préfère plutôt qu’il se réjouisse et rie en son âme, à

cause de l’amour qu’il éprouve pour lui.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

RELATION En réfléchissant sur sa condition, l’homme biblique a découvert qu’il ne pouvait pas se comprendre sinon comme un « être en relation » : avec lui-même, avec le peuple, avec le monde et avec Dieu.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)

RELATION HUMAINE Une véritable relation humaine n’est possible que par cette reconnaissance de l’altérité où chacun accepte d’être étonné, dépaysé, remis en cause.

Jacqueline Kelen (« La Faim de l’Âme »)

RELATIVISME A chacun de mes voyages en Inde, j’ai été frappé du fait que les Indiens, même très religieux, tenaient beaucoup à paraître occidentaux, de culture anglaise ou américaine, alors que les Occidentaux familiers de l’Inde avaient tendance à se déguiser en costume de Gandhi ou de pandit Nehru. [...] L’impression (comique) qui en ressortait était bien celle d’une certaine liberté de choix. A Jérusalem au contraire, chaque confession affirme fortement son identité. Les cloches catholiques de l’église Sainte-Anne sonnent plus fort que les haut-parleurs de la mosquée El Aqsa ; les plus discrets peut-être sont les Juifs parce que les plus nombreux, et les Arméniens. Ici pas question de choisir ; chacun affirme de façon paranoïaque son identité, et la religion est un élément essentiel de cette identité. Le fait que la religion puisse se présenter comme un choix de l’homme libre exclut ce choix fanatique ; la question se pose alors de savoir s’il ne reste qu’un choix dilettante au sein d’un relativisme généralisé. Il est quand même peu vraisemblable de pouvoir transformer les contenus religieux en vérités aléatoires.

Jean-Louis Vieillard-Baron (« Quel avenir pour le christianisme dans la démocratie moderne ?), in Cités n° 12/2002

RELIGION L'expérience de l'Être est l'étoile autour de laquelle gravite la vie spirituelle de toutes les religions.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Homme et sa Double Origine »)

RELIGION En fait la religion devrait marquer chacune de nos actions. Il ne faut voir là aucun sectarisme, mais la croyance que l’univers est gouverné par des règles morales. Qu’on ne puisse pas le voir de ses yeux n’enlève rien à leur réalité. Cette religion-là transcende l’hindouisme, l’islam, le christianisme, etc. Elle ne les remplace pas. Elle les harmonise et leur confère la réalité qui les caractérise. Les religions présentent des routes différentes qui convergent au même point […] Si un homme parvient au cœur de sa propre religion, il se trouve, de ce fait, au cœur même des autres religions […] De même qu’un arbre a un seul tronc mais de nombreuses branches et feuilles, de même il n’y a qu’une seule Religion vraie et parfaite, mais elle se diversifie en de nombreux rameaux par l’intervention des hommes. La Religion unique est au-delà de toute parole […] Une connaissance approfondie des religions permet d’abattre les barrières qui les séparent.

Mahatma Gandhi (« Tous les hommes sont frères »)

RELIGION En fait, je crois que si l’on considère les grandes religions d’un point de vue global, on se rend compte que toutes – bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam, judaïsme, sikhisme, zoroastrisme, etc., - cherchent à aider les hommes à trouver un bonheur durable. Chacune d’elles, me semble-t-il, peut y contribuer. Dans ces circonstances, une pluralité de religions – qui, finalement, défendent toutes les mêmes valeurs fondamentales – me paraît à la fois souhaitable et utile.

Tenzin Gyatso (XIVe dalaï-lama), « Sagesse ancienne, monde moderne »

RELIGION

Historiquement, l’essentiel des grands codes moraux de l’humanité se voit formulé de très bonne heure. En gros, avec les VIIe-VIe siècles avant J.-C., donc avec un âge moyen de 2500 ans, on assiste à une floraison extraordinaire sans doute mais – et qui s’en étonnerait ? – aussi convergente que des sentiers gravissant, chacun de son côté, une même montagne : et voici s’élevant coup sur coup comme les pièces successives d’un feu d’artifice éclatant en plein ciel : les Upanishads, Zarathoustra, le Tao de Lao Tseu, les prophètes préexiliques d’Israël, une religion de la non-violence (le jaïnisme de Mahavira), et le Sermon de Bénarès : celui sur la Montagne n’est que de cinq siècles plus jeune mais vieux déjà pour nous de quelque 1 960 ans. En fait, depuis vingt siècles, les plus hautes expressions d’un idéal moral se trouvent déjà formulées et « théoriquement » connues : il ne reste
« qu’à » les appliquer et à les traduire en actes.

Théodore Monod (« Et si l’Aventure Humaine Devait Échouer »)

RELIGION La vraie religion est une religion d’amour, basée sur une connaissance et une perception nettes de l’unité de toute vie et de ses expressions variées. Le but spirituel est la prise de conscience de notre immortalité. Ici l’amour travaille avec une vision si vaste qu’il détruit toutes les barrières de caste, de croyance et de couleur. Il contemple le Bien-Aimé éternel de son cœur, qui est venu se manifester dans tous les êtres et toutes les créatures. Cet amour refuse de se laisser imposer des bornes ; il coule avec une force si irrésistible qu’il détruit toutes les frontières […]

La religion est, dans son sens réel, aussi vaste que le paradis qui accorde le refuge à tous sans distinction. Aussi accessible à tous que l’air qui remplit tout l’espace ; aussi équitable dans ses faveurs que la lumière du soleil. Tu ne peux pas enfermer la religion entre les murs étroits d’une secte et d’une société. Être adepte de la vraie religion signifie donc être totalement libre des limitations paralysantes, libre de tendre la main à un hindou, à un chrétien, un musulman, un parsi, un bouddhiste, un jaïn ou un juif avec le même amour.

Swâmi Râmdas (« Présence de Râm »)

RELIGION La religion, monopolisée et canalisée par le Christianisme, mise à la porte des usines, des bureaux et de toutes les institutions dans la société séculière hyper-rationalisée, rentre par la fenêtre sous les formes les plus étranges.

On nous dit que les jeunes se détournent de la religion. C’est une calomnie. Ils se détournent de ses contrefaçons : l’ennui, le volontarisme, la charité contrainte, la culpabilité, le moralisme étriqué… Ils ne veulent pas lire la Bible avec des lunettes noires… Quand comprendrons-nous cela ?

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

RELIGION La place de la religion dans les sociétés contemporaines est éminemment complexe. Selon les cas, on peut parler d’un affaiblissement des croyances, des rites et des institutions religieuses qui ne fournissent plus le cadre dans lequel s’inscrivent les manières de vivre, d’agir et de penser (Europe occidentale) ; d’un retour du religieux, comme d’un refoulé qui revient à la surface pour servir de pivot à la redéfinition de certaines identités communautaires ou nationales (Europe centrale et orientale) ; d’une emprise du religieux sur le politique de sorte que l’identité nationale, l’attachement à une terre, le retour sur cette terre et certaines caractéristiques de l’État en dépendent (Proche-Orient et Israël en particulier) ; enfin d’un réveil cauchemardesque de la guerre sainte dans l’intégrisme islamique qui règne dans certains pays par le despotisme et la terreur et cherche à ébranler l’ordre du monde, comme on l’a vu le 11 septembre 2001.

Yves Charles Zarka (« La démocratie et le besoin indifférencié de religion ») in Cités n°12/2002 (éditorial)

RELIQUES Le quatrième degré – l’amour parfait pour Dieu – c’est d’avoir la grâce du Saint-Esprit dans l’âme et dans le corps. Même le corps d’un tel homme est sanctifié, et après sa mort il se transformera en reliques. C’est à ce degré que sont parvenus les grands Saints, les Martyrs, les Prophètes et les saints Ascètes.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

REMERCIER Dieu donne beaucoup à celui qui sait le remercier des moindres choses qu’il reçoit journellement.

Dietrich Bonhoeffer (« De la Vie Communautaire »)

REMORDS Et comment punirez-vous ceux dont le remords s’avère déjà plus grand que leurs fautes ? Le remords ne représente-t-il pas la justice immanente de cette même loi que vous feignez de servir ?

Khalil Gibran (« Le Prophète »)

RENCONTRE Je sais que toute rencontre est une aventure, un risque.
Alors je me méfie, je te juge, je te toise…, je t’affronte.
Mérites-tu la confiance que j’aimerais te faire ?
Je te mets à l’épreuve… Je t’éclabousse de plaisanteries.
Et en même temps j’ai si peur que tu me juges…
Les pailles dans mes yeux t’empêcheraient de voir mes yeux ! ]
Rien n’est plus triste que de donner de soi une image si pauvre ! ]
Un vitrail peut n’être qu’une surface grise et sale…
vu du dehors…
Alors qu’à l’intérieur il éclate en mille feux !
Comment oser te parler de mes paysages intérieurs ?
Si tu t’y promenais avec de gros sabots…
écrasant des fleurs qui naissent à peine !…

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

RENONCEMENT Si le renoncement noétique s'opère progressivement, la négation conduit à la rencontre divinisatrice, car l'avènement de la mystique dans l'âme tue le travail dialectique sur les concepts.

Dom André Gozier, o.s.b. (introduction à Pseudo-Denys l'Aréopagite, « La Théologie Mystique, Lettres »)

REPENTIR La culpabilité est de l'ordre du refoulement, le repentir est un élan.

Rachel Goettmann (« Le Chemin » n° 50)

REPENTIR […] l’éther oppose la résistance subtile et équilibrée de sa nature ; de même, le repentir limite le châtiment du pécheur. Cette zone a l’épaisseur des deux strates ignées supérieures : c’est afin que l’homme qui se repent médite dans le feu lumineux sur la chute du premier ange, qui était un ange de lumière, tout en réfléchissant dans l’épaisseur du feu noir sur la chute des hommes qui pèchent de par leur incroyance et de par leur témérité.

Hildegarde de Bingen (« Le Livre des Œuvres Divines »)

REPENTIR Le repentir est un amour qui en remplace un autre.

Amba Shenouda III (« Le Chemin » n° 47)

REPENTIR Dieu attend avec miséricorde notre repentir. Et tout le Ciel, tous les Saints attendent aussi ce repentir.

Starets Silouane (« Ecrits Spirituels »)

REPOS Dieu se repose sans être fatigué. Son repos est créatif.

Dom Anselm Grün, o.s.b. (« Invitation à la Sérénité du Cœur »)

REPOS Si nous voulons aimer et posséder l’Incréé, il nous faut être détaché de tout le créé. Voilà pourquoi nous sommes, de cœur et d’âme, mal à l’aise. Nous cherchons à nous reposer dans des choses infimes, qui ne peuvent nous donner aucun repos. Nous ne parvenons pas à connaître notre Dieu, qui est tout-puissant, tout-sage, tout-bon. Il est le vrai Repos.

Julienne de Norwich (« Le Livre des Révélations »)

REPOS DIVIN Elève chaque pensée et chaque émotion vers la demeure suprême de la lumière, de la paix et de la puissance. Entre dans le profond royaume du silence total et du repos divin ; deviens, par une complète consécration, un avec Lui.

Swâmi Râmdâs (« Présence de Râm »)

REPOS/ACTIVITÉ Ainsi tu réprouveras les deux sortes d’hommes, ceux qui se privent toujours de repos comme ceux qui se reposent toujours. Car lorsqu’on se réjouit dans l’alarme, ce n’est pas de l’activité mais le va-et-vient d’une intelligence traquée, et ce n’est pas du repos quand on juge que tout mouvement est un poids, mais du relâchement et de la langueur.

Sénèque (Lettre III à Lucilius)

REPRÉSENTATION Toute représentation étant image obscurcit précisément ce qu’il s’agit d’indiquer au-delà d’elle. C’est pourquoi Dieu est le plus décidément présent lorsqu’il n’y a aucune image. Telle est l’exigence de l’Ancien Testament, et elle correspond bien à la vérité.

Karl Jaspers (« Introduction à la Philosophie »)

RESPECTER Ainsi, respecter la personne, ce pourrait être, par exemple, commander sans se faire servir, convaincre sans manipuler, reprocher sans culpabiliser. On y saurait sévir sans humilier, aider sans assister, stimuler sans stresser. On serait sincère sans manquer de tact, et poli sans être hypocrite. On y verrait objecter sans mépris, complimenter sans faire sa cour, et tolérer sans être indifférent.

Louis Sahuc (« La Grâce d’Ecouter »)

RESPIRATION La respiration est le grand mouvement de la Vie, non seulement de sa naissance mais encore de sa métamorphose continuelle en nous. En devenir conscients dans la prière, qui allie le Verbe au Souffle, fait de notre manière de respirer un chemin de transparence au Mystère. L’écoute intérieure et consciente de la respiration non volontaire conduit peu à peu au calme du corps et de l’âme, à une déconnexion de l’ego avec toutes ses tensions. On peut expérimenter alors, à la fin de l’expiration, ce moment mystérieux d’un Silence abyssal, étrange mais bientôt familier. Il faut goûter cet instant furtif qui se prolonge à mesure qu’on s’y abandonne ; il va progressivement se révéler comme une Présence, c’est Quelqu’un. Et ce silence se fait source au fond de moi quand il m’insuffle l’inspiration. Celle-ci s’exprime en moi, me structure et me donne forme : c’est le Verbe qui devient chair en moi, ma filiation unie à la Sienne.

A. & R. Goettmann (« Sagesse et Pratiques du Christianisme »)

RESSEMBLANCE Toute la vie de l'homme tend vers le recouvrement de la ressemblance. Or, pour les auteurs du XIIe siècle, l'image est inamissible, la ressemblance perdue par le péché peut se reconquérir.

Marie-Magdeleine Davy (« Initiation à la Symbolique Romane »)

RESSEMBLANCE Essentiellement « passage », l’homme réalise sa ressemblance avec le divin ou avec le démoniaque, ce qui entraîne des répercussions cosmiques.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

RESSENTIMENT Celui qui a apaisé la colère a éteint le ressentiment ; car des enfants ne peuvent naître que si leur père est vivant […] Le ressentiment est un exégète de l’Ecriture qui interprète les paroles de l’Esprit selon son propre sens. Qu’il soit confondu par la prière de Jésus, que nous ne pouvons dire avec lui quand nous sommes pleins de rancune […] Le souvenir des souffrances de Jésus guérit l’âme du ressentiment, par l’extrême confusion où la met l’exemple de sa mansuétude.

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

RESSUSCITÉ Sur les décombres des dieux morts, le visage du Ressuscité rayonnait de jeunesse et de vie.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

RÉSURRECTION La résurrection est universelle (Jn 5, 28), mais c’est la réceptivité qui diffère : les uns l’attendent avec joie, les autres la redoutent et résistent. L’âme retrouve son corps […] On peut seulement dire que le corps ressuscité s’épanouira dans sa propre plénitude et restera parfaitement identique à lui-même. S. Grégoire de Nysse parle du sceau, de la frappe qui se rapporte à la forme du corps et qui permettra de reconnaître le visage connu. Le corps sera semblable au corps du Christ ressuscité : plus de pesanteur et d’impénétrabilité. L’ascèse, déjà dans cette vie, fait passer graduellement à l’état de pré-résurrection.

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

RÉSURRECTION Avant la mort se produit une mort et avant la résurrection des corps une résurrection des âmes en œuvre, en puissance, en expérience et en vérité. Lorsque la sagesse mortelle s’efface devant l’intelligence immortelle et que la mortalité est chassée par la vie, l’âme, comme si elle se levait d’entre les morts, se voit et se reconnaît, comme se voient les dormeurs qui se lèvent du sommeil ; elle reconnaît Dieu qui l’a ressuscitée : en le contemplant et le remerciant, elle s’élève hors des sens et du monde entier, remplie d’une volupté ineffable, et elle immobilise en lui toute son activité intellectuelle.

Syméon le Nouveau Théologien (« Chapitres Théol., Gnostiques et Pratiques »)

RÉUNIFICATION INTÉRIEURE

La connaissance vivante et intégrale du réel et de Dieu suppose la réunification intérieure de l’homme ; celle-ci ne peut s’accomplir que par une effusion spéciale de l'Esprit saint, libre et gratuite, mais à laquelle il est normalement indispensable de se préparer par l’ascèse corporelle et la garde des pensées, dans le repentir et la componction. Avec les yeux illuminés du cœur, l’homme pourra alors, non certes connaître l’essence divine elle-même, mais percevoir à travers le rayonnement de ses énergies incréées la présence intime de la Trinité sainte, qui le pénètre de joie et de paix, en le laissant en même temps frémissant et comme saisi de vertige devant l’Abîme qu’il entrevoit sans pouvoir le sonder.

Placide Deseille (notes à « L’Echelle Sainte », Jean Climaque)

RÊVE Un rêve dit la vérité parce que rêver c'est une conscience dans laquelle le gendarme qu'est le petit moi s'endort.

Karlfried Graf Dürckheim (« L'Esprit Guide »)

RÉVÉLATION CHRÉTIENNE

La Révélation chrétienne est la vraie étoile sur laquelle s’oriente l’homme qui avance parmi les conditionnements de la mentalité immanentiste et les impasses d’une logique technocratique ; elle est l’ultime possibilité offerte par Dieu pour retrouver en plénitude le projet originel d’amour commencé à la création. A l’homme qui désire connaître le vrai, s’il est encore capable de regarder au-delà de lui-même et de lever son regard au-delà de ses projets, est donnée la possibilité de retrouver un rapport authentique avec sa vie, en suivant la voie de la vérité.

Jean-Paul II (Lettre encyclique « Fides et ratio »)

RÉVOLTER (SE) […] dès que l’homme se fut révolté contre moi, il se révolta contre lui-même.

Catherine de Sienne (« Le Dialogue »)

RÉVOLUTION SPIRITUELLE

Qu’ils nous viennent du dehors, comme les guerres, la violence et le crime, ou qu’ils se manifestent au-dedans de nous sous forme de souffrance psychologique et affective, nos problèmes resteront sans solution aussi longtemps que nous continuerons d’ignorer notre dimension intérieure. C’est cette ignorance qui explique qu’aucun des grands idéaux mis en œuvre depuis plus de cent ans – démocratie, libéralisme, socialisme – n’ait réussi à apporter les avantages universels qu’ils étaient censés procurer. A n’en pas douter, une révolution s’impose. Mais pas une révolution politique, économique ou même technique. Ce siècle en a assez connu pour que nous sachions désormais qu’une approche purement extérieure ne saurait suffire. Ce que je propose, c’est une révolution spirituelle.

Tenzin Gyatso (XIVe dalaï-lama), « Sagesse ancienne, monde moderne »

RICHES Les plus riches sont souvent les plus tristes.

Stan Rougier (« L’avenir est à la tendresse »)

RICHES/PAUVRES En réalité, si l’on compare les riches aux pauvres, il semble souvent que ceux qui ne possèdent rien soient aussi les moins angoissés, malgré les difficultés et les souffrances physiques qu’ils peuvent avoir à endurer. Quant aux nantis, s’il s’en trouve qui font bon usage de leur argent – en partageant avec ceux qui sont dans le besoin plutôt qu’en vivant dans le luxe -, ce n’est pas le cas de la majorité d’entre eux. Beaucoup sont tellement absorbés par l’idée de posséder toujours plus qu’il ne reste dans leur vie aucune place pour quoi que ce soit d’autre […] Ils sont la proie de souffrances mentales et émotionnelles, quand bien même ils donnent l’impression de mener une vie parfaitement réussie. La preuve en est l’angoisse, le mécontentement et la frustration, l’incertitude, le doute et la dépression si fréquents dans les pays matériellement développés. Il existe en outre un lien évident entre cette souffrance intérieure et la confusion croissante face à la morale et aux formes de comportement qu’il convient d’adopter.

Tenzin Gyatso (XIVe dalaï-lama), « Sagesse ancienne, monde moderne »

RICHES/PAUVRES Le monde ressemble à une projection, à l’échelle planétaire, de l’Afrique du Sud à l’époque du sinistre apartheid : une minorité privilégiée vivant dans les « beaux quartiers » de la planète, face à une majorité exclue et qui réagit, parfois violemment. Ainsi, un cinquième de la population mondiale contrôle plus de 80% des ressources du monde. Ces 20 % de riches qui profitent de la mondialisation consomment 45 % de toute la viande et tous les produits de la mer, 68 % de l’électricité, 84 % du papier et 87 % des automobiles. Jamais le monde n’a produit autant de richesses que depuis les vingt dernières années, mais jamais le fossé entre riches et pauvres ne fut aussi grand.

Jean-Thierry Verhelst (« Le Chemin » n° 57)

RIDE Avec les années qui passent et le vieillissement qui progresse, cette permanence au cœur même de l'éphémère fait rayonner chez la personne aimée l'éternité de son visage à travers les rides du temps qui l'emporte.

Alphonse Goettmann (« Le Chemin » n° 50)

RITUEL Un rituel quelconque […] se développe non seulement dans un espace consacré, c’est-à-dire essentiellement distinct de l’espace profane, mais encore dans un « temps sacré », « en ce temps-là » (in illo tempore, ab origine), c’est-à-dire lorsque le rituel a été accompli pour la première fois par un dieu, un ancêtre ou un héros.

Mircea Eliade (« Le mythe de l’éternel retour »)

ROYAUME Ne dis pas que tu amasses pour les pauvres ; en effet, deux petites pièces ont suffi pour acheter le Royaume (Lc 21, 2).

Jean Climaque (« L’Echelle Sainte »)

ROYAUME Le Royaume est l’épanouissement du germe paradisiaque arrêté dans sa croissance par la pathologie de la chute que le Christ vient guérir (l’image de la guérison est la plus fréquente dans l’Évangile ; elle est normative : la résurrection est la guérison de la mort).

Paul Evdokimov (« La Femme et le Salut du Monde »)

ROYAUME DES CIEUX

Le Royaume des Cieux est l'impassibilité de l'âme, accompagnée de la science vraie des êtres.

Evagre Le Pontique (« La Pratique et la Gnose »)